Depuis que je pratique la course à pied régulièrement, je participe tous les ans aux Foulées de l'amitié à Chelles le 1er mai (6 éditions depuis 2015 puisqu'il n'y en a pas eu en 2020 et 2021). Je n'ai donc jamais eu l'occasion de courir le Marathon de Sénart désormais remplacé par un 10km et un semi-marathon. Cette année, afin qu'il n'y ait pas deux semi-marathons le même jour en Seine-et-Marne (alors qu'il y en a très peu sur notre territoire, même sur une année complète), l'organisation des Foulées de l'amitié a décidé de changer la date de sa course (le 11 juin prochain). Je ne serai d'ailleurs malheureusement pas disponible pour la faire... mais je la conseille !
Du coup, n'ayant ni tournoi de Badminton, ni course à pied en ce dernier week-end d'avril, je décide tardivement de m'inscrire au semi-marathon de Grand Paris Sud pour le lundi 1er mai ! Je l'aborde sans la moindre préparation (je commence à m'entraîner pour du 800 mètres ces temps-ci !) ni le moindre objectif même si j'aimerais bien améliorer mon RP sur la distance si je suis en forme (passer sous les 1h27 voire moins de 1h25). Les amis du club qui ont fait le semi-marathon de Paris en mars m'ont donné envie de voir ce que je vaux sur 21,1 kilomètres bien que ce soit un effort que je n'aime pas trop.
Le week-end dernier en tournoi de Badminton a laissé quelques traces donc j'ai mis quelques jours avant de retrouver la forme mais je me sens plutôt bien en ce moment. Tellement bien que je fais 4 séances sur piste la semaine qui précède l'épreuve, une grande première pour moi. Avec deux belles séances de spé 800 jeudi et samedi, histoire de charger un peu les jambes... sans parler de la chouette sortie vélo du dimanche, veille de course... Oui, c'est une belle erreur dans l'optique d'une recherche de performance pour le lundi mais je privilégie toujours le plaisir alors tant pis. 85 kilomètres et quelques bosses qui me chargent les cuisses. Le dimanche soir, je le sais, je n'aurai pas les jambes demain !
Lundi matin, le réveil sonne de bonne heure, je me réveille musculairement en allant en vélo jusqu'à chez Saïd qui m'emmène à Lieusaint. Un covoiturage bienvenu puisque nous participons tous les deux au semi-marathon avec un potentiel objectif chronométrique semblable, en plus. Nous arrivons sur place bien en avance, l'occasion de récupérer tranquillement nos dossards. Le 1051 pour moi. Nous avons tous les deux un dossard nous permettant d'accéder au SAS préférentiel, le deuxième SAS derrière les "élites". Nous nous mettons en tenue en gardant une épaisseur de plus car il fait encore un peu frais mais il fait beau ce matin, des conditions idéales, presque un peu trop doux pour moi, même.
Tout en papotant, nous faisons un peu plus de 5 kilomètres aux alentours de l'aire de départ de la course pour nous échauffer tranquillement. Les jambes sont lourdes, ça promet ! On croise Antoine qui va courir le 10km puis on assiste au départ de cette course qui part 15 minutes avant la nôtre. Il est maintenant temps de rejoindre notre SAS où on retrouve Eddie, un troisième coureur du club qui vient chercher la qualification pour les Championnats de France de Semi-Marathon dans sa catégorie d'âge, accompagné par son fils. Je salue aussi Thomas qui a de belles ambitions aujourd'hui et on croise pas mal de têtes connues, mine de rien.
Comme il fait vraiment bon, je pars en short et maillot du club et le parcours étant totalement bitumé, je chausse mes Brooks Ricochet qui sont en fin de vie par contre. Il va me falloir investir dans une nouvelle paire de chaussures de route parce qu'elles ont fait pas mal de kilomètres celles-là et je sens que l'amorti n'est plus optimal. La course risque d'être longue aujourd'hui d'ailleurs pour mon corps qui n'a pas l'habitude d'une telle distance sur un sol si peu souple.
La course
Du départ au kilomètre 10
Avec Saïd, on est parti sur un objectif ambitieux de courir à 15km/h, une allure de 4'00/km et de voir si ça tient tout le long voire même si on a la capacité d'accélérer sur les derniers kilomètres. C'est un rythme qui me convient bien, que je pense être capable de tenir sur semi-marathon si je suis en bonne forme. Clairement, aujourd'hui, ce serait miraculeux que j'y parvienne vu que je commence la course déjà fatigué... mais ça se tente !
Une fois n'est pas coutume, je me cale donc sur cette allure dès le début de course, surveillant régulièrement ma montre pour voir si je suis dans le bon tempo et regardant à chaque kilomètre si je m'y tiens. Je ne fais jamais ça, j'aime trop courir aux sensations. Mais j'y arrive plutôt bien, pour le coup.
Sur les premières centaines de mètres, je regarde souvent derrière moi pour voir si Saïd me suit. Nous sommes tous les deux dans un paquet de coureurs qui part à l'allure ciblée, c'est parfait. Cependant, je sens rapidement que certains ne sont pas très réguliers ou ralentissent très légèrement donc je décide de relancer un peu pour ne pas m'endormir. Je dépasse un groupe, le distance un peu et j'essaie de revenir très progressivement sur le groupe de devant qui semble aller au bon rythme mais qui est déjà un peu trop loin. Je ne me grille pas, je garde la même vitesse mais je ne me mets pas à l'abri derrière des coureurs donc je me doute bien que ce n'est pas la meilleure stratégie pour tenir 21 kilomètres vu mon état de forme mais tant pis.
Saïd ne m'a pas suivi alors que je passe chaque kilomètre pile poil dans les temps, en maintenant parfaitement l'allure. Premier kilomètre en 3'58, deuxième en 4'02, les trois suivants quasiment en 4'00 pile poil, je passe le cinquième kilomètre en 20'01 ou 20'02, je n'ai jamais été aussi régulier et précis. Les panneaux indiquant les kilomètres sont parfaitement cohérents avec le kilométrage que me donne ma montre, tout est impeccable. Sauf que je sens que je suis incapable d'aller plus vite, ce qui n'est pas normal après seulement 5 kilomètres à 15km/h, je devrais avoir pas mal de réserve !
Un tout petit coup de moins bien et je me fais reprendre par quelques concurrents, un groupe de 2-3 coureurs très réguliers suivis par l'actuelle troisième féminine de la course. Quand ils me reprennent, ça me relance bien et j'essaie de garder le rythme aux côtés de la fille. Non pas que je veuille rester devant elle mais c'est un bon repère pour moi et une petite motivation que d'essayer de rester régulier et d'être éventuellement moi aussi un bon point de repère. 4'02 - 3'59 - 4'01 - 3'59, je suis encore parfaitement dans l'allure au kilomètre 10 et plutôt à l'aise.
Sauf qu'en réalité, le corps ne fait que suivre ce que ma tête lui demande. 15km/h, c'est une allure que je maîtrise plutôt pas mal, j'ai l'habitude de courir 10 kilomètres plus vite que ça donc ça ne me demande pas un effort surhumain, c'est le tenir qui risque d'être compliqué. Et sans que ce soit vraiment conscient, je vais me l'interdire, je vais m'empêcher d'essayer. Lorsque je franchis le dixième kilomètre, en ayant légèrement commencé à ralentir (4'05, passage en 40'11 au kilomètre 10), j'abandonne immédiatement l'idée de continuer à cette vitesse. Ma course est "terminée". Je passe en mode footing rapide, 11 kilomètres de souffrance à venir pour aller chercher la ligne d'arrivée.
Du kilomètre 10 à l'arrivée
Eh oui, dans ce contexte, vue ma fatigue et ma chute de motivation, ralentir ne me soulage pas du tout. Courir devient pénible, le parcours devient tout de suite moins agréable alors qu'il est idéal pour un chrono et globalement bien sympa mais il ne me correspond pas du tout. Quand j'aime les relances, les variations de terrain et d'allure... je viens de faire 10 kilomètres archi réguliers sur du bitume avec de longues lignes droites, l'horreur.
En plus, les "difficultés" (très relatives mais quand même quelques ponts) du parcours sont condensées sur la deuxième partie de course, ce qui me décourage encore plus car ça casse le rythme et les pattes. Pour autant, ce ne sont que de beaux faux-plats montants, pas très nombreux. Mais ça fait mal, quand même.
La course devient donc un calvaire physiquement, je suis cuit. Fatigué, j'ai chaud, je n'ai qu'une seule envie, en finir. Mais il n'est évidemment pas question d'abandonner du coup, même si j'adorerais m'arrêter pour marcher ou m'asseoir ou même m'allonger ! Mais non, il faut aller au bout et en courant, même si ça doit être lent ! Et je vais réussir cet objectif en ne faisant aucun kilomètre en plus de 5 minutes donc je conserve une allure en permanence au-dessus de 12km/h.
L'allure chute progressivement, 11ème kilomètre en 4'15 puis trois kilomètres en 4'25 pendant lesquels je me fais doubler par pleins de petits groupes dont celui de Saïd. J'essaie d'accrocher quelques secondes et je renonce à chaque fois. J'en suis physiquement capable mais ma tête ne veut plus, je ne veux pas me faire mal, je n'ai pas envie de souffrir aujourd'hui, il y a bien d'autres épreuves à venir, celle-ci ne représente qu'une belle sortie longue, à vrai dire.
Et hop, le beau pont juste avant le passage au kilomètre 15 qui me mine complètement, ça monte bien là pour le coup et je n'avance plus... J'ai hâte de basculer de l'autre côté mais je relance à peine, c'est chaotique. Je me retrouve entre 4'45 et 5'00/km pendant 5 kilomètres. Et en plus, comme je ralentis, je souffre un peu plus physiquement et j'ai davantage le temps d'y penser. Au fil des kilomètres, je ressens une petite gêne au niveau du tendon d'achille gauche, un peu les genoux aussi mais pas grand chose alors que j'ai eu peur en étant gêné au genou droit dès le premier kilomètre.
En plus des jambes, je commence aussi à ressentir une irritation près de l'aisselle droite, le frottement désagréable du maillot du club sur mon bras. Habituellement, je porte un tee-shirt par-dessous qui m'évite les brûlures ou bien je ne porte le maillot du club seul que sur courtes distances, maximum 10 kilomètres. Aujourd'hui, je souhaitais le porter car c'est en plus le Championnat de Seine-et-Marne de Semi-Marathon (auquel j'ai participé à la même date à Chelles l'an passé) et il fait trop chaud pour que je porte un tee-shirt supplémentaire.
Bon, là, dans la tête, c'est dur. Et ce malgré les encouragements très agréables des bénévoles ou spectateurs au bord de la route, dont Eddy (merci à lui pour la photo) d'ailleurs ! Alors que j'ai complètement zappé le premier ravitaillement et que j'ai à peine pu boire trois gouttes du gobelet chopé au deuxième ravito (qui m'a plutôt servi à m'arroser), je prends le temps de m'arrêter au troisième pour manger un bout d'orange et boire un bon verre d'eau.
La relance est difficile mais pour le moral, ça fait du bien. Plus que de voir revenir et passer le meneur d'allure en 1h30, auquel j'aurais pu m'accrocher pour faire un chrono potable mais non, je le laisse partir sans regrets, je n'ai vraiment pas envie de me mettre minable aujourd'hui. En revanche, les trois enfants avec leurs cartons où sont dessinés des personnages de Mario avec la carapace qu'il faut taper pour avoir un boost de vitesse... ça, ça motive bien et bizarrement, ça fonctionne super bien... sur quelques mètres !
Pour autant, je réussis à relancer un peu la machine sur les deux derniers kilomètres, au mental... C'est la toute fin de course, les derniers efforts, j'accroche un peu plus facilement les concurrents qui me rattrapent, je fais même le yo-yo avec certains, ça fait du bien. Le 20ème kilomètre est plus rapide que les 5 précédents, le 21ème encore un peu plus rapide (4'25) et une belle dernière ligne droite avec une bonne foulée, à 3'30/km pour bien finir sans chercher à sprinter malgré tout. Je me fais même griller sur la ligne par un coureur que j'avais dépassé il y a peu, ce qui est normalement ma spécialité mais ça ne me fait pas grand chose aujourd'hui.
Je termine 100ème, tout pile, sur 956 arrivants, en 1 heure 31 minutes et 24 secondes. Le chrono reste correct vues mes sensations aujourd'hui, loin de mon RP et du temps que je pourrais viser au top de ma forme mais c'est anecdotique. Je suis bien cuit quand même.
Bien que très limité en choix, le ravitaillement d'arrivée fait beaucoup de bien après ce gros effort. De l'orange, de la banane et de l'eau. Rien d'autre même si ça me convient bien. On récupère également un brin de muguet et des macarons produits localement, en remplacement de la médaille de finisher initialement prévue mais qui n'a pas pu être livrée à temps.
On souffle, on revient sur nos courses respectives avec Saïd qui finit en moins de 1h28 malgré un craquage au 15ème kilomètre. Et il est maintenant temps de rentrer pour récupérer. Le corps a bien travaillé sur ce long week-end.