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Mes expériences sportives

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Courses à pied, tournois de Badminton & récits en tous genres


Le Raid 28, « une belle aventure humaine » Patrick Pilorget

Publié par David Gueudet sur 7 Janvier 2018, 19:03pm

Catégories : #Interviews

Les 27 et 28 janvier 2018 va se dérouler le 25ème week-end du Raid28, une épreuve à laquelle je vais personnellement participer pour la première fois cette année, en prenant part au Bures28. A trois semaines de l'événement, j'ai eu l'occasion de poser mes questions à Patrick Pilorget, organisateur de la manifestation au sein de L'Equipe Turoom. L'occasion d'en savoir un peu plus sur cette course atypique qui devrait encore connaître une belle réussite cette année. Rendez-vous à Chartres, Dourdan ou Bures-sur-Yvette pour l'une des épreuves du Raid28 !

Le Raid 28, « une belle aventure humaine » Patrick Pilorget

« Une épreuve incontournable du calendrier sportif. »

Pourrais-tu tout d'abord expliquer comment est née cette course au slogan assez intrigant : « la troisième dimension de la course à pied » ?

« L'Equipe Turoom préparait le Raid Gauloises en 1993 et l'un de ses trajets d'entraînement était d'aller de Bures-sur-Yvette (dans l'Essonne (91), là où nous habitons) jusqu'à Chartres (en Eure-et-Loire(28)) par les chemins, en partant la nuit vers 3h00 pour arriver à Chartres pour le déjeuner, en autosuffisance et en traçant notre progression à la carte et à la boussole. Nous avons appelé cela "Le Raid 28" et nous l'avons partagé avec des amis dans des équipes de cinq mixtes, comme dans le Raid Gauloises. Trois équipes ont fait cette "course", puis 20, puis 30... Nous nous sommes organisés et c'est devenu une épreuve incontournable du calendrier sportif. Après l'an 2000, record de participation avec 66 équipes, nous avons fait des modifications profondes dans l'organisation pour y introduire plus d'orientation et des "spéciales". Le slogan "La troisième dimension de la course à pied" illustre parfaitement ce format d'épreuve :

Dimension 1 : Je cours... / Dimension 2 : Je cours en équipe...

Dimension 3 : Je cours en équipe et nous faisons notre chemin tout seuls.

Cela n'a plus jamais changé depuis les débuts. Les équipes reçoivent à l'heure du départ les cartes et un road-book pour se lancer avec leur boussole dans un parcours tenu secret jusque-là. »

 

Pour organiser toutes ces épreuves (pas moins de 5 formats différents cette année, entre 28 et 120 kilomètres et par équipes de 3 ou 5), j'imagine qu'il faut une équipe de bénévoles expérimentés et un minimum disponibles ! Peux-tu nous présenter dans les grandes lignes le fonctionnement d'une telle organisation ?

« L'Equipe Turoom a constitué un Comité d'Organisation du Raid 28 avec une quinzaine de membres (sur 100 bénévoles), tous anciens de l'association dont les membres du Conseil d'Administration. Réunis tous les mois, toute l'année, c'est cet organe qui "fabrique" les éditions du Raid 28.  La création des parcours est la circulation sanguine de notre association. Nous faisons d'autres choses pour les trails de nos amis organisateurs en Ile-de-France mais je suis entouré d'une belle bande de copains et de copines qui s'ingénient toute l'année à inventer des trajets, des passages, des traversées, des jeux de traçage en milieu naturel. Chaque année est une nouvelle bataille, avec des innovations, toujours dans l'idée de faire plaisir à nos participants. Cette bande-là, nos traceurs, dont je fais partie, sont des passionnés de trail, de course d'orientation et de nature dont ils défendent quotidiennement les valeurs. Parmi ceux-là, il y a quatre ou cinq fidèles avec lesquels nous faisions des marathons au XXème siècle (les années 80...). Si je ne les avais pas, le Raid 28 n'existerait pas»

Photo des bénévoles au Raid 28 2011 tirée du récit sur Kikouroù de LtBlueb

Photo des bénévoles au Raid 28 2011 tirée du récit sur Kikouroù de LtBlueb

Chaque année, les parcours sont modifiés et il faut donc trouver de nouveaux tracés en permanence. N'avez-vous pas peur de ne plus pouvoir suffisamment varier les itinéraires ? Ou bien pensez-vous avoir des ressources inépuisables de lieux à exploiter pour la bonne tenue du Raid28 ?

« Bien sûr, les ressources ne sont pas inépuisables... Mais notre terrain de jeu est immense : C'est à-peu-près le quart sud-ouest de l'Ile de France, un grand carré Paris-Dreux-Châteaudun-Pithiviers, soit environ 5000 km². Et quelquefois, on déborde ! Oui, cela nous arrive de repasser par des endroits déjà parcourus, mais pas dans le même sens, et quand on sait qu'en hiver, le climat est très variable, que les coureurs ne sont pas toujours les mêmes, nous n'avons pas de critique de ce point de vue là. Bien sûr, quand on arrive vers notre arrivée, nous sommes souvent sur nos chemins de tous les jours, très fréquentés. Là, nous avons un atout de très grand poids : nous avons contribué à créeavec la mairie de notre localité la "Station de Trail de Bures Vallée de Chevreuse" et beaucoup de nos chemins sont identifiés, repérés, balisés dans toute la Vallée de Chevreuse qui présente de magnifiques paysages et des site boisés uniques dans le Bassin Parisien. Quand on passe par là avec le Raid 28, nos habitués se sentent chez eux (mais peuvent quand même s'y perdre !) »

Le Raid 28, « une belle aventure humaine » Patrick Pilorget

L'on comprend aisément que la préparation du Raid28 se fait très en amont de la date de la course. En général, à partir de quand se font les repérages pour chaque nouvelle édition ? Est-ce un travail sur toute une année ou y a-t-il une période plus privilégiée pour cela ? Trouvez-vous parfois des endroits que vous mettez de côté pour une autre année ?

« Quand un Raid 28 se court, le prochain est déjà dans mon idée, souvent partagée avec mes "confidents" sur le sujet. C'est comme dans le ventre d'une poule : lorsqu'elle pond son œuf le lundi, celui du mardi est déjà formé avec sa coquille, celui de mercredi a encore la coquille molle et les autres sont là, plus petits et très mous. Chez moi, c'est pareil : j'ai plusieurs projets en tête, et celui de 2022 est très mou... Le principe est que nous envisageons un tracé de 100 à 120 km qui présente une cohérence (on va de là à là) en passant par des lieux qui présentent un intérêt pour la progression sportive (paysages, dénivelés, points de vue, végétation, obstacles naturels, curiosités locales). En ces lieux, on fait preuve d'imagination et beaucoup de concurrents se souviennent longtemps des "spéciales" qui ont eu lieu dans des endroits... spéciaux ! Nous passons aussi beaucoup de temps à choisir les emplacements de nos balises (150 environ) afin qu'elles aient une justification dans la course, une pertinence dans la progression et un "mérite" avec les bonus ou les malus suivant les difficultés pour les trouver. Les repérages sont permanents, nous sommes environ dix à douze traceurs et traceuses en quatre groupes et partageons tout. Les grands moments de cette initiative sont les "reco", les reconnaissances en vraie grandeur durant lesquelles les meilleurs d'entre nous cherchent les balises concoctées par les autres. Vraie grandeur signifie que l'on fait le futur trajet dans les conditions exactes des prochains concurrents. C'est quelquefois plutôt "balèze", mais quelle partie ! C'est un rendez-vous privé, secret. Celles et ceux qui y participent ne céderaient leur place à personne d'autre ! A l'arrivée, on fait un repas chez moi pour se décontracter et quelques jours après, nous faisons le débriefing de la reco. Là, on critique et on casse pas mal de choses qui n'ont pas résisté à nos pilotes d'essai. La conséquence est qu'il faut retourner sur le terrain pour tracer de nouveau et modifier... Là aussi, j'ai toujours des volontaires. En réalité, on s'y amuse beaucoup, comme des enfants ! Quand tu nous connaîtras, tu verras que, pour beaucoup, nous ne sommes plus des poulets de l'année ! »

 

Lorsque l'on s'arrête sur la page d'accueil du site du Raid28, l'on saisit le principe des épreuves proposées mais la notion de « course d'orientation » n'est jamais utilisée. Est-ce une volonté de se détacher de cette caractérisation ?

« Nous ne voulons pas en être détachés, bien au contraire, mais "La Course d'Orientation" est une épreuve sportive à part entière, bientôt reconnue aux Jeux Olympiques, qui se joue avec des règles très précises et des conditions de terrain bien particulières. Nos parcours ont des balises personnalisées et nos traceurs prennent des initiatives quelquefois originales qui ne correspondent pas aux canons de la course d'orientation. Quelquefois, nous parlons de "navigation" ou de progression en orientation. Pour certaines spéciales, on se rapproche des courses d'orientation mais les jeux de traçage que nous soumettons à nos coureurs sont des créations, des inventions de l'Equipe Turoom et de ses facétieux traceurs. Ceux qui, parmi nous, sont plus particulièrement responsables de ces définitions de balises sont des spécialistes de CO, quelquefois traceurs dans leur propre club, toujours pratiquants de compétitions de CO. Notre principe : faire du zéro faute (le zéro défaut n'existe pas) »

 

Comme évoqué en tout début d'interview, le Raid28 est loin d'être une jeune manifestation dans le monde de la course à pied puisque c'est en janvier 1994 qu'il est né, avant même que je naisse (!). Auriez-vous imaginé que la course perdure autant dans le temps ?

« Nous n'avions pas imaginé tout cela au départ ; nous étions surtout des consommateurs de raids organisés par les autres. C'est en voulant faire partager nos idées avec des amis que nous avons mis le doigt dedans... Avec passion. La course dure car nous avons des participants fidèles qui reviennent chaque année. Nous en connaissons pas mal qui ont plus de 10 éditions au compteur et des records à 24... Nous avons évolué avec le temps et nous cherchons à nous adapter aux besoins et envies de nos concurrents en cherchant toujours à leur faire plaisir ; mais la course est dure»

Le Raid 28, « une belle aventure humaine » Patrick Pilorget

« C'est avant tout une belle aventure humaine. »

Malheureusement, l'an dernier, le week-end du Raid28 n'a pas pu avoir lieu. Comment avez-vous vécu cette annulation ? Est-ce que cela a pu avoir un rôle démotivant ou est-ce justement un événement qui vous booste et vous donne encore plus envie de continuer l'aventure ?

« Nos courses ont été interdites par arrêté préfectoral suite à une indication de l'ONF consécutive à la tempête qui a sévi au nord de l'Ile de France huit jours avant. Une autre raison était que les Autorités de l'ONF ne veulent plus laisser se dérouler des manifestations nocturnes dans les forêts urbaines déjà très fréquentées le jour. Les habitants de la forêt doivent pouvoir faire une pause. Ce fût un choc, tout était prêt pour les départs et les dépenses, évidemment déjà effectuées en grande partie. Dès l'annonce, nous avons fait une réunion de crise pour prendre toutes les dispositions nécessaires afin de prévenir nos coureurs inscrits et leur envoyer les récompenses offertes à tous. Bien que le règlement ne nous y obligeait pas, nous avons remboursé 60 à 70 % des frais d'inscriptions encaissés en visant pour l'année un minimum de perte financière. Nous pensons que ce geste a contribué à améliorer encore plus la belle image que doit renvoyer notre organisation ; Mais c'est dur ! Pour ne pas se démobiliser, nous avons quand même fait le traditionnel repas des bénévoles du Raid 28 annulé et, à cette occasion, mobilisé les troupes en force vers la 25ème édition, celle qui va se courir les 27 et 28 janvier 2018. Aussitôt, le groupe des traceurs du parcours s'est mis au travail ; tous figuraient à l'appel. »

 

 

Avez-vous dû revoir certaines de vos ambitions suite à l'impossibilité de mettre en œuvre le week-end du Raid28 en 2017 ou comptez-vous préserver tout ce que représente cette épreuve à vos yeux ? Devez-vous vous adapter aux exigences de certaines organisations ou êtes-vous repartis pour 2018 avec une certaine liberté retrouvée ?

« Nous n'avons revu aucune des hypothèses qui préside à la réalisation du Week-End du Raid 28. On peut dire que ce qui ne nous a pas tué nous a rendu plus solides et plus déterminés. Nous n'avons pas perdu notre liberté... Les changements, chaque année, proviennent de certaines contraintes administratives de plus en plus exigeantes, changeantes, longues et coûteuses à mettre en place. Les privations de liberté proviennent de massifs forestiers dans lesquels il nous est désormais interdit d'aller mettre les pieds, surtout la nuit. L'avantage de ces "contraintes administratives", c'est que nous avons maintenant dans les préfectures des services dédiés aux manifestations sportives avec des fonctionnaires formés, souvent disponibles et connaissant les dossiers ; nos relations avec ces hommes et ces femmes existent depuis de nombreuses années. »

Le Raid 28, « une belle aventure humaine » Patrick Pilorget

Enfin, le Raid28 est mis en avant dans le livre « Trails et Ultra Mythiques » de Bertrand Lellouche, fidèle participant à l'épreuve. Avez-vous pu constater un regain d'intérêt pour votre course grâce à ces quelques pages ? Pensez-vous qu'un tel article puisse avoir une influence sur la réussite du Raid 28 ?

« Nous avons fait plusieurs expositions pour présenter et vendre le livre de notre ami Bertrand sur nos stands annonçant le Raid 28 (Salon de l'UltraTrail de Chamonix, Salon du trail du Festival des Templiers à Millau, Forum de Bures). Nous sommes très fiers et très honorés de figurer dans cet ouvrage et, de toute évidence, cela fait du bien à notre image. Nous sommes quand même dans les Mythiques ! On ne peut pas savoir si cela favorise un accroissement des inscriptions, mais cela fait plaisir à nos participants qui lisent le livre. Mythiques, dit-il !!! »

 

Merci beaucoup pour tes réponses et à très bientôt, dans un peu plus de trois semaines désormais pour ce beau rendez-vous !

« Merci pour ton aide afin de nous faire connaître. Tu as compris, à travers mes réponses, que cette aventure du Raid 28 est avant tout une belle aventure humaine. De nombreux volontaires du Raid 28 ne sont pas que des bénévoles occasionnels : L'Equipe Turoom agit toute l'année avec une partie d'entre eux pour aider des amis organisateurs de trail à Bures et dans la région. Pour beaucoup d'entre nous, c'est le couple qui est bénévole, et ce sont des amis que nous côtoyons toute l'année, pas seulement pour le sport. »

 

Interview réalisée par David GUEUDET le vendredi 05/01/2018

Le Raid 28, « une belle aventure humaine » Patrick Pilorget
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