Les 7 et 8 juillet 2018 va se dérouler la dixième édition de la Montagn'Hard, une course à laquelle j'ai personnellement participé en 2016 sur le format intermédiaire de 60 kilomètres et ses 5000 mètres de dénivelé positif. En pleine préparation de cette édition spéciale, l'organisateur de l'épreuve, Olivier Tribondeau, a accepté de répondre à quelques questions.
« Le bonheur qu'on offre aux coureurs vaut tout l'or du monde. »
Pourrais-tu tout d'abord nous expliquer comment la Montagn'Hard est née ? D'où est sorti ce beau projet dont la première édition s'est déroulée en 2009 ?
« Non coureur, j'ai découvert l'ultratrail en 2005 grâce à une première participation à l'UTMB (suivie de 5 autres ;-)). Ayant un pied à terre dans le petit village de St Nicolas de Véroce au pied duquel passe l'UTMB, j'ai sillonné les sentiers du coin en long et large pour mes entraînements. J'aime organiser et partager. Ainsi, en 2008, j'ai organisé un Off de 120 km en 2 jours (le off du Mont-Joly) auquel 17 coureurs venant d'UFO et Kikouroù ont participé dans une ambiance géniale. Cela a validé mon projet d'organiser une vraie course en début de saison, pour créer un événement pour lancer l'été, pour créer une occasion de partage avec les gens du coin, que je ne connaissais quasiment pas, pour faire découvrir des points de vue magnifiques et un parcours tel que je les aime, avec beaucoup de dénivelé (j'ai du mal à courir sur le plat au cours d'un ultra ;-)).
En 2018, c'est donc la dixième Montagn'Hard qui va se dérouler début juillet. Une édition spéciale a été concoctée pour cet anniversaire et l'on peut d'ores et déjà constater une progression très forte du nombre d'inscrits à l'épreuve à près de 6 mois de son déroulement. D'où vient ce succès pour cette année en particulier d'après toi ? Quelles sont les évolutions majeures de la course pour cette dixième ?
« D'où vient le succès ? Je ne sais pas particulièrement. Le parcours spécial 10ème anniversaire ? Cela n'explique pas qu'on remplisse très vite les 42 et 60km qui sont sur les parcours classiques. Ce que je sais, c'est que nous ne faisons pas de pub et que notre succès est fondé exclusivement sur le bouche-à-oreille, en particulier au travers des réseaux sociaux. Il faut croire que la réputation ne doit pas être trop pourrie ;-)
Sur 9 éditions, j'ai mémoire de 3 témoignages en partie négatifs pour des raisons très particulières (un coureur qui avait loupé le balisage, là où personne ne s'était trompé, une coureuse éliminée aux barrières horaires qui ne se remettait pas de ne pas avoir ses points UTMB (!) et une lauréate qui s'étonnait de la disparité des lots Hommes et Femmes à tort, me semble-t-il ;-)) et des centaines de témoignages tellement gratifiants... ces témoignages qui font qu'on remet le couvert année après année malgré la contrainte qu'une telle organisation représente pour nous. Ces témoignages, le plaisir, le bonheur qu'on offre aux coureurs, c'est notre unique rémunération mais elle vaut tout l'or du monde. »
Trois distances sont au programme avec une course de 42 kilomètres (3500 mètres de dénivelé positif), une de 63 kilomètres (5000mD+) et une de 126 kilomètres (11000mD+). Ainsi, différents profils de coureurs peuvent venir s'essayer à la MH. Si tu devais définir des catégories de coureurs par épreuve, lesquelles associerais-tu à chacune des distances proposées ?
La Montagn'Hard, c'est une course qui se caractérise notamment par ses parcours exigeants mais aux panoramas remarquables. Quels sont à tes yeux les plus beaux paysages que l'on peut admirer sur la course et quels sont les meilleurs points de vue ?
Pour que la Montagn'Hard puisse avoir lieu chaque année, il faut la mobilisation de toute une équipe d'organisation. Comment se prépare une telle compétition ? Peux-tu nous présenter dans les grandes lignes les équipes de bénévoles qui t'entourent pour cela ?
« "LES équipes", le terme est un peu pompeux pour nous désigner ;-) Nous sommes un noyau dur de 5 à 8 personnes qui se réunissent un peu moins d'une fois par mois. Maintenant, chacun est rodé et sait ce qu'il a à faire, donc c'est plus facile, mais aussi plus risqué, car la force de l'habitude peut nous amener à être moins vigilants et oublier des choses essentielles (heureusement, cela ne nous est pas arrivé ... encore !). Étonnamment, il y avait peu de coureurs d'ultra au départ (en fait, j'étais le seul ;-)), certains s'y sont mis depuis, avec talent d'ailleurs ;-). Chacun à un rôle bien défini (bénévoles, ravitos/achats, parcours, transports, budgets, sécurité, inscriptions, communication/partenariats (mais là on peut faire mieux !! ;-))). Il y a du caractère en barre dans cette équipe et les réunions sont souvent animées mais toujours conviviales. Cette année, notre doyen (77 ans) a pris de la distance, car c'est tout de même fatigant tout ça.. et on a perdu au passage notre Grand Sage ! »
« On travaille en boucle. Le lundi suivant la course, nous avons notre debriefing où on établit les bases pour l'année suivante, ensuite ça s'enchaîne, flyers (pour essayer d'être prêts pour l'UTMB), inscription au CDCHS, choix du parcours, lancement des inscriptions, mise à jour du site, recherche de partenaires, organisation de notre soirée bénévoles, ... »
Depuis deux ans (trois en fait, ndlr), la Montagn'Hard a un partenaire qu'elle soutient dans le lancement de ses produits, peux-tu nous le présenter ?
« ALPURNA est notre partenaire depuis 3 ans avec une aventure déjà mouvementée. ALPURNA a été créée par Laurent, un passionné de course à pied et amoureux de la Montagn'hard. En pleine construction de son projet, il a décidé d'être tout de suite partenaire à un haut niveau. Malheureusement pour lui, sa levée de fonds a été longue et difficile, sachant qu'il avait le souci de lever des fonds français et de fabriquer autant que possible en France. Ces délais ont asséché sa trésorerie et ont conduit à des difficultés sur une partie de ce qui devait être fourni pour l'édition 2016. A ce moment, cela tanguait beaucoup pour cet entrepreneur audacieux, mais j'ai décidé de lui faire confiance... et j'ai eu raison, car fort de l'ouverture de son capital (en particulier à un industriel haut-savoyard), il a pu être pleinement présent avec nous en 2017 et il sera là encore plus fort en 2018. Il commence la distribution de lacets techniques sous la marque UNCHAIN et a en tête plein d'innovation pour notre sport, avec des développeurs de grande qualité, Sébastien Chaigneau et Emilie Lecomte. »»
Autrement, il existait auparavant une petite course en région parisienne qui se déroulait à la fin du mois de septembre mais dont tu as dû abandonner l'organisation faute de disponibilités, il me semble. Est-ce que tu as définitivement tourné la page vis-à-vis de cela ou se pourrait-il qu'un jour, tu refasses ton apparition dans le paysage francilien en organisant une nouvelle course ou en proposant une nouvelle Virée des 2 bois ?
« Il n'y a rien dans les cartons. Ce n'est donc pas d'actualité. »
Enfin, tu appartiens à la communauté Kikouroù depuis plus de 12 ans, avant même que la MH ne voit le jour. Chaque année, de nombreux kikoureurs participent à la Montagn'Hard, c'est même devenu un véritable rendez-vous chaque année début juillet pour certains. A quel degré d'importance estimes-tu cette communauté ? A-t-elle joué un rôle au niveau personnel et pour l'évolution de la course que tu organises chaque année depuis près de 10 ans maintenant ?
« Je suis attaché à cette communauté et suis vraiment ravi que la Montagn'hard soit un peu sa convention annuelle ;-). Elle et la communauté UFO (il y avait pas mal de double appartenance, dont la mienne) ont contribué à la création de la Montagn'hard. Je les avais sollicité pour le nom, le format, ... J'essaie toujours de leur réserver un coin chez Pierre au Schuss pour les regrouper pour une Pasta Party sympa ! Bref, Kikouroù est plus que bienvenu chez nous ! »
Merci beaucoup pour tes réponses. Je te souhaite beaucoup de réussite dans l'organisation de cette édition exceptionnelle et il est certain que je reviendrai sur la Montagn'Hard si elle perdure dans les années à venir, ne serait-ce que pour faire la course avec du beau temps pour en profiter encore plus. J'en garde tellement de beaux souvenirs de 2016 malgré des conditions météorologiques loin d'être des plus agréables.
Interview réalisée par David GUEUDET le vendredi 05/01/2018