Le semi-marathon et moi, c'est tout sauf une histoire d'amour. C'est bien simple, c'est d'après moi l'épreuve qui me correspond le moins (avec le marathon) parmi toutes les épreuves de course à pied que je connaisse ! Le bitume, je déteste. Les longues lignes droites, c'est pas pour moi. Courir longtemps à la même allure, non merci. Se faire mal pendant 21 kilomètres... je préfère 100 fois le faire sur des chemins et sur des parcours nature !
Malheureusement, c'est aussi une épreuve qu'affectionnent particulièrement une majeure partie des athlètes du club avec qui je m'entraîne ! Alors il y a quelques mois, lorsqu'ils décident tous de s'inscrire au semi de Boulogne, je craque. D'habitude, je ne les suis pas dans ces bêtises, je les laisse gentiment aller courir sur le bitume parisien pendant que j'arpente les chemins seine-et-marnais. Et j'essaie même d'en motiver certains à venir avec moi. Mais cette fois, je fais l'effort. Quelle idée !
Malgré tout, je savais bien que je ne parviendrais pas à m'entraîner sérieusement pour le semi-marathon. J'ai pleins d'autres épreuves qui m'attirent beaucoup plus, on fait le Trail de Nice un mois et demi avant et ensuite, je n'ai aucune motivation pour préparer du long. L'horrible (à mes yeux, hein !) 10km de Montereau passe et me voilà tout heureux de reprendre du plaisir au Run & Bike d'Ozoir et au Cross de Rentilly, en attendant les prochaines échéances. Mais au milieu de tout ça, il faut bien que je le cours ce fameux semi !
Quand on sait en plus que ce week-end, ont lieu les Foulées de Saint-Thibault, une course à la maison que j'adore, à laquelle je participe tous les ans et qui figure même au calendrier du Challenge Trail pour la première fois cette année ! Mais non, ce n'est que partie remise, je vais à Boulogne !
Pour faire bref sur mon histoire passée avec le semi-marathon, je n'ai jamais abordé un semi en étant un minimum préparé. J'ai toujours totalement improvisé, sans aucune préparation spécifique. Et pourtant, j'en ai fait quelques-uns, quand même. Le premier, c'était à Chelles en 2016 mais c'était pour le fun, à l'issue d'un week-end chargé de 3 courses, à accompagner des amis en à peine moins de 2 heures !
Je suis revenu à Chelles en 2018 avec un peu plus d'ambitions ce coup-ci et un RP en 1h34 sur un parcours pas facile. Et la même année, j'ai également couru celui de la Grande Paroisse dans des conditions pas évidentes. 1h39.
Mon RP actuel, je l'ai établi début 2020, à Bullion. En forme, j'ai réalisé mon chrono référence jusque-là en 1h27'24. Un temps que je n'ai pas amélioré à Chelles en 2022 (1h33) ni à Sénart l'an dernier (1h31). Alors j'espère bien le battre cette année même si je sais que c'est loin d'être gagné d'avance. Cela va dépendre de ma forme... et de mon mental. Dur de trouver la motivation pour maintenir une allure autant de temps.
Après une semaine assez soft où je n'ai couru que deux fois (deux séances sur piste allégées pour travailler l'allure) et où j'ai principalement fait du vélo (157 kilomètres pour les trajets boulot), j'aborde la course dans une forme correcte et avec la volonté d'accrocher les amis Laurent, Antoine et Martin le plus longtemps possible. Nous visons un chrono assez proche même s'ils ont bien plus d'expérience que moi sur cet exercice qu'ils ont l'habitude de préparer sérieusement (avec des RP entre 1h20 et 1h23).
Dimanche 17 novembre 2024
Après avoir réglé les différentes problématiques que l'on rencontre sur ces courses à proximité de Paris (il y a énormément de participants donc le retrait des dossards se fait les jours précédents et non sur place le jour J... c'est grâce à Jérôme, par l'intermédiaire d'une connaissance qui est allée chercher nos dossards vendredi, que je peux ainsi récupérer mon dossard ce matin), je décide de prendre la voiture car le covoiturage avec certains gars du club n'est pas évident. Les transports en commun sont particulièrement contraignants, j'ai un impératif horaire donc je préfère prendre ma voiture, ce qui me permet d'emmener Saïd et Laurent.
On part de Torcy sur les coups de 8h00 pour un départ de course prévu à 10h00. Malgré des voies de circulation aux limites de vitesse déprimantes (bien que compréhensibles par endroits mais ça pique quand même de rouler à 50km/h sur le périph quand ça circule bien), on arrive bien dans les temps sur place, vers 8h40... sauf que l'on tourne pendant près de 30 minutes avant d'enfin trouver une place de stationnement correcte et pas trop loin du départ.
Il fait frais ce matin donc une fois changés, sans possibilité de prendre de vêtements pour rester au chaud afin d'éviter d'avoir à passer aux consignes, on commence à trottiner pour nous échauffer en direction du départ. On arrive au niveau de l'entrée des sas après environ 1500 mètres, on finit de s'échauffer tranquillement en attendant Jérôme, Martin et Antoine D. Nous sommes tous les 6 dans le sas préférentiel <1h25 grâce à nos temps sur 10km ou semi-marathon. Je n'étais pas sûr de pouvoir y accéder mais mon chrono établi à Houilles a suffit (37'24 au 10).
Les sas commencent à bien se remplir et pour cause, nous sommes près de 12 000 participants cette année, record de l'épreuve ! On réussit à tous se retrouver, on croise même Antoine P qui est lui dans le sas <1h15. Jérôme me transmet mon dossard et mon tee-shirt (que je suis donc obligé de porter pour qu'il ne m'encombre pas, je suis donc contraint de remplacer - et d'ainsi abandonner - mon vieux tee-shirt blanc de l'Oxy'Trail). Petite photo de groupe (pendant que Jérôme soulage une envie pressante), encore quelques minutes d'attente et c'est parti.
La course
Cette course, je l'ai vécue comme aucune autre. D'habitude, je prends pleins de repères pendant une course, majoritairement visuels (des paysages, des chemins, etc...), je suis capable de décrire le parcours ou au moins ses particularités. Là, c'est beaucoup plus difficile pour moi de réciter ma course car j'ai l'impression d'avoir été dans une bulle pendant près de 21 kilomètres. Je n'ai pas subi autant que sur un 10 kilomètres où je commence souvent à grimacer et fermer les yeux dès la mi-course. Je n'ai pas profité comme sur un trail ou une course nature, quand j'apprécie le relief, les changements de rythme ou de décors. Je n'ai pas souffert physiquement comme sur les courses les plus dures que je fais. Non, j'ai eu des coups de moins bien mais amortis, en gestion. Une course compliquée mais étrangement finalement plutôt maîtrisée, j'ai l'impression.
Par contre, je me souviens bien avoir eu très chaud en début de course. Il faisait froid avant le départ, froid après l'arrivée... mais très chaud au coeur de ce peloton extrêmement dense, chargé de coureurs d'un niveau très similaire. Je suis rarement voire jamais resté aussi longtemps dans la masse, à essayer de suivre des amis bien plus à l'aise que moi... mais sans que je sois en souffrance pour autant. Je n'osais pas vraiment parler ni faire l'effort de coller mes camarades de course mais je suivais. Parfois juste derrière, parfois un peu plus à distance. Il y avait régulièrement quelques obstacles à éviter, des trajectoires à maîtriser pour éviter les écarts et ne pas risquer de tomber, comme si j'étais dans un peloton à vélo, en fait.
Pendant plusieurs kilomètres, j'étais bien, je me questionnais un peu sur le fait que je puisse vraiment tenir cette allure pendant toute la course et mes réponses n'étaient jamais les mêmes. J'étais parfois optimiste à m'imaginer capable de tenir voire même d'accélérer en fin d'épreuve. J'étais au contraire parfois pessimiste à me dire que je ne tiendrais jamais ce rythme et que je risquais d'exploser à tout moment... mais le plus tard possible !
Ma plus grosse inquiétude, elle est venue quand Laurent a accéléré le rythme. On a fait un départ un poil trop rapide mais raisonnable. En revanche, à un moment, Laurent m'a mis dans le rouge sans s'en rendre compte. On s'en est aperçu avec Antoine, on a pris quelques mètres de retard mais on a fait l'effort de revenir. J'ai douté, j'ai hésité mais quand j'ai vu que Martin et Antoine accrochaient Laurent, je n'ai pas voulu me retrouver tout seul derrière. J'ai eu peur de lâcher complètement, beaucoup trop tôt dans la course, si je ne résistais pas au moins jusqu'à la mi-course. Je suis venu ici pour faire le semi avec les amis, je sais qu'on ne restera pas tous ensemble jusqu'au bout mais il faut au moins que je tienne un moment.
C'est le début de gros doutes, je suis encore vraiment bien physiquement à ce moment-là, je tiens l'allure mais je suis inquiet pour la suite plus que pour l'instant présent. Pendant plusieurs kilomètres, je garde les amis en ligne de mire mais je fais le yoyo, comme un élastique qui se tend mais qui ne rompt pas vraiment. Régulièrement, j'ai l'impression que ça va craquer, que je vais lâcher prise et finalement, quelques mètres plus loin, je reviens sur Laurent, Martin et Antoine, c'est assez étrange.
Dans la tête, je tiens mais ça se complique quand même au fil des kilomètres et, de mémoire, particulièrement au neuvième kilomètre. Cela fait un moment que je m'accroche avec en tête le passage au kilomètre 10 qui me semble un objectif minimal à tenir mais alors qu'on s'en approche, je cède davantage de distance et je commence à ne plus vraiment tenir Laurent et Antoine alors que je sens que Martin reste derrière eux pour éventuellement essayer de m'emmener si je commence à craquer. Sauf que Martin, il veut nous accompagner le plus longtemps possible car il se sent juste si peu de temps après sa course à Majorque... mais en réalité, il est en jambes !
Finalement, une longue ligne droit en faux-plat descendant me relance pas trop mal après avoir amorti les quelques kilomètres difficiles et nous voilà dans un moment clé, la montée située dans le Bois de Boulogne, une côte pas très raide mais longue, bien cassante près de la mi-course. Je ne regarde pas mon allure, j'imagine bien que je ralentis mais je préfère y aller aux sensations et je m'y sens plutôt bien ! Je suis peut-être aidé par le fait que je rattrape Laurent et Martin mais j'ai quand même le sentiment d'aller mieux. Cependant, devant, Antoine s'échappe, définitivement.
Après cette montée bien gérée, j'ai l'impression d'avoir du mal à relancer, Laurent reprend un peu d'avance, suivi par Martin qui a pourtant pris le temps de prendre quelque chose au ravitaillement. Il est tellement facile. On a passé le kilomètre 10 parfaitement dans les temps prévus (38'58 à la montre pour un objectif initial de 39 minutes). Un peu plus loin, un virage en épingle casse bien le rythme, la relance n'est pas facile mais cela nous permet de croiser Saïd qui navigue quelques dizaines de secondes derrière nous. Puis, dans une nouvelle montée, moins longue que la précédente, on croise Antoine qui a lui quelques minutes d'avance sur nous !
Mes sensations sont particulières à cet instant car j'oscille entre le sentiment d'être encore bien malgré la distance déjà parcourue à une bonne allure et en même temps, je sens que je peux craquer à tout moment et que la fin risque d'être très longue car je sais que les derniers kilomètres d'une course de ce genre, ça peut être fatal pour un objectif chronométrique ! On peut le tenir pendant longtemps et exploser sur la fin. Je suis bien parti pour battre mon RP mais rien n'est fait pour autant.
Dans une nouvelle petite remontée, vers le kilomètre 12, je suis surpris de reprendre Laurent mais surtout, je ne fais pas que le reprendre, je le dépasse et le distance clairement. Il me dit qu'il a les jambes explosées. Il a couru un 10 kilomètres la veille, à une allure très tranquille pour lui (en 1h07) mais c'est quand même un effort qui semble lui laisser quelques traces... sans parler d'un potentiel départ un peu trop rapide aussi. Cet événement n'est pas quelque chose de positif en soi mais il a le mérite de me donner confiance. Doubler Laurent après autant de kilomètres, ce n'est pas rien pour moi. C'est comme à chaque fois que je vois quelqu'un à l'arrêt sur le côté. C'est dommage pour la personne mais concrètement, c'est une personne que je dépasse et qui me permet de me dire que je fais mieux qu'elle jusque-là !
Ensuite, les kilomètres défilent plutôt bien. C'est une phase difficile, je cours seul mais sacrément entouré quand même. Je dépasse, je me fais doubler. Je ne suis pas dans un temps fort, je m'endors un peu et le pire, c'est que je le sens mais je ne peux rien faire contre. Je n'arrive pas à me relancer. Mais pour autant, j'avance quand même encore très convenablement et ça me va bien de tenir comme ça jusqu'au bout. Il reste trop de kilomètres à parcourir pour me forcer à en remettre surtout que la distance ne joue pas en ma faveur. Kilomètre 14, les deux-tiers sont faits, kilomètre 15, kilomètre 16... tiens tiens, c'est là qu'il paraît qu'on souffre le plus sur un semi... Bon, je ne suis pas au taquet mais ça va, n'empêche ! Allez, plus que 5 bornes, c'est rien 5 bornes ! On quitte le Bois de Boulogne pour retourner en direction du centre-ville, ça sent l'écurie... mais c'est encore très long, 20 bonnes minutes d'effort !
Kilomètre 17, je ne suis pas euphorique mais plutôt positif, optimiste, je vois bien que je tiens encore l'allure et que je suis sur de bonnes bases pour rentrer dans mes objectifs (pas clairement définis mais existants pour autant). Le RP avant tout, le sub 1h25 idéalement, moins de 1h24'30 (15km/h) si possible... et mieux si affinités.
Kilomètre 18, plus que 3 kilomètres, ça passe encore plutôt vite ! Kilomètre 19... ouille, là je coince un peu, des faux-plats, du vent de face, de la fatigue surtout ! Pas de gênes, c'est le plus important mais ça y est, j'entre dans la fameuse phase que je connais bien sur 10 bornes, le moment où je commence à serrer les dents, à grimacer, à faire la tronche et même à fermer les yeux, à lutter ! J'en bave, pour ne pas dire autre chose. Mais je sens que je suis en train de faire une bonne perf (à mon niveau) donc je résiste, tant bien que mal.
Kilomètre 20 ! Oh qu'il va être long ce dernier kilomètre, qu'il est difficile à boucler ce semi-marathon ! Alors que tout va bien, je n'ai mal nul part mais c'est duuuuur ! Les mètres défilent tout doucement désormais, j'ai l'impression de ne pas avancer. Je garde le moral mais je regarde ma montre de temps en temps et depuis le début de la course, je n'ai jamais vu les centaines de mètres passer aussi lentement ! Pourtant, j'essaie de relancer ! Allez, je vois l'arche d'arrivée, c'est pas si loin... mais si c'est loiiiin en fait. Pfiou, péniblement, je m'en rapproche, passage au kilomètre 21, encore une petite centaine de mètres à parcourir, interminables. A la montre, j'ai passé le semi-marathon en à peine 1h23 mais les trajectoires prises et les décalages GPS donnent toujours une petite marge de différence.
Je franchis la ligne dans un temps final officiel de 1 heure 23 minutes et 51 secondes. A la montre, j'ai 21,37 kilomètres en 1h23'49 mais c'est anecdotique. Ce qui compte, c'est que j'ai atteint tous mes objectifs initiaux, certes pas hyper ambitieux mais largement suffisants pour moi, sans prépa et sans motivation pour cette distance. Plus de 15km/h de moyenne, c'est la barre symbolique que je voulais franchir. RP explosé, de plus de 3 minutes et 30 secondes !
Au classement, je termine 1 121ème sur 10 855 classés ! Je retrouve les copains, content de moi, soulagé d'en avoir fini... et au bord des crampes, les mollets lourds et les cuisses dans le dur. J'ai physiquement très bien tenu tout du long mais là, l'arrêt soudain de cet effort très monotone, ça pique !
Devant, Antoine P a fini en 1h15'27 (RP il me semble) devant Jérôme qui explose son RP (1h16'25). Martin a fini fort (1h21'53) devant Antoine D (RP également en 1h22'37). Laurent et Saïd finissent ensemble en 1h24'34 (RP pour Saïd). Si je ne m'abuse, 5 RP sur 7, c'est pas mal !
Je n'ai pas détesté le parcours ni la course dans sa globalité, c'est une très belle épreuve même, à vrai dire. Cependant, ça ne m'a pas pour autant donné envie de revenir sur ce format, loin de là. Je n'ai pas envie de faire le semi de Paris ni de revenir à Boulogne. En revanche, je ferai au printemps le semi-marathon de Chelles, une course que j'affectionne et où je vais tous les ans (parfois sur le 5km, parfois sur le semi que j'ai déjà couru 4 fois [3 en solo, 1 en duo]. Je n'y viserai pas de RP (le parcours n'y est pas propice) mais j'espère y faire une bonne course et un bon chrono, surtout que c'est une course du Challenge de Seine-et-Marne.
D'ici là, il y a de beaux objectifs à venir, des courses nature, des cross, des trails et pleins d'épreuves locales !