C'est la première fois que je participe à une course "by UTMB". L'idée est venue il y a près de 10 mois, le 14 décembre 2023 pour être précis. Avec plusieurs gars du club, on se fait un petit after au resto quelques jours après avoir couru la SaintéLyon et on se penche sur les prochains objectifs, certains projets ayant commencé à pointer le bout de leur nez... On évoque une fameuse course se déroulant à Nice en octobre qui pourrait être la première étape d'une éventuelle montée en puissance vers de plus longues distances. On est plusieurs à être partants, je suis le premier à m'inscrire, suivi de près par Jérôme. Puis, suivent les jours suivants, Laurent, Arnaud, Rachid et Saïd... Martin aurait bien aimé être de l'aventure également mais il a été tiré au sort pour le Marathon de Berlin qui n'a lieu qu'une semaine avant.
Nous sommes donc 6 du groupe de Vallée de la Marne Athlétisme 77 engagés pour une course d'environ 50 kilomètres, un samedi d'octobre, dans près d'un an... Car oui, à ce moment-là, on ignore beaucoup de choses de la course, le parcours étant modifié cette année. Nouveau parcours, nouvelle distance, nouveau profil, nouveau départ... nous n'aurons toutes les informations que bieeeeen plus tard. Sacré suspens. Au final, on apprend que ce sera un départ depuis le Col d'Eze pour 54 kilomètres avec environ 2000 mètres de dénivelé positif et 2500 de négatif. Bingo.
Notre préparation peut donc commencer mais elle se fait très différemment pour chacun, particulièrement retardée pour Arnaud, très longtemps blessé et peinant à s'en remettre alors que la date fatidique de l'épreuve approche à grands pas. Jérôme revient lui aussi de blessure mais il parvient à se remettre assez sérieusement à l'entraînement pendant l'été, quand même. Laurent sort du Marathon du Mont-Blanc enchaîné avec le Marathon pour tous, auquel a également participé Saïd. Rachid a vécu une course très compliquée sur la Maxi-Race à Annecy mais s'est bien remotivé avant Nice. Et de mon côté, pas de prépa spécifique mais de bons séjours en montagne pendant l'été et aucun bobo donc tout va bien.
Après quelques sorties groupées, quelques belles séances et quelques courses locales, ça y est, il est temps de se rendre à Nice pour ce beau défi qui nous attend. D'un côté, ça fait très longtemps qu'on en parle et qu'on l'attend. Et en même temps, c'est venu si vite que même si je suis relativement serein, je sens bien que ma préparation n'a pas été optimale. J'aurais bien aimé faire quelques tours aux 25 bosses au mois de septembre mais je n'en ai malheureusement pas eu l'occasion.
Vendredi 04 octobre 2024
J'ai fait une semaine vraiment soft suite au Trail de Marne-et-Gondoire couru dimanche dernier. Un peu de vélo tous les jours, trois footings légers de moins de 9 kilomètres mardi, mercredi et jeudi. Nickel. J'ai pris ma journée de vendredi car nous prenons l'avion en début d'après-midi à l'aéroport d'Orly, ça permet de bien se reposer dans la nuit de jeudi à vendredi et de venir tranquillement par les transports en commun. D'autant que c'est la toute première fois que je prends l'avion, ce week-end !
On se retrouve presque tous à l'aéroport, à l'exception de Rachid qui arrivera peu après nous à Nice. On embarque dans les temps avec Arnaud, Jérôme, Saïd et Laurent. Mon premier vol se déroule parfaitement, à peine le temps de fermer les yeux que nous sommes arrivés. En revanche, nous sommes partis de région parisienne avec un temps magnifique et nous arrivons à Nice dans des conditions très humides, le comble !
C'est pas grave, on récupère nos affaires, on prend le Tramway pour nous installer tranquillement au logement que nous avons réservé pour nous 6 puis Jérôme et moi filons assez vite au retrait des dossards... mais pourquoi si vite ? Peut-être que nous avons encore été très joueurs mais comme par hasard, la veille au soir, le relais nocturne initialement prévu pour le jeudi soir a été reporté à ce soir... Alors nous nous sommes inscrits, en toute dernière minute !
Nous récupérons donc nos dossards pour le 54km de samedi puis demandons comment faire pour celui du relais nocturne.. Le problème, c'est qu'avec cette inscription tardive, le paiement a été pris en compte mais aucun numéro de dossard ne nous a été attribué. Finalement, on nous en donne bien un donc on sera bien de l'aventure, à l'improviste ! La nuit tombe, nous avons marché quelques kilomètres pour rejoindre le village d'arrivée de la course et désormais, nous nous préparons pour une épreuve assez intense puisque nous avons chacun 5 boucles de 700 mètres à parcourir... le plus vite possible évidemment.
Nous n'avons aucune idée de quelle va être l'adversité. Ni même du nombre d'équipes engagées. Nous cherchons comment accéder à la zone de départ pour nous échauffer un peu une fois nos dossards attachés, on marche (plus ou moins) gaiement dans quelques flaques d'eau avant de finalement devoir faire demi-tour car on ne peut pas y accéder directement depuis le parcours. On retourne donc dans le village départ pour déposer nos sacs et récupérer notre témoin lumineux. On parcoure tranquillement la boucle de 350 mètres en aller-retour, quelques gammes, le briefing et c'est parti.
Relais Nocturne
Peu après 20h00, c'est parti ! Jérôme part en premier, relayeur numéro 1 ! 24 équipes en lice, ça part vite et Jérôme est évidemment aux avant-postes. Il étire gentiment le peloton avant d'accélérer progressivement sur le retour pour me passer le témoin en première position, cependant suivi de près par quelques concurrents.
Je passe ainsi en tête au pointage intermédiaire placé au demi-tour donc à mi-boucle. 3'22 de course pour les 1050 premiers mètres, en gros. Nous courons en moyenne entre 17 et 18km/h sur un parcours tout plat mais détrempé avec un virage serré au bout, c'est un bon échauffement pour demain... (c'est ironique, évidemment, vu ce qui nous attend !).
Je n'ai pas des sensations de folie mais c'est une course géniale, un concept comme je les aime donc je me donne jusqu'au bout, en essayant de gérer mais en fin de compte, nous sommes très réguliers de bout en bout puisque nous avons des temps de passage assez semblables tout du long (4'41 - 4'45 - 4'48 - 4'46 pour les quatre pointages tous les 1400 mètres). Nous creusons progressivement l'écart sur la concurrence, d'abord une équipe composée de deux athlètes locaux du club de Nice finalement dépassés en fin de course par un solide duo mixte canadien. Je cours la dernière ligne droite en 1'23 pour franchir la ligne d'arrivée main dans la main avec Jérôme après 23 minutes et 45 secondes d'effort collectif !
Nous remportons ce très sympathique (bien que pluvieux) relais nocturne sous les encouragements de nos quatre camarades de VMA77 qui nous ont rejoint sur place peu avant le départ ! Une super soirée bien sympa et un beau sac en cadeau pour notre succès. Nous terminons avec 1'02 d'avance sur Daniel et Donna (le duo mixte canadien) et 1'26 d'avance sur Xavier et Johan (les niçois) !
Nous rentrons ensuite au logement avec 3 kilomètres de marche, comme à l'aller, un bon décrassage. Une bonne douche, une grosse plâtrée de pâtes et au lit car le réveil va piquer demain !
Samedi 05 octobre 2024
03h50, oui, ça pique. Surtout que la nuit a été compliquée, à peine 5h de sommeil... et encore, j'ai été réveillé pas mal de fois, j'ai vraiment mal dormi. On prend le petit-déjeuner paisiblement, on a au moins l'avantage de partager ces moments en groupe, dans une atmosphère très sympa. On quitte le logement dans les temps, sur les coups de 4h30 pour emprunter le Uber réservé mercredi soir. Parfait, on arrive comme il faut au Port de Nice pour prendre la navette réservée il y a longtemps auprès de l'organisation. Il nous était alors conseillé de prendre celle de 5h, ce que nous avons choisi, peut-être à tort. La navette de 6h30 nous aurait évité beaucoup d'attente et nous aurait permis davantage de repos.
On rentre dans un car, le trajet se passe parfaitement, si bien que nous arrivons au Col d'Eze plus de 2h avant le départ de la course... et encore, ça, c'est pour le SAS 1 dans lequel je me trouve avec un départ à 7h30. Mais Laurent, Arnaud et Rachid partent eux dans le SAS 2 à 7h45... et pire encore, Saïd et Jérôme, sans côté UTMB index, se sont retrouvés dans l'avant-dernier sas, le SAS 4 qui part à 8h15 !
Là encore, heureusement, on passe ce long moment ensemble. Il ne fait pas très chaud. Pas froid pour autant mais comme nous sommes inactifs, c'est un peu limite, heureusement que nous sommes bien couverts. La gestion de l'hydratation, de l'alimentation et des diverses commissions n'est pas aisée car il y a bien du monde sur place avec une queue infernale pour l'accès aux toilettes. On s'en sort, tant bien que mal.
Vers 7h00, ça y est, il est enfin temps pour moi de finir de me préparer, je retire mon pantalon pour rester en short, je retire le gros pull que je remplace par la veste imperméable, je mets mon sac rempli du matériel obligatoire et de ce dont j'ai besoin sur le dos, mes bâtons en main, pliés pour l'instant et je file déposer mon sac de délestage que je retrouverai à l'arrivée avec mes habits de rechange.
Je rentre ensuite dans le sas, au milieu de coureurs bien affûtés, juste derrière les élites qui partiront en même temps que nous. C'est un piège potentiel mais si je suis en forme, ça me permettra normalement d'éviter de me retrouver dans les bouchons des passages les plus étroits ou glissants du parcours. A moi de ne pas m'enflammer et de gérer ma course avec mes armes du jour.
54 kilomètres
7h30 - Dans une ambiance mitigée (on entend à peine le micro et la musique), le départ est donné. Les encouragements des accompagnants, des bénévoles et des coureurs s'élançant dans les derniers sas sont sympas, c'est parti pour une belle aventure tandis que le jour se lève, le décor est planté, il fait très beau et déjà bien doux, au soleil.
Le début de course n'est pas facile car il se fait sur une montée bitumée, continue mais pas très pentue. Du coup, forcément, dans le sas 1, ça se court bien. Je ne regarderai jamais l'allure de la course mais les données de la montre me permettent de savoir que j'ai couru les premiers kilomètres entre 10 et 12km/h. Plutôt 12 au début puis de moins en moins vite alors que les pourcentages de la pente étaient de plus en plus forts. Un départ trop rapide, comme souvent, mais c'est le jeu et je suis joueur.
Je parviens donc à courir en non-stop jusqu'au sommet, j'attaque la descente à bonnes enjambées, tout va bien. On arrive enfin sur des chemins, le cadre est hyper sympa avec la vue sur la Méditerranée depuis qu'on a pris un peu de hauteur, je n'ai pas vraiment le temps de m'arrêter pour admirer le paysage ou prendre des photos mais c'est vraiment chouette.
La seule pause que j'effectue, c'est une pause pipi express de 20 secondes à peine vers le cinquième kilomètre. J'ai hésité quelques instants avant de m'arrêter pour me soulager. Heureusement, contrairement à mes nombreux arrêts sur la SaintéLyon, ce sera le seul stop "besoin naturel" de la course. Il faut dire que les conditions sont bien différentes vu la chaleur du jour et tout ce qu'on va transpirer aujourd'hui.
Après une rapide descente, on remonte un peu et c'est là que je déplie pour la première fois mes bâtons il me semble. Et là, problème... l'un de mes bâtons est coincé, je ne parviens pas à le clipser donc il reste plus petit et surtout, il n'est pas bloqué, ce qui fait que les différents brins peuvent se séparer facilement. Je fais avec, la montée n'est pas très longue et on bascule vers une nouvelle descente. Ici, ça bouchonne un peu par endroits car c'est assez étroit et glissant. Ce n'est pas facile de doubler car on passe dans des singles avec des pierres sur lesquelles il faut clairement limiter nos appuis au risque de tomber lourdement.
Je passe le kilomètre 8 en 44'30, moment où j'ai une pensée pour Jérôme et Saïd qui démarrent seulement leur course alors que j'approche déjà du premier checkpoint. Il est un peu plus loin, au kilomètre 9, en pleine ascension. J'en profite pour boire un coup et manger un morceau de pastèque qui fait plaisir car j'avais vu que ce n'était qu'un point de ravitaillement liquide donc un peu de solide, ça fait du bien. Je m'hydrate bien depuis le début de la course mais je n'ai pas encore besoin de faire le plein, je m'arrête à peine ici.
A ce pointage, je suis 184ème en 52'05. Un départ rapide, trop, évidemment, mais tout va bien et je sais parfaitement que la suite du parcours m'est moins favorable et que je vais perdre beaucoup de places et de temps.
Laurent passe en 56'29, Arnaud en 56'51, Rachid en 58'14, Jérôme en 1h06'05 et Saïd en 1h16'06.
Après le premier ravitaillement, le moral est bon, j'avance bien mais le début du calvaire commence car j'essaie un nombre incalculable de fois de régler mon problème de bâton sans y parvenir donc je galère à remettre sans arrêt les brins correctement pour qu'ils ne se déboîtent pas. C'est agaçant, ça me pompe de l'énergie et me casse un peu la dynamique du début de course engagé.
Après une belle montée, un replat fait du bien, je relance convenablement même si je suis toujours perturbé par ce problème de bâton qui me déconcentre pas mal de ma progression. Je perds du temps et de l'influx nerveux. J'arrive ensuite dans une belle montée que je gère plutôt correctement, je continue de perdre quelques places mais c'est normal, pas mal de concurrents du sas 1 grimpent mieux que moi, c'était couru d'avance. Je limite plutôt bien la casse quand même, à ce moment-là.
La descente qui suit se passe parfaitement, elle me relance bien sur un parcours comme je les aime, roulant mais qui serpente avec des vues très sympas entre mer et montagne... jusqu'à ce que je chute au 16ème kilomètre ! Sur ma lancée, alors que j'avance bien, je pense que je bute sur une racine, ce qui me fait tomber en avant avec pas mal de vitesse. Les deux mains prennent un peu mais il n'y a pas de pierres, c'est un sol plutôt terreux de mémoire donc tout va bien. Seul le genou droit prend un peu plus le coup, je m'inquiète un peu sur le coup mais finalement, je repars très vite sans problème, le genou à peine douloureux.
En revanche, je suis complètement à l'ouest, un peu sonné. On remonte à un endroit où il y a du monde alors je suis persuadé qu'il va y avoir un ravitaillement. Je n'ai plus bien les kilométrages en tête, on arrive au 17ème, j'y crois... mais non, ce n'est qu'un pointage intermédiaire ! Je marche un peu, je fais un état des lieux de mes éventuels bobos suite à ma chute car je suis reparti dans la foulée après être tombé. Tout va bien, je saigne légèrement du genou mais ce n'est rien.
Je m'approche du checkpoint, je vois bien qu'ensuite, ça monte et on indique un prochain ravitaillement dans un peu plus de 3 kilomètres et je ne sais pas pourquoi, ça ne tilte pas, je fais demi-tour en cherchant pour voir où se trouve celui qui devrait être ici... Mais non, il n'y en a pas ! Une bénévole me voit paumé, me demande ce que je cherche, je lui demande si le ravito est avant ou après le CP et elle me dit qu'il se trouve plus loin, dans la descente située à 4 kilomètres d'ici. Je suis perdu, j'aurais bien aimé me poser un peu mais allez, c'est parti pour l'ascension la plus raide du parcours !
Je suis alors 239ème en 1h57'24. Sur cette portion, j'ai perdu pas mal de places et surtout, pas mal de lucidité.
Je suis quand même toujours le plus rapide de notre groupe de 6 bien que ce soit une course très à distance puisque mes camarades sont partis dans d'autres sas. Laurent passe en 2h04'22, Arnaud en 2h09'15, Rachid en 2h11'10, Jérôme en 2h18'20 et Saïd en 2h36'43.
Au moment d'attaquer un passage avec près de 300mD+ en à peine 1,5 kilomètres, je décide d'envoyer un message à Martin qui nous suit de près pendant la course. Je coupe un peu de ma mauvaise dynamique de course, je ne garde pas que pour moi mes galères actuelles et j'obtiens en bonus un peu de soutien. Par contre, vu le contenu de mon message ("Je suis une quiche dès que ça monte un peu, je viens de chuter, il commence à faire chaud et j'ai un souci avec un bâton"), j'évite de l'envoyer à ma mère pour ne pas "l'inquiéter" car en réalité, tout va bien, j'ai pleins de petits soucis mais rien de très problématique.
Allez, je reprends mon avancée, après un début de montée pas si raide, on attaque la partie où il n'y a plus vraiment de chemins, on monte des rochers en diagonale pour rejoindre la rubalise située plus haut, chacun sa trace ! C'est tellement technique que je limite plutôt bien la casse, je subis moins que les montées classiques. Malgré la grosse difficulté de ce passage, ça me remet dans le coup. Je n'ai pas souvenir d'avoir été vraiment dans le dur ici contrairement aux montées précédentes où j'ai commencé à avoir chaud et avoir de la peine à relancer dès que le terrain le permettait.
Une fois en haut, j'attaque une descente bien technique, bien raide, bien casse-pattes aussi. Nul doute qu'elle va faire mal pour la suite de la course celle-là mais pour mon moral, elle est nécessaire. Je rattrape vite quelques coureurs qui me laissent généralement aussitôt passer, c'est cool. Je me fais plaisir, à mon rythme, sans forcer. Je double du monde et je creuse vite l'écart, tellement plus à l'aise que certains. Et ça me rassure aussi par rapport à mes camarades qui pourraient me grignoter beaucoup de temps sur bien des portions depuis le début de la course (car à ce moment, je n'ai absolument aucune idée d'où ils en sont) mais ici, je sais que ce n'est pas le cas, je descends mieux qu'eux, surtout quand c'est vraiment du terrain accidenté.
Ainsi, j'arrive vite à Peille où je peux enfin bénéficier d'un vrai gros ravitaillement. Là, je remplis totalement ma poche à eau qui commençait à bien se vider. Puis, je prends un peu de tout, c'est surtout du sucré, ça manque malheureusement de salé donc je prends un TUC mais sinon, je mange surtout de l'orange, de la pastèque, un snickers, je bois du coca et une boisson citronnée. Beaucoup de sucre, pour le coup.
Et surtout, j'ai la bonne idée d'aller voir un bénévole au sujet de mon bâton. Il me dit qu'il a déjà eu le même problème et qu'il a dû renvoyer les siens en service après-vente mais finalement, il parvient à me régler le problème, ce qui est un vrai soulagement pour moi tant ça m'a agacé depuis le début de la course. Un grand merci à lui !
Je repars donc après une bonne pause et en ayant envoyé un SMS bien plus positif à Martin ce coup-ci ! Je suis 246ème en 2h36'20. J'ai à nouveau creusé l'écart sur le reste du groupe... pour la dernière fois de la course...
Laurent passe en 2h47'00, Arnaud en 2h55'00, Rachid en 2h59'37, Jérôme en 3h06'32 et Saïd en 3h34'51.
Je sors du ravitaillement plutôt requinqué, je repars tranquillement en discutant avec un gars qui va au même rythme à côté de moi en lançant la discussion par un "il a fait du bien celui-là" en parlant du ravito bien sûr. On papote un peu, c'est un coureur qui a grandi du côté de Fontainebleau mais qui habite désormais à Genève. On reste côte à côte dans la descente sur la route puis je me cale derrière sur le chemin plus étroit, sagement, patient. Je finis quand même par le dépasser à un moment car je descends tout de même plus vite puis je double un autre coureur qui menait le groupe et nous freinait un peu avant de suivre une fille qui me propose de me dire si je veux passer sauf qu'elle avance bien donc je suis tranquille.
Tout va bien, quelques kilomètres passent mais c'est malheureusement de courte durée car au 24ème kilomètre, au moment d'aborder une nouvelle montée, j'ai un vrai gros coup de moins bien alors que j'avais retrouvé de l'allant depuis le sommet de la Cime de Baudon. Là, je suis un peu plus inquiet car je ne peux pas faire grand chose, mon rythme cardiaque est monté très haut d'un coup et j'ai beaucoup de mal à le faire redescendre tout en continuant ma progression. Je ralentis, je marche, je trottine doucement sur les relances et j'avance très tranquillement en montée, contraint et forcé de laisser passer de nombreux wagons de coureurs sur ces chemins majoritairement monotraces.
Le moral en prend un coup car du coup, je perds énormément de temps, de places et de confiance. Je n'avance plus alors que le prochain ravitaillement est loin. Et surtout, on est dans une phase de la course où tout le monde relance, où je devrais pouvoir retrouver un peu d'efficacité mais c'est tout le contraire. Heureusement, après une longue phase où les bosses s'enchaînent, on finit par basculer dans une vraie section roulante avec du faux-plat descendant et des passages plats qui sont bien rares sur ce parcours.
Je n'ai plus beaucoup de souvenirs de ce passage de la course qui m'a semblé interminable, particulièrement pénible tant j'étais en souffrance. Fatigué, peut-être un peu malade même. J'ai l'impression que l'accumulation entre l'agacement suite à mes problèmes de bâton, la chute, la chaleur, la fatigue après une nuit bien courte (et la course d'hier soir), le départ rapide et un pic glycémique au ravito a fait déborder le vase. Trop de facteurs pouvant expliquer ce gros coup de mou. Difficile de savoir ce qui a réellement impacté, je préfère donc tout considérer. En tout cas, c'est vraiment un moment difficile de ma course et ça se voit dans mon résultat car c'est bien dans cette portion que je perds le plus de places de toute la course alors que c'est loin d'être celle avec le plus de dénivelé positif !
J'arrive à Drap exténué mais soulagé d'enfin terminer cette phase et d'attaquer la dernière grosse difficulté du parcours. J'envoie un nouveau message à Martin mais aussi et surtout un premier message à ma mère. Et surtout, je fais un vrai gros arrêt au ravitaillement où je ne consomme pas énormément mais je m'hydrate, je mange un peu de pastèque et du salé ! Cette fois, il y a du saucisson et du fromage ! Je m'assois un peu, je me pose avant de remplir une nouvelle fois ma poche à eau pour repartir sur de bonnes bases. Il reste moins de 20 kilomètres à parcourir, le plus dur est fait... mais c'est quand même encore long et j'appréhende beaucoup la longue montée à venir vu comme j'en ai bavé dès qu'on avait à peine quelques mètres de D+ à passer !
Je suis 375ème en 4h34'54. Laurent a mis presque 10 minutes de moins que moi sur cette portion (sans parler de la durée de nos pauses respectives au ravito !), Jérôme revient encore plus fort... Je perds une grosse partie de l'avance dont je disposais. Laurent passe en 4h36'43, Jérôme en 4h50'06, Rachid en 4h53'52, Arnaud a encore plus subi cette portion que moi et passe en 5h43'45 tandis que Saïd passe en 5h48'21.
Je savais que cette portion ne serait pas une partie de plaisir. J'avance plutôt convenablement sur les 1500 mètres relativement plats qui suivent le checkpoint avant de basculer dans la montée avec bien peu de motivation. Le début de la grimpette se fait sur la route, j'avance au ralenti, doucement mais sûrement. C'est dur, j'accuse le coup mais je suis quand même serein, je sais que j'irai au bout et c'est bien là l'essentiel. Cela prendra le temps qu'il faudra mais je vais aller la chercher cette fichue ligne d'arrivée à Nice.
Martin me donne des nouvelles de Laurent, je sais qu'il revient fort derrière moi, je lui réponds qu'il va me déposer, persuadé que je vais me faire rattraper dans la montée qui mène au Plateau Saint-Michel. Une fois la portion bitumée passée, on monte encore pendant bien longtemps, plus de 500 mètres de dénivelé positif au cumulé sur environ 5 kilomètres, c'est pénible, c'est dur mais j'avance, mètre par mètre. Je me surprends même à apprécier quelques passages vers la fin de la montée car je m'y sens plus efficace quand c'est moins pentu.
Et finalement, c'est en arrivant au kilomètre 42 - en ayant bien subi pendant quelques bornes, en laissant encore passer quelques wagons de coureurs alors que j'aurais honnêtement largement pu rester devant certains (que j'ai davantage laisser passer par politesse et prudence vis-à-vis de mon rythme cardiaque) - que je réalise que ça y est, nous sommes en haut de la dernière grosse côte du parcours. Je pensais que le sommet était au kilomètre 44 (encore une mauvaise interprétation ou un mauvais souvenir du profil) mais un coureur que j'interpelle alors qu'il range ses bâtons me dit que ça descend dans 500 mètres. Cool alors !
Je peux donc bien relancer même si dans la descente suivante (avec une nouvelle belle vue sur la Méditerranée), je reste très prudent tant je sens que je suis à la limite des crampes. J'assure mes appuis, je reste sagement derrière un concurrent qui avance bien et je file tranquillement vers l'ultime ravitaillement de la course, à 10 kilomètres de l'arrivée !
Là, je suis sur une vraie bonne dynamique, enfin ! Et Laurent n'est toujours pas revenu sur moi ! Je n'ai pas besoin de remplir ma poche à eau donc je prends juste un peu de ravitaillement pour attaquer la dernière portion au taquet et je repars assez vite contrairement aux deux ravitaillements précédents.
Je suis 453ème en 6h18'24. Laurent a virtuellement pris les devants en 6h06'06 et Jérôme a lui aussi grappillé beaucoup de temps en passant ici en 6h13'49. Rachid passe en 6h36'59, Saïd en 7h32'40 et Arnaud en 7h43'29.
Après quelques mètres, j'entends la voix de Laurent qui m'appelle, il rentre au ravitaillement ! Il est donc vraiment juste derrière moi, on risque de finir la course ensemble mais vu comme je peine dès que ça monte ou sur le plat et connaissant sa façon de courir, il vaut mieux que je ne l'attende pas et qu'il me reprenne par lui-même en toute fin de course idéalement car sinon, je serai incapable de le suivre sans le ralentir s'il veut m'attendre !
Je repars franchement bien dans la descente mais elle est de très courte durée puisque très vite, on remonte ! J'en ai franchement raz le bol du D+ mais je sais qu'il en reste encore un peu, plus d'une centaine de mètres jusqu'à l'arrivée donc quelques coups de cul qui vont faire mal. Le mental va bosser mais ce que j'appréhende le plus, c'est le long plat à l'arrivée même si, du coup, je commence à penser que ce ne sera pas si plat que ça.
Ensuite, je relance encore un bon coup, j'ai vraiment de bonnes jambes ! J'ai subi la course mais mine de rien, je me suis économisé dans certaines montées où je n'avançais plus et du coup, j'ai quand même de l'énergie sur cette fin d'épreuve, ça fait plaisir. Ma foulée est plutôt bonne même si je commence à moins apprécier les passages caillouteux qui ne me dérangent pas du tout habituellement, étant plutôt à l'aise sur terrain varié.
On a deux petites vacheries imposées par l'organisation sur cette fin de parcours, d'abord une descente vers un passage piéton pour remonter parfaitement en face au même niveau puis une passerelle semblable à un échafaudage pour passer par-dessus une route. Deux passages très certainement nécessaires pour des questions de sécurité mais pas des plus plaisants.
Allez, encore une remontée et on bascule cette fois vraiment en direction du bas de Nice et de la mer ! Je profite du passage en monotrace pour dérouler une dernière fois avant qu'on attaque une sacrée série de marches d'escaliers très petites à descendre ! On n'avait pas eu trop de marches jusque-là (à part un passage avec un enchaînement de deux descentes et deux montées de marches assez surprenant à un endroit du parcours que je suis incapable de resituer) mais cette fin de tracé fait davantage penser au final dans Lyon sur la SaintéLyon...
Sauf que cette fois, on déboule directement face à la Méditerranée et ça, c'est quand même autre chose ! Pour autant, les trois derniers kilomètres ne sont pas de tout repos, assez interminables une nouvelle fois. Je passe en mode marche pour profiter de la vue de fin de parcours en Bord de mer avant d'aborder une portion où il n'y a plus de paysages donc il vaut mieux relancer pour que ce ne soit pas trop long quand même.
Allez, encore pas mal d'escaliers de partout, du slalom entre les touristes puis on retrouve le bitume en haut d'ultimes marches pour basculer de l'autre côté de la route, sur le trottoir. C'est de la petite descente, tout va bien, on se dirige vers le port quand tout à coup, hop, on prend une rue à droite, dans la direction opposée à ce qu'on voudrait ! Et bien sûr, ça grimpe ! Pfff, allez, j'arrive en haut, dernière relance sur le plat, ça permet au moins d'ouvrir la discussion plus facilement avec nos compagnons d'aventure eux aussi désespérés par cette fin interminable, on est tous bien cuits.
On arrive enfin au port que l'on contourne intégralement, je côtoie 4 ou 5 gars avec qui je fais le yo-yo depuis longtemps, je me force à courir le plus possible, même dans le faux-plat montant. Pas mal de passants nous encouragent, c'est agréable, il reste quelques centaines de mètres. Dernière courbe un peu descendante pour nous diriger vers la dernière ligne droite puis les fameux 350 derniers mètres que je connais bien pour les avoir parcourus 6 fois hier soir ! Je double quelques coureurs, je finis convenablement, bien grimaçant mais à une allure correcte avant de m'allonger par terre quelques secondes après avoir franchi la ligne d'arrivée !
Que ce fût dur ! Je suis finisher de ces 54 kilomètres et environ 2250 mètres de dénivelé positif (à la montre) en 7 heures 35 minutes et 24 secondes, 429ème sur un peu plus de 1880 partants. Une très belle course bien exigeante que j'ai trop subi à cause de diverses péripéties et d'une forme du jour très mitigée mais je suis malgré tout très content de ce que j'ai fait, le résultat étant tout de même très correct.
Laurent ne m'a finalement pas rattrapé à cause d'une erreur de parcours (il a fait un kilomètre de plus en suivant quelqu'un qui s'est trompé à un moment) mais signe le meilleur temps du groupe en 7h23'49, peu de temps devant Jérôme qui a craqué dans les 2 derniers kilomètres après une sacrée grosse remontée, finisher en 7h27'48 avec une course totalement à l'opposée de la mienne pour seulement moins de 8 minutes de différence à l'arrivée. Rachid termine en 8h04'12, Saïd en 9h00'04 et le warrior Arnaud en 9h18'18, respect !!
Après l'arrivée, je vais assez vite vers le ravitaillement pour m'hydrater et m'alimenter car je ne me sens quand même pas très bien, déshydraté malgré le fait que j'ai beaucoup pu pendant la course. Je suis K.O. Je passe une bonne heure à récupérer très difficilement, j'ai chaud, j'ai besoin de me poser mais dès que je m'assois par terre, je crampe de partout au niveau des jambes, c'est rude.
Finalement, au fil du temps et en mangeant un peu de chaud et de salé, je récupère progressivement, le temps que tous les amis en finissent à leur tour. On est tous bien morts mais quelle belle aventure ! C'était à vivre, vraiment ! Après un très bref passage au bord de la mer, on rentre se doucher avant d'aller manger une bonne pizza au resto puis d'aller se coucher pour une bonne nuit réparatrice et nécessaire vu notre niveau de fatigue. Nous rentrons tous en avion le lendemain pour un dur retour à la réalité après un superbe week-end plein de partage et de convivialité ! A refaire, assurément !