Deux semaines avant l'objectif du début de saison (Nice by UTMB) et 5 ans après ma première participation à cette épreuve, me voilà de retour à Saint-Pierre-lès-Nemours pour le Trail du Mont-Sarrazin. Et cette fois, j'y viens en bonne compagnie puisque Jérôme, Laurent et Arnaud sont de la partie pour notre dernière sortie longue avant Nice. En plus, je compte participer au Challenge Trail de Seine-et-Marne cette saison et le Trail du Mont-Sarrazin en est la première manche.
Le seul désavantage de cette course, c'est que c'est loin ! Heureusement, nous covoiturons pour nous y rendre tous les quatre ensemble, merci Arnaud ! Nous y arrivons ainsi après une bonne heure de route, sur les coups de 8h50. Une grosse partie du parking est fermée donc le stationnement n'est pas si simple mais nous trouvons une place.
C'est la quatrième fois que je viens par ici puisque j'ai déjà participé au Trail du Mont-Sarrazin il y a 5 ans puis je suis revenu plus récemment pour le Cross-Duathlon de Nemours et les Championnats de Seine-et-Marne de 800 mètres. Nous nous dirigeons vers le stade où nous récupérons nos dossards, assistons à l'arrivée de la course enfants avant de finir de nous préparer à la voiture.
Il fait bon ce matin, même plutôt lourd. Et malgré une météo assez pessimiste, les conditions sont bonnes, à peine quelques gouttes sur la route et désormais, il ne pleut plus et nous passerons entre les gouttes, c'est appréciable. Du coup, l'équipement est léger avec un simple short, un tee-shirt, les chaussures de Trail et le sac pour avoir une compote et un peu d'eau sur moi et surtout, pour s'habituer à courir avec car ce matin, on aurait pu s'en passer. Mais, ce ne sera pas le cas à Nice...
Une fois prêts, on fait quelques minutes d'échauffement tranquille, très détendus. J'ai envie de jouer aujourd'hui donc je compte partir aux avant-postes et voir ensuite, sachant bien que ce n'est clairement pas le format de course qui me correspond le mieux. Trop court pour vraiment gérer et trop long pour pouvoir envoyer tout du long sans exploser.
C'est l'heure de se placer sur la ligne de départ. Un concurrent accepte gentiment de nous prendre en photo puis tout le monde se positionne et à 9h45, c'est parti ! Laurent et Arnaud n'ont pas prévu de partir vite mais Jérôme et moi choisissons de suivre la tête de course et d'adapter notre gestion de course en fonction de comment ça se passe.
D'entrée de jeu, Franck, un coureur du Lisses AC, prend les devants en partant fort. Il ne prend pas le large mais on lui laisse volontiers quelques longueurs d'avance. Un autre concurrent part à nos côtés, nous le suivons avant de le dépasser et nous ne le reverrons pas. Après une petite boucle bien roulante, on arrive dans la forêt où les premières difficultés se dressent devant nous. Rien de très compliqué pour l'instant donc ça se court bien mais c'est immédiatement plus difficile pour moi de suivre, surtout que Jérôme accélère dans la troisième bosse, la plus raide depuis le départ.
Sur ce début de course, la physionomie est assez simple. Dès que cela monte, je perds quelques longueurs sur un trio de tête qui s'est désormais constitué, emmené par Jérôme devant Franck et un autre coureur, Jeremy de Vaux Le Pénil Athlétisme, qui est revenu fort sur nous dès que le parcours s'est corsé. En revanche, je rivalise sur le plat et je reviens même dès que ça descend ou à chaque passage un peu plus technique.
Pendant plus de 4 kilomètres, c'est vraiment intense mais mes sensations sont bonnes. Le problème, c'est que j'ai parfaitement conscience que je ne tiendrai pas ce rythme pendant 24 kilomètres ! Cependant, je ne connais pas nos adversaires et si ça se trouve, eux non plus ! Même s'ils semblent à l'aise et solides, à vrai dire. Je reste donc joueur jusqu'à ce que le trou se fasse vraiment, vers le kilomètre 5. Alors que Jérôme a loupé une manipulation avec sa flask dont il est obligé de vider le contenu pour éviter d'être trempé, les deux hommes de tête s'envolent et on ne les côtoiera plus.
De mon côté, tout va bien mais je ressens le besoin de calmer le jeu et donc de ne pas faire l'effort pour revenir sur la tête dans une portion beaucoup plus roulante de quelques kilomètres. Après quasiment 5 kilomètres très vallonnés, c'est désormais tout droit. Je m'hydrate bien et c'est nécessaire car je suis déjà noyé de sueur, short comme tee-shirt ! L'air est très humide, il fait lourd !
J'aborde donc une phase de gestion, à environ 4'30/km. Les jambes sont bonnes mais il reste encore de très nombreux kilomètres à parcourir et probablement quelques belles difficultés. Il y a 5 ans, j'avais eu plus de 400mD+ donc même si le site indique un nouveau parcours avec 240mD+, le début de course me laisse plutôt penser qu'il y aura bien au moins 400 voire encore davantage de dénivelé positif, et négatif bien sûr.
Alors que j'ai l'impression de bien avancer, un concurrent que j'avais repéré précédemment, en chasse derrière nous, finit par revenir et me déposer avec beaucoup d'intensité ! Corentin, futur 3ème de la course, ne me laisse aucune chance de le suivre mais je n'en avais de toute manière pas l'intention. Devant, Jeremy prend le large sur Franck et Jérôme est en chasse mais la course est encore longue.
On arrive ensuite dans la fameuse carrière de sable, pas loin de la mi-course, un passage usant où il est difficile d'avancer efficacement et qui précède une montée qui me sèche bien comme il faut. Je la marche intégralement, voyant irrémédiablement revenir sur moi un groupe de 4 coureurs qui ont l'air bien plus frais que moi. J'ai toujours en ligne de mire Jérôme qui se fait à son tour doubler par Corentin mais c'est la dernière portion où je vais les apercevoir, le podium s'envole définitivement.
Le passage suivant me correspond mieux. Une fois péniblement arrivé en haut de la montée de la carrière, je relance bien sur une nouvelle portion très sinueuse, d'abord bien roulante puis marquée de très nombreuses courbes plus ou moins évidentes. Heureusement, le balisage est parfait et je suis encore lucide car autrement, il est très facile de se planter. A la sortie d'un passage bien rythmé et technique où j'ai le sentiment d'avoir été efficace, je vois à nouveau mes poursuivants fondre sur moi. Je les tiens encore quelques minutes à distance mais ils finissent par me rejoindre dans la partie la plus dure de la course pour moi.
Il reste un peu moins de 10 kilomètres de course quand on arrive dans une zone très semblable à ce que l'on retrouve au Circuit des 25 bosses que j'affectionne particulièrement à Noisy-sur-Ecole. On est sur chemins, souvent dans le sable, entre les rochers, à serpenter, à grimper des bosses et avoir à peine le temps de les redescendre qu'il faut déjà remonter avec des passages à la limite de l'escalade. Habituellement, je prends un plaisir fou sur ce genre de secteurs mais là, il faut aller vite, j'ai déjà pas mal puisé sur environ 15 kilomètres, ça casse bien les pattes !
Du coup, je perds progressivement quelques places puisque les fameux 4 poursuivants me rattrapent petit à petit alors que je n'ai plus envie de courir. J'ai un coup de mou dans la partie la plus compliquée de la course donc je ne m'affole pas mais je me démotive un peu, je ne cherche pas à suivre ceux qui me doublent (qui finiront même par doubler Jérôme) et j'en laisse même passer un alors qu'il était encore un peu en retrait derrière moi mais je veux faire ma course à mon rythme sans la pression d'un poursuivant derrière.
On finit par redescendre par une pente assez raide et très ensablée. A ce moment-là, je réalise que nous ne sommes qu'aux 2/3 de la course au niveau de la distance après plus de 1h20 de course mais en réalité, il ne reste alors que 6 kilomètres (car il n'y aura pas les 24 kilomètres annoncés et mon GPS a dû se perdre dans la forêt avec tous ces singles tournants car je vais finir avec 700 mètres de moins que les autres à la montre alors que j'ai bien fait le même parcours).
Je ne sais plus trop à quel kilométrage mais je finis par m'arrêter quelques secondes au niveau d'un des 4 ou 5 ravitaillements de la course (ce qui est confortable pour ce type de course d'autant que je me suis hydraté avec ma poche à eau depuis le départ) pour boire un peu de coca et me rebooster un peu pour la fin de course. Peu de temps après, je me fais rattraper par un nouveau poursuivant, à un rythme que je pourrais clairement tenir, surtout si j'avais su qu'il n'y avait pas 24 kilomètres. Mais je n'ai pas la motivation de me battre pour une place, je veux finir cette course sans trop subir car c'était avant tout l'occasion d'une sortie longue en répétition pour Nice.
Les derniers kilomètres passent relativement bien, il n'y a plus beaucoup de difficultés, je marche dans les 2-3 dernières bosses, bien pentues mais suivies de relances. Je rattrape alors les derniers concurrents de la Marche Nordique et de la course de 11 kilomètres. Une montée en marches fait bien mal aux pattes mais le moral est bon malgré la fatigue. Allez, ça sent la fin de course, d'autant qu'on entend au loin le micro du speaker à l'arrivée même si on s'en éloigne ensuite à chaque fois. Puis, on finit par sortir de la forêt et traverser la route pour revenir en direction du stade... Etrange, je n'ai que 21 kilomètres à la montre, ça ferait mal de passer à côté du stade mais de faire encore 3 kilomètres.
Finalement, on a bien encore un peu de chemin à parcourir mais je reconnais bien le secteur sur lequel nous nous sommes échauffés et nous finissons par vraiment revenir en direction du stade pour les 500 derniers mètres, d'abord à longer la piste en sens inverse pour aller jusqu'au bout et terminer par un tour de piste presque complet.
La première féminine de la course est revenue fort en fin de course donc elle est sur mes talons mais une fois sur la piste, j'en remets quand même un peu pour conserver ma position et ne pas perdre une place sur les dernières centaines de mètres. D'autant que, du coup, je finis 10ème sur 101 arrivants. Il y a un moment de la course où j'ai complètement décroché dans mon compte donc je ne savais plus du tout à quelle place j'étais.
J'ai 22,22 kilomètres à la montre contre environ 22,9 pour les autres gars et 460 mètres de dénivelé positif ! C'est donc bien comme il y a 5 ans et non comme annoncé sur le site de la course, ce qui est bien trompeur quand même ! Je termine deux minutes après Jérôme qui a aussi craqué sur la deuxième partie de course. Seul le coureur qui m'a doublé en fin de course nous sépare au classement. 1 heure 56 minutes et 23 secondes au chrono pour moi, 16 minutes de moins qu'en 2019 !
Laurent termine 5 minutes après moi, 16ème puis Arnaud signe une belle 24ème place pour sa reprise, en 2h08. Belle course d'ensemble de l'équipe, bon signe pour dans 2 semaines même si le profil sera bien différent. On assiste aux podiums puis on part vite se changer car, trempés, on commence à prendre froid. Super organisation, ça donne envie de revenir à nouveau en tout cas.. et pourquoi pas sur le Trail de la Tortue la prochaine fois ? Allez, il est temps de rentrer, on a de la route !