Dans une année de course à pieds, j'ai quelques rendez-vous devenus incontournables au fil des années. Depuis 2015, le Trail du Viaduc des Fauvettes en fait incontestablement partie. C'était mon premier 50km il y a 4 ans et j'y suis revenu avec grand plaisir en 2016 et 2017 avant que l'organisation ne fasse une pause en 2018. La course est de retour cette année, il était donc certain que j'en serai !
Comme il y a deux ans, c'est désormais une boucle de 16,7 kilomètres qui est proposée en remplacement de l'ancien format (une boucle de 10 kilomètres que l'on avait le choix de parcourir entre 1 et 5 fois sans le préciser à l'inscription). Du coup, ce sont différents formats qui sont proposés et l'on doit maintenant choisir la distance que l'on souhaite parcourir. Le dimanche, en plus des épreuves de marche, 4 courses sont au choix : 17, 33, 50 ou 100 kilomètres. Et cette année, le Trail de l'Etoile Filante (10 kilomètres nocturnes) qui se déroule habituellement en mars est intégré à ce week-end d'épreuves, le samedi soir. Un challenge « octobre rose » est même proposé avec le cumul 10 nocturne + kilomètre vertical + 17km.
Ce dernier m'intéresse mais je choisis finalement de rester fidèle au 50km que je vais essayer de terminer pour la quatrième fois. Cependant, pour corser le défi, je m'inscris également au 10km nocturne du samedi soir pour essayer d'enchaîner les deux courses !
Ces dernières semaines, avec ma forme du retour de vacances et la reprise des séances de piste avec l'USTA, je me suis davantage concentré sur les courtes distances. Ma dernière épreuve d'endurance date du 1er septembre avec les 4 heures de Montévrain. Depuis, j'ai fait des courses de 5 à 10 kilomètres avec un RP sur 10km (38'04 à Roissy-en-Brie) et 2 podiums qui m'ont fait plaisir (2e scratch aux Foulées des Meulières et 1er Senior au 5km des Foulées de Saint-Thibault la semaine dernière).
Du coup, le dénivelé a été léger depuis le Trail des Fantômes au mois d'août et les vacances dans les Pyrénées Ariégeoises, et les distances parcourues aussi. En plus, la météo et le boulot ne m'ont pas permis de faire beaucoup de vélo ces derniers jours. Ce n'est pas une préparation idéale pour les Fauvettes mais l'envie reste plus que présente donc la motivation est au rendez-vous. Les derniers jours qui précèdent l'épreuve ne sont pas non plus idéaux puisque quelques microbes me fatiguent et ne me rassurent pas sur mon état de forme pour le week-end mais une bonne gestion alimentaire et du sommeil vont me permettre de limiter le problème.
Je pars de chez moi peu après 18h00 le samedi direction Gometz-le-Châtel, à une petite heure de route de la maison. Je me suis reposé dans l'après-midi après le boulot donc j'aborde la course dans de bonnes conditions. En plus, la météo s'améliore progressivement et la pluie continue depuis le début de la journée s'estompe enfin. On est samedi soir donc la circulation n'est pas parfaite mais ça va, j'arrive sur place avant 19h30. Je stationne tout près du lieu de retrait des dossards, où j'en profite pour récupérer ceux de mes deux courses, le 160 pour le 50km et le 870 pour le 10 nocturne. Avec ça, j'ai le droit à une bouteille de bière pour chaque dossard avec une étiquette « souvenir » du Trail du Viaduc des Fauvettes, de quoi faire des heureux à la maison... Le bénévole me dit que c'est à boire avant le début de la course, je m'en passerai bien !
Ensuite, après avoir croisé Stef et Luca, tous deux engagés sur le 100km qui partira à 23h00, je file à la voiture pour finir de me préparer tranquillement. Vers 20h00, je file vers le lieu de départ de la course pour voir s'il y a une consigne mais il n'y en a pas donc je retourne à la voiture pour y déposer mes affaires avant de revenir à côté de la mairie d'où nous partirons à 20h30.
Il ne fait pas froid et je compte bien me défouler ce soir donc je ne m'habille pas trop chaudement. Cependant, prudent, je préfère quand même mettre deux tee-shirts pour ne pas attraper froid. Je porte donc un tee-shirt à manches longues et le tee-shirt du TVF 2017 par-dessus. Autrement, j'ai mon cuissard court, ma frontale par-dessus un bonnet et mes chaussures de Trail Kalenji Kiprun XT7. Je profite du trajet vers le départ pour trottiner afin de m'échauffer, les sensations ont l'air plutôt bonnes mais je ne vais pas non plus tout donner ce soir car il y a une belle course à disputer demain aussi. Pour autant, je me positionne à l'avant du peloton d'un peu plus de 200 concurrents, marcheurs et coureurs compris.
Nous patientons un moment sur la ligne de départ, dans l'attente de l'arrivée du bénévole s'occupant du balisage du parcours. C'est un peu long mais l'ambiance est plutôt détendue. C'est donc plutôt vers 20h40 que le départ est donné.
Trail de l'Etoile Filante – La course
C'est parti ! Le début de course est rapide puisqu'il se fait en descente sur bitume pendant environ 600 mètres dans les rues de Gometz-le-Châtel. Cependant, je me retrouve rapidement dans le top 10 malgré un départ prudent. Nous entrons dans le premier single où je déroule bien. J'aime beaucoup les courses de nuit donc je prends du plaisir d'entrée de jeu sur ce parcours très sympathique annoncé comme « sauvage » au briefing d'avant-course.
Ensuite, je dépasse deux concurrents car je me sens bien et je veux en profiter. Il n'y a que 4 ou 5 coureurs devant moi à ce moment, du coup mais je les laisse filer car ils sont trop rapides pour moi, je ne veux surtout pas me mettre dans le rouge. Une fois dépassé par un autre coureur, la situation ne va plus beaucoup évoluer de la course, les positions se stabilisant assez vite sur cette épreuve au parcours assez sélectif. Il est difficile de reprendre du monde et devant, on est souvent galvanisés et n'avons pas envie de laisser revenir d'autres concurrents de l'arrière.
Le parcours est très sympa, semblable à l'ancienne boucle de 10 kilomètres du Trail du Viaduc des Fauvettes. On le découvre au fur et à mesure, à l'aide de nos frontales. Il est vraiment difficile mais très ludique. Après une première portion ascendante plutôt roulante, on attaque une belle difficulté où courir devient plus difficile mais si tôt dans la course, sur une distance aussi courte, il n'est pas question de marcher. Ensuite, une relance nous permet de filer en direction du Viaduc.
La première montée le long du Viaduc, elle pique bien ! Et là par contre, il m'est impossible de courir tout du long. Nous devons franchir une pente bien raide avec du sable et des marches pour montée en haut du Viaduc. Une fois au sommet, on traverse le viaduc tout du long. C'est assez magique car de là, on peut voir toutes les frontales des concurrents qui sont encore en bas, une belle file indienne de lumières que je prends plaisir à regarder sans baisser de rythme pour autant.
Au bout du viaduc, on prend nettement sur la droite pour une descente assez technique et bien pentue. Ensuite, il faut sèchement tourner sur la droite pour rejoindre un petit single nous menant vers une nouvelle montée bien dure. Heureusement, le balisage est très visible à la lumière des frontales donc pour l'instant, pas de soucis ! Cependant, il faut vraiment être vigilant en permanence pour ne pas prendre un mauvais chemin...
La suite de la course, c'est une succession de difficultés avec des portions plus favorables que je gère plutôt bien. Le parcours est difficile donc les kilomètres ne passent pas vite d'autant que je me sens assez seul. Je n'ai plus personne en ligne de mire et personne derrière à part un concurrent que je maintiens à distance pendant plusieurs kilomètres. Nous faisons le yo-yo tous les deux, isolés du reste de la course : 5 coureurs devant, le reste derrière.
Le parcours ne laisse aucun répit et sans le moindre repère kilométrique, je continue de tout donner, sans vraiment calculer mon énergie restante. Je me sens bien, je suis bien placé, je fonce et c'est tout. Et je me fais plaisir surtout. Mais cela se complique lorsque je commence à fatiguer. J'ai la sensation qu'on approche de la fin car j'ai le sentiment d'avoir fait pas loin de 10 kilomètres mais en vérité, on est encore assez loin de l'arrivée. Je perds en lucidité et doute de plus en plus face au balisage. En effet, il est très bien placé mais de nuit, les chemins que nous empruntons serpentent tellement qu'il n'est pas évident de trouver la bonne trajectoire donc il m'arrive souvent d'hésiter pour savoir où passer afin de rejoindre la balise suivante et il ne faudrait surtout pas que je me plante.
Du coup, le coureur qui me poursuit revient progressivement donc je maintiens le rythme pour rester devant lui sauf que je dois relancer après chaque hésitation. Cela devient vraiment dur. Au bout d'un moment, je sens qu'il revient franchement donc je le laisse passer et me cale dans sa foulée. A lui de suivre le balisage maintenant. C'est désormais plus simple pour moi, je n'ai qu'à le suivre ! Sauf que... après la dernière grosse difficulté du parcours, à la sortie des bois, arrive ce qui devait arriver : nous nous perdons !! Eh oui, j'ai eu beau hésiter pleins de fois, je suis toujours resté sur le parcours tandis que là, nous sommes paumés. Pourtant, nous avons croisé des bénévoles peu de temps avant, nous hésitions bien sur le parcours mais en allant tout droit, nous sommes retombés sur le balisage d'une portion plutôt placée en début de course.
En déboulant là, en plus, nous arrivons à un carrefour où il n'y a du balisage nul part. Le coureur qui me précède a regardé le chemin de gauche, rien, celui de droite, rien. Nous allons donc en face et descendons très franchement pendant plusieurs dizaines de mètres, au cas où... Mais non, il n'y a définitivement pas de balisage ici. Il nous faut donc remonter toute la pente. C'était plus simple dans l'autre sens !
Une fois en haut, nous retrouvons un concurrent qui s'est lui aussi perdu mais vient seulement d'arriver là. Ensemble, nous cherchons à 3 la suite du parcours mais nous empruntons la partie que nous avons déjà parcourue en début d'épreuve. Nous nous en rendons bien compte donc nous finissons par faire demi-tour pour revenir sur nos pas et enfin retrouver le carrefour où nous nous sommes plantés ! Et là, un bénévole est apparu pour guider les coureurs alors qu'il n'y en avait pas lorsque nous sommes passés la première fois et forcément, ça fait la différence.
Au final, c'est un bon kilomètre de rab que nous avons fait avec un peu de D+ supplémentaire aussi et environ 8 ou 9 minutes de perdues à nous éloigner puis à rechercher le bon chemin. Nous entamons donc une remontée de concurrents, un peu dépités de la situation même si nous avons tout de même pris du plaisir sur ce parcours à avancer au rythme auquel nous avons couru. Mais c'est frustrant car nous étions près du but, à un petit kilomètre de l'arrivée, quand nous nous sommes perdus.
Pour l'anecdote, je ne l'ai pas mis dans le récit car je n'arrive plus à situer exactement quand c'est arrivé mais vers la fin de course, nous avons emprunté un chemin sur le parcours où nous nous sommes retrouvés juste derrière un chevreuil pendant quelques mètres, éclairé par la lumière de nos frontales. Une petite parenthèse sympathique en pleine course à bloc.
Le bilan, c'est un sacré échauffement pour la course du dimanche avec une bonne allure maintenue pendans près d'une heure de course sur un parcours très exigeant. 10,2 kilomètres au lieu de 9,2 d'après ceux qui ont fait le bon parcours sans se perdre en 59 minutes et 32 secondes. Pas loin de 400 mètres de dénivelé positif et une 41ème place au scratch sur 184 coureurs à l'arrivée alors que nous étions 6 et 7èmes avec mon camarade de course au moment de nous perdre, dommage ! Maintenant, il faut récupérer pour le défi du dimanche donc je profite du ravitaillement d'arrivée, toujours aussi incroyablement garni avec des plats faits maison, des plateaux de fromage et autres aliments. Je discute un peu avec les gars avec qui je me suis perdu et il est temps de rentrer car le départ est de bonne heure pour le 50km. Il est un peu plus de 22h lorsque je quitte Gometz-le-Châtel pour rentrer chez moi.
Une fois à la maison, je prends juste un petit repas, n'ayant pas eu une grande faim au ravito d'arrivée et je me couche peu avant minuit pour un réveil prévu à 5h25 le lendemain, la nuit risque d'être courte, pourvu qu'elle soit bonne !
Bien qu'effectivement de trop courte durée, la nuit a été correcte donc le réveil n'est pas trop difficile. Après le petit-déjeuner, je finis de préparer mes affaires et je pars sur les coups de 6h00 direction Châtenay-Malabry pour récupérer au passage Julien avec qui j'ai fait les Fauvettes il y a 2 ans mais aussi le Semi-Raid 28 cette année ou quelques autres épreuves. Il revient sur le 50km cette année, deux semaines après celui d'Alésia. Sa progression est très bonne ces dernières années donc j'ai peu de chance de pouvoir le suivre aujourd'hui mais nous partirons ensemble au moins pour la première boucle et plus si possible.
Nous nous rendons ensuite à Gometz-le-Châtel où je stationne à nouveau tout près de la Salle Barbara, dans l'herbe, selon les indications des bénévoles qui nous aiguillent sur le parking improvisé. Julien récupère son dossard puis nous nous préparons afin de laisser nos sacs à la consigne qui est bel et bien présente cette fois.
Ensuite, on attend un peu à l'abri devant la salle car il pleut bien ce matin. C'est l'occasion de croiser Bertrand, Bart et Karim qui seront tous les trois sur le 50km également. Patrick nous rejoint, il ne fait pas la course mais vient en touriste ce matin ! Puis, Luca et Stef arrivent au ravitaillement du 100km, après une longue nuit de course. A 15 minutes du départ de la course, nous nous décidons à descendre vers la mairie dans le flot de coureurs prêts à s'élancer pour 50 kilomètres dans ces conditions météorologiques pas très agréables.
On s'abrite à nouveau, sous une tente qui servira plus tard au ravitaillement de la course. C'est l'occasion pour nous de retirer nos imperméables car il ne fait pas froid pour autant donc on les met dans nos sacs de trail. Pour ma tenue du jour, je chausse à nouveau mes Kalenji Kiprun Trail XT7, je porte mon short bleu, le tee-shirt de l'Echappée Belle avec mon sac à eau dans le dos rempli de quelques aliments sucrés et d'un bon litre d'eau. Sur la tête, je porte ma casquette Kikouroù.
L'heure du départ approche, c'est le moment de se positionner sur la ligne, sous la banderole « départ ». Selon les consignes, on se place comme pour un départ en descente sauf que cette fois, ce ne sera pas le cas donc nous sommes un peu piégés, à l'arrière du peloton d'une grosse centaine de concurrents mais c'est pas grave, cela nous forcera à prendre un départ prudent.
Trail du Viaduc des Fauvettes - La course
Une fois le court briefing terminé, c'est parti ! Et cela commence donc en montée, direction la Salle Barbara. Julien, Karim et moi partons pour un début de course commun. Nous dépassons assez rapidement Bart et Bertrand et remontons plusieurs dizaines de coureurs pour nous repositionner davantage vers le milieu voire le premier tiers du groupe.
Une fois en haut, nous traversons la route et prenons à droite pour redescendre sur le trottoir le long de la route. Un peu plus bas, nous rejoignons un premier chemin sur la gauche pour la première partie d'une boucle de 16,7 kilomètres à faire 3 fois. La boucle elle-même se compose de deux portions bien distinctes. La première est plus roulante en forêt de Gif tandis que la deuxième est plus vallonnée du côté du Viaduc.
On arrive assez vite dans un faux-plat que l'on reconnaît instantanément avec Julien, le même qu'en 2017 et on sait qu'au fil des tours, il devient de plus en plus pénible à passer. Et il y en a quelques-uns comme ça, dispersés au milieu de deux belles difficultés. Autrement, c'est une partie favorable à la relance en début de boucle, un peu longue mais qui passe très bien en début de course avec la fraîcheur. Je sais que je serai bien moins efficace dans quelques heures quand on repassera là pour le troisième tour...
Ensuite, retour vers Gometz-le-Châtel que l'on traverse sur une partie bitumée avant de retourner tout près du départ sauf qu'au lieu de grimper à droite, on file à gauche après la traversée de route, devant la grille du Parc du Château. C'est parti pour mon deuxième passage sur cette boucle puisque c'est désormais exactement le même parcours que la course nocturne de la veille. Je sais donc parfaitement ce qui m'attend même si je vais être bien moins rapide cette fois et en plus, il fait jour. Mais clairement, une première différence est visible, le terrain est devenu bien plus gras et les nombreux passages des coureurs de toutes les distances en parallèle d'une pluie continue pendant plusieurs heures vont rendre les chemins encore plus glissants donc la prudence est de mise.
Tout se passe bien, nous avançons groupés à 4 avec Karim, Julien et un coureur que l'on ne connaît pas, légèrement en retrait mais qui revient régulièrement sur nous. Notre progression est évidemment trop rapide comme toujours sur un premier tour, pour moi tout du moins. La distance et le dénivelé à franchir aujourd'hui, en enchaînement du 10 nocturne, sont particulièrement costauds et je vais avoir besoin de jus pour en venir à bout. Je sens que la tâche ne sera pas simple et je sais que le Trail du Viaduc des Fauvettes n'est jamais à prendre à la légère !
Allez, la première montée de la deuxième partie de boucle est avalée, direction le Viaduc désormais avec la fameuse montée des marches ensablées pour rejoindre le haut. C'est dur mais ça ne pique pas trop au premier tour, on aimerait pouvoir passer comme ça à chaque fois mais je sais parfaitement que ce ne sera pas le cas et ce, dès le prochain tour. On relance tranquillement sur le Viaduc avec la vue sur l'arrière de la course tout en bas puis on file à droite au bout, dans la descente assez technique. Là, c'est mon terrain de jeu, je galope volontiers ! C'est ici que je peux systématiquement prendre un peu d'avance sur mes camarades qui reviendront bien vite dès que ça monte. Je passe donc en tête du groupe, ce que j'ai d'ailleurs beaucoup fait sur ce début de course, profitant de sensations très correctes.
En bas, on poursuit sur le single à droite avant de remonter sur la droite à nouveau, une pente raide qui calme les ardeurs. En revanche, une fois en haut, on peut relancer. Julien passe devant sur les parties plates tandis que je reprends les devants en descente. On arrive ensuite à la fameuse montée la plus dure de la course selon moi, celle qui débute par un faux-plat montant puis se poursuit avec de beaux pourcentages où je peine déjà. Julien prend un peu d'avance devant, comme dans toute montée tandis que Karim reste derrière moi pour l'instant.
En haut, on continue tout droit avec un petit « coup-de-cul » supplémentaire avant de relancer dans un faux-plat montant où il est dur de repartir en courant mais en début de course, je m'en sens bien obligé. Je sais que la suite est favorable mais je temporise quand même, ce n'est pas le moment de me cramer. On arrive à la fameuse descente où Olivier s'était fait une entorse il y a deux ans, après seulement 7 kilomètres de course. Nous étions déjà en course commune à 3 à ce moment avec Julien avec qui j'étais ensuite resté pendant les 43 kilomètres restants.
C'est le bon moment pour souffler cette portion, une descente bien roulante, une petite remontée après être passé sous un pont puis un peu de plat après une nouvelle légère descente pour passer sous le tunnel où ma frontale m'a bien servi hier... Car de jour, on n'y voit rien du tout dans la partie centrale, ce qui cause des appuis très troublants car le sol n'est pas plat. Les mini-buttes sont dures à encaisser sans visibilité alors que ce ne serait qu'une formalité avec de la lumière.
Nouvelle petite montée ensuite afin de rejoindre la longue ligne droite qui nous ramène au Viaduc des Fauvettes. Cette fois, au lieu d'aller vers la descente technique comme on le fait quand on vient dans l'autre sens, on file toujours à gauche mais en prenant un virage à près de 180 degrés pour une petite montée assez roulante. Je commence à accuser un peu le coup de ce rythme de début de course qui convient davantage à Julien et Karim qui sont dans un bon état de fraîcheur. Le premier coup de mou arrive déjà, en fin de première boucle. Heureusement, il ne reste plus beaucoup de distance avant le ravitaillement. Je prends soin de bien m'hydrater et de m'alimenter pour ne pas tomber en panne de jus.
On se retrouve ensuite dans la zone où j'ai pas mal hésité vis-à-vis du parcours la veille mais étrangement, de jour, avec un peu plus de lucidité et surtout un chemin bien visible, c'est plus facile. A la faveur d'une petite descente, j'ai repris la tête du groupe dans cette portion où nous avons pas mal de courbes à passer et de troncs à enjamber, jusqu'à la dernière grosse montée du parcours, dans le sable pour remonter une dernière fois le Viaduc. Là, ça devient dur, la pente est raide, je suis en difficulté en montée. Je m'accroche à mes camarades de course mais de plus en plus péniblement.
Un peu plus loin, après un passage sur une piste cyclable et une descente qui m'est favorable, je dois me décider à les laisser filer un peu.
Je profite de faux-plats montants pour marcher davantage et bien m'alimenter dans ce passage au niveau de champs que j'apprécie moins, surtout avec ce temps capricieux. Je franchis la zone d'herbe en gestion et prend bien à gauche là où nous nous sommes perdus la veille en filant tout droit à un kilomètre de l'arrivée ! Je relance dans cette portion plus plate avec Julien et Karim en ligne de mire devant, je stabilise l'écart. La descente le long des marches se passe plutôt bien puis je gère la montée assez végétale qui suit, surtout avec l'humidité de ce matin. Je relance pour finir la boucle correctement en me relâchant dans la descente bitumée. La montée qui suit me coupe dans mon élan tel un mur mais en haut, je repars bien et je passe au niveau du PC course pour la première fois du jour ! Plus que 2 boucles !
Ce début de deuxième boucle se déroule parfaitement puisque l'on remonte vers la Salle Barbara en croisant tous les concurrents du 33 et du 17km – y compris les coureurs du Challenge octobre rose – et c'est assez galvanisant car on reçoit de nombreux encouragements de leur part. Je suis seul à ce moment et je profite en courant toute la montée à petites foulées mais bien plus efficace que dans les difficultés précédentes. C'est sur cette lancée que j'arrive au ravitaillement positionné devant la Salle Barbara pour ce premier tour tandis que nous nous ravitaillerons au niveau de la mairie pour les prochains. Ce n'est pas possible actuellement en raison des départs imminents des autres épreuves.
Je file directement vers la table pour m'alimenter en salé et en sucré et pour boire un peu de coca. Cela fait un bien fou de se poser un peu pour se ravitailler. Je retrouve alors Karim et Julien arrivés quelques instants plus tôt. Nous avons bouclé ce premier tour en 1h45 environ, ce qui serait une bonne allure si j'étais en pleine forme mais qui est assurément trop rapide après une fin de semaine moyenne, une course disputée la veille au soir et une courte nuit entre temps, la météo du matin n'aidant pas à positiver. Mais je reste concentré sur mon objectif qui n'est autre que finir l'épreuve, peu importe en combien de temps donc je sais que je vais lever le pied sur les prochains kilomètres.
Mes camarades m'attendent donc nous repartons bien à 3 mais j'ignore à ce moment que j'aurais dû remplir ma poche à eau car je vais être juste pour faire les 17 kilomètres suivants. Il faut dire que je m'hydrate davantage qu'habituellement dans ces conditions de course.
Petit soucis en bas de la descente bitumée, je suis obligé de refaire les lacets de ma chaussure droite. C'est l'occasion choisie par Julien pour faire un arrêt afin de satisfaire un besoin naturel donc j'en profite pour faire de même tandis que Karim prend un peu d'avance du coup. On repart avec Julien, je reste avec lui pendant une partie de la boucle en forêt avant de le laisser filer car je sens bien qu'il en a sous les semelles tandis que j'ai du mal à suivre le rythme, j'ai besoin de baisser un peu en intensité. Deuxième soucis de lacet, encore le droite donc je m'applique à bien le refaire pour ne pas avoir besoin de m'arrêter une nouvelle fois et je ressens un espèce de départ de crampe dans la cuisse droite que je ne subis heureusement pas. Je me redresse instantanément et repars prudemment mais tout va bien, ce n'était qu'une alerte.
Sur la suite de la boucle, je consomme le reste des aliments que j'ai emmenés avec moi et toute l'eau de ma poche à eau, ce qui me permet de ne pas trop subir mon coup de mou mais je me retrouve du coup complètement à sec à quelques kilomètres de la fin du tour. Je vis un tour vraiment très difficile mais je limite la casse dans toutes les difficultés du parcours que je gère avant de relancer tranquillement. Heureusement, la première partie de la boucle étant plus roulante, j'ai pu me relancer et j'ai attaqué la partie autour du Viaduc avec plus de motivation. L'enchaînement des côtes est rude, je fatigue et j'arrive au niveau de la dernière grosse montée du parcourscomplètement épuisé ! La pluie m'use et je suis lessivé. Je n'ai plus l'énergie d'avancer donc je m'arrête en pleine montée et je m'asseois sur le côté.
Depuis le début de la deuxième boucle, je vois passer tous les concurrents du 17 et du 33km qui nous dépassent, tous frais. J'aime bien d'un côté car certains nous encouragent et on passe pour des courageux à entamer notre deuxième boucle alors que ceux du 100km en sont à leur 4, 5 ou 6ème tour !! Mais c'est aussi parfois déprimant de voir autant de coureurs nous dépasser. Je laisse donc passer plusieurs wagons de concurrents de toutes distances et j'appelle Julie. Il est bientôt midi, je suis crevé, j'ai faim, j'ai l'impression de ne pas être capable de continuer et que je vais devoir abandonner donc je la préviens et on discute un peu.
Après quelques minutes d'arrêt, allez, je repars, comme un zombie, au ralenti dans la montée. Que la suite va être dure ! Je finis tant bien que mal ce deuxième tour, très incertain de pouvoir continuer. Mais je n'ai pour autant pas envie d'abandonner. Et voilà le soleil qui se pointe !! Après 3 heures et demi sous la pluie, un peu de ciel bleu et une belle éclaircie, que cela fait du bien ! Je me remets un peu et je commence à ré-envisager de continuer, d'aller au bout de l'épreuve ! Le ravitaillement sera crucial !
Lorsque j'arrive à la fin de la boucle, il n'est plus question d'abandonner. Je prends le temps de bien m'alimenter en mangeant un premier sandwich (et que ça fait du bien!). Je bois plusieurs verres de coca et je saisis un broc d'eau pour remplir – en galérant un peu – ma poche à eau. Je mange 2-3 aliments sucrés puis je repars en marchant tranquillement avec un autre sandwich. Je rappelle Julie pour la prévenir que je continue finalement tout en gérant très tranquillement la montée jusqu'à la Salle Barbara. Par automatisme, une fois la route traversée, je continue tout droit avant de me rendre compte que je dois aller tout de suite à droite pour descendre le long de la route.
Je me relance dans la descente et avance convenablement jusqu'à la première montée du parcours en forêt, après le pénible faux-plat.
Là, je gère mais je reviens progressivement sur un coureur que j'imagine être un gars du 100km car je le rattrape mais il s'agit en fait d'un concurrent du 50. J'ai déjà dépassé trois coureurs du 33km depuis le début de ce troisième tour, les coureurs encore en course sont tous bien entamés. J'engage la discussion avec Romain que je viens de rattraper. C'est le début d'une aventure de 15 kilomètres ensemble, ce qui va nous permettre de finir la course très convenablement, sans aucun doute bien mieux que si nous avions été chacun de notre côté !
Pendant près de deux heures, nous avançons en discutant, gérons les moindres petites montées, relançons en nous motivant dès que c'est plat ou descendant. Le temps passe beaucoup plus vite, les kilomètres défilent bien mieux et les difficultés passent beaucoup plus facilement quand on pense à autre chose qu'à ce qu'il nous reste à parcourir. En plus, maintenant, il fait beau. Ce n'est pas un grand soleil mais il ne pleut plus et les éclaircies sont fréquentes. Quel plaisir !
La première partie de la boucle passe sans soucis puis nous attaquons la redoutable montée ensablée du viaduc. En haut, nous ne nous précipitons pas à relancer, on profite de la traversée pour souffler en marchant tranquillement, solidaires dans nos souffrances respectives. Nous sommes cuits. Relance dans la descente puis nous enchaînons les différentes difficultés, péniblement mais sans douter. Celle du passage « paléolithique » est vraiment dure avec la fatigue, on marche le faux-plat qui suit, qui s'apparente à une bonne montée à ce moment de la course.
La suite est plus favorable et même l'ultime montée passe correctement car ça sent bon l'écurie ! On finit tranquillement et je me sens bien dans le final. Je préfère ne pas m'emballer et reste au maximum avec Romain et je relance juste davantage dans la petite descente qui nous amène vers les rues de Gometz-le-Châtel. La descente bitumée se passe bien, je gère le mur qui suit et je finis avec plaisir et soulagement, au bout d'un rude effort. Mais défi accompli avec une troisième boucle qui est très bien passée grâce à notre course commune avec Romain.
Résultat
Tandis que Julien termine 11ème en 5h16 (!) et Karim 32ème en 5h50, j'en finis de mon côté à la 51ème place sur 113 arrivants en 6 heures 13 minutes et 56 secondes. Romain termine 20 secondes plus tard et la première féminine à 50 secondes.
Nous profitons d'un super ravitaillement d'arrivée qui fait beaucoup de bien puis nous récupérons nos lots finishers (tee-shirt et produits locaux [confiture, miel, chocolat]). Au moment de repartir, je croise Xavier qui finit 66ème en 6h26 puis Bart et Bertrand en terminent eux au bout de 7h23.
Evidemment crevé après la course, tout va bien dès le lundi après une bonne nuit de sommeil ! Je n'ai pas eu de courbatures les jours suivant la course et ai beaucoup été prudent pour ne pas risquer un quelconque pépin physique.
Le week-end prochain, ce sera le Trail du Soldat de la Marne, une course qui me tient à coeur après ma participation à la première édition en 2017. Malheureusement, je n'ai pas pu en être en 2018 et pour que la récupération soit bonne après les Fauvettes, je serai bénévole cette année en tant que serre-file sur l'épreuve de 20 kilomètres. Le samedi, je serai également bénévole sur les courses enfants à Meaux comme chaque année.