Chaque été, je découvre une course dans les Alpes. C'est ainsi depuis 2016 et la Montagn'Hard, du côté de Saint-Nicolas-de-Véroce, ma première course en montagne de plus de 40 kilomètres (60 kilomètres et 5000 mètres de dénivelé positif). La même année, j'ai participé au Trail court du Bélier à La Clusaz. L'an dernier, c'est sur la petite distance de l'Echappée Belle que je me suis engagé mais je ne suis pas allé au bout (abandon au bout de 33,7 kilomètres et 2345 mètres de dénivelé positif au lieu des 47 kilomètres et 2800 mètres de dénivelé positif du Parcours des Crêtes complet).
Cette fois, c'est l'Ultra Tour des 4 Massifs que je vais découvrir et ce, en plusieurs étapes. D'abord, dès le lendemain de mon arrivée dans les Alpes, je vais du côté de Grenoble pour faire un peu de bénévolat. Préparation des "Welcome bags" et des piquets de balisage au programme dans une ambiance détendue mais sans chômer.
Je reviens le mercredi pour deux nouvelles missions. Nous balisons avec un groupe le début des courses du lendemain en partant de Seyssins jusqu'à la route se situant un peu plus haut que la Tour Sans Venin, un bon moyen pour moi de repérer le début de parcours - car je serai aligné sur le 20km Vercors qui part de là - sans l'avoir voulu.
L'après-midi, je retourne sur Grenoble, dans le gymnase où se déroule le retrait des dossards. Je passe quelques heures à trier les décharges signées par les coureurs, les miennes y compris puisque j'en profite pour récupérer mes deux dossards. En effet, je vais participer à deux épreuves de l'UT4M. J'ai hésité sur le format mais, après avoir été tenté de m'essayer sur deux UT4M40, j'ai été davantage raisonnable en m'inscrivant à deux épreuves mais une plus courte :
UT4M 20 Vercors : 19,4 kilomètres / 1728 mètres de dénivelé positif - 517 négatif (Jeudi 23/08 - 8h00)
UT4M 40 Chartreuse : 41,9 kilomètres / 2540 mètres de dénivelé positif - 2610 négatif (Dimanche 26/08 - 7h00)
Ut4M 20 VERCORS
Ayant récupéré mon dossard le mercredi, je n'ai qu'à me rendre directement sur le lieu de départ, hors de Grenoble, au Parc François Mitterand, devant la Mairie de Seyssins. Le stationnement y est assez simple puisqu'un parking est à notre disposition. C'est moins évident dans Grenoble. J'ai sur moi tout le matériel obligatoire exigé pour la course, contrôlé la veille au gymnase. Pour la tenue, je porte encore mon sweat Kikouroù car il ne fait pas très chaud mais je le retirerai évidemment avant le départ. Autrement, j'ai mes Kalenji Kiprun Trail XT6 aux pieds, mon cuissard court, un tee-shirt, la casquette et mon sac à eau avec 1,5 litre d'eau dans la poche.
Je rentre dans le sas de départ peu avant 7h30 où je retrouve Sab et Fab qui participent à l'UT4M Challenge (les 4 Massifs en 4 jours par étapes d'une quarantaine de kilomètres chacune). Participant au 20km, je me place un peu plus devant mais tout de même bien en retrait car je ne compte pas partir vite. Je sais que la course se résume globalement à une montée étalée sur 16 kilomètres avant 5 kilomètres finaux plus favorables à la course.
L'attente est un peu longue mais cela passe vite. Il fait beau ce matin et je profite de la vue vers ce que nous allons grimper, Moucherotte, environ 1600 mètres d'altitude plus haut que le départ. Après quelques mots des élus et un bref briefing, le départ est donné peu après 8h00 pour les plus de mille concurrents présents ce matin, alignés sur le 20 Vercors, le 40 Vercors ou le Challenge qui emprunte exactement le même parcours que le 40 bien sûr.
Les premiers kilomètres, je les connais bien, du coup. Je les ai balisés la veille, ils sont fraîchement encrés dans ma tête et je sais qu'ils ne sont pas particulièrement 'glamour'. Mais par contre, je les trouve plus agréables à faire en course qu'en simple randonnée. Les premières dizaines de mètres se font dans le parc dans lequel le peloton forme une masse qui a du mal à s'étirer mais les centaines de mètres qui suivent sont plus favorables à cela, dans les rues de Seyssins. On attaque une bonne descente avant une belle petite bosse courte mais pentue. Direction les bois ensuite pour le début de la longue montée vers le sommet de Moucherotte.
Je m'en suis rendu compte mercredi, le début de course est globalement très roulant. Il est difficile pour moi d'envisager de marcher vu que la pente n'est pas raide car je ne fais "que" 20 kilomètres. Du coup, cela part assez vite mais je trouve un plutôt bon rythme et je me sens assez en forme. Ce n'était pas gagné au réveil mais à priori, cela va plutôt pas mal. Je pense avoir pris le départ qu'il fallait car je me sens bien à ma place à cette position dans le peloton. Ce que je n'aime pas sur ce début de course où nous avons du monde autour, c'est qu'il faut régulièrement slalommer entre les coureurs avec leurs bâtons. Et souvent, on passe tout prêt de s'en prendre un coup tant ils ne font pas attention à leur positionnement.
Dès que cela monte plus fortement, je me mets logiquement à marcher mais dans l'ensemble, je trottine beaucoup sur ce début de course. Je sais que la suite sera bien plus complexe. Tout se passe bien, je progresse correctement sur ces premiers kilomètres de course que je pensais haïr car je n'aime pas quand il faut courir longtemps sur des pentes peu pentues mais en fait, j'en profite bien. Une fois arrivé au niveau de la Tour Sans Venin où nous pouvons apprécier un beau panorama sur la Chartreuse et Grenoble - j'ai pris le temps de le regarder la veille donc j'avance, concentré sur ma course - l'on quitte la partie la plus roulante du parcours.
Il y a du monde pour encourager à cet endroit accessible en voiture. Nous traversons la route grâce aux signaleurs puis retrouvons une pente plus raide. Je profite de mon élan pour courir un peu et remonter quelques concurrents avant de me remettre à marcher. Nous retournons dans les bois, la dernière portion que notre groupe a balisé. Là, je ne cours plus. A partir de maintenant, même si la pente est moins raide, je ne relance pas. Je ne cours que si c'est plat ou descendant. C'est mon choix pour gérer au mieux ma course car je n'ai aucun objectif et que j'ai un peu envoyé sur le début de course, quand même.
Nous avançons, doucement mais sûrement, jusqu'à la route que nous retrouvons une nouvelle fois un peu plus haut. Cela monte encore bien mais raisonnablement, jusqu'à ce que nous arrivions en bas du tremplin du Dauphiné, celui qui a servi aux épreuves de Saut à Ski des Jeux Olympiques de Grenoble en 1968 ! Nous y avons une belle vue vers... le haut du tremplin que nous allons devoir rejoindre. C'est là que se trouve le premier et unique ravitaillement du 20km (en dehors du ravitaillement d'arrivée). Mais cela se mérite, comme nous le fait comprendre un panneau : "Courage, le ravito est en haut du tremplin !".
Débute une montée à la queuleuleu des marches en bois qui nous emmènent tout en haut du tremplin. Ces marches sont globalement régulières mais certaines sont en piteux état, enfoncées. L'allure est relativement lente mais cette section est éprouvante. Personne ne double, c'est particulièrement étroit et pentu. Nous longeons la piste sous le tremplin, par la gauche. Une fois en haut de cette première partie de la montée, nous basculons à droite pour longer le tremplin en lui-même cette fois.
Là, il y a un petit chemin sur la gauche, en alternative des marches. Préférant cela à la grimpe de marches, je l'emprunte sur quelques mètres et double un concurrent avant de revenir au niveau de l'escalier là où le chemin n'existe plus vraiment. Quelques photographes immortalisent cette montée du peloton de l'Ut4M tandis qu'en haut, des suiveurs de coureurs nous accueillent par des applaudissements et des encouragements. Il y a de l'ambiance, ça fait plaisir.
J'arrive enfin en haut, virage à droite et me voilà au ravitaillement de St-Nizier. Je ne m'arrête pas longtemps car il ne reste pas beaucoup de kilomètres à parcourir mais je mange un morceau de banane, quelques morceaux d'orange et je prends un peu de coca à l'aide d'un bénévole, de quoi me requinquer un peu après ce passage difficile et avant ce qui nous attend.. !
Depuis le départ, je calcule approximativement ce qu'il peut bien nous rester à faire, en kilomètres et en dénivelé. J'ai quelques repères grâce au balisage de la veille mais du coup, cela m'inquiète un peu car j'estime qu'il nous reste au moins 600 mètres de dénivelé positif à faire encore, après le ravito, alors que nous ne sommes qu'à à peine 3 kilomètres du sommet de Moucherotte... Cela s'annonce corsé !
C'est clairement la portion la plus dure de la course. La partie la plus usante pour bon nombre d'entre nous et cela se sent à l'allure de chacun. Il y a peu de dépassements à l'exception de quelques coureurs plus à l'aise ou quelques concurrents qui craquent un peu physiquement. C'est assez marquant cette sensation que personne n'avance, ni les autres, ni nous-même.
Je ne m'en sors pas trop mal. Je limite la casse vis-à-vis de ceux qui me devancent et je creuse un peu l'écart sur mes poursuivants, à l'exception - une nouvelle fois - de ceux qui grimpent vraiment mieux. La montée se découpe en plusieurs sections différentes, généralement bien raides. L'avancée est assez pénible. Il y a juste une petite descente à un moment mais sinon, ce sont 3 kilomètres de montée.
C'est dans cette portion que je croise quelqu'un, en sens inverse, qui s'arrête à mon niveau en reconnaissant ma casquette de kikoureur et me demande mon pseudo. Il s'agit de samontetro, le local de l'organisation de l'Ultra Trail du Vercors ! Sympa de le croiser à ce moment, ça change les idées.
Au fur et à mesure, l'on commence davantage à deviner vers où l'on va, les hauts de Moucherotte se dévoilent progressivement. A un moment, je profite d'un beau panorama sur la ville pour souffler un peu et contempler le paysage avec tous ces massifs montagneux qui nous entourent avant de repartir un peu plus tranquillement, en mangeant une pâte de fruit. Puis, je reprends mon rythme assez régulier jusqu'au sommet.
Nous finissons par l'apercevoir ce dernier et, après un dernier effort, nous y parvenons. L'on y croise quelques randonneurs qui nous félicitent chaleureusement. C'est sympa. Je ne prends pas trop le temps d'admirer le paysage cette fois car je sais qu'il ne reste plus que 5 kilomètres de descente pour rejoindre l'arrivée, il n'y a plus qu'à ! Les premiers mètres sont un peu techniques, je suis bloqué par une féminine du Challenge peu à l'aise ici. Je me méfie car les cailloux sont glissants.
J'avale sans difficulté cette partie plus technique qui m'est favorable puis j'attaque relativement fort sur la première partie de la descente, très peu pentue. Nous avançons sur un chemin très large et plein de cailloux. Je suis motivé pour courir un peu car l'on marche beaucoup depuis le départ et surtout depuis la Tour Sans Venin. Je suis aussi décidé à rattraper quelques concurrents, peu importe leur distance, juste pour le moral.
Cela se passe très bien pendant quelques centaines de mètres, je déroule, très à l'aise et je double pas mal puis la pente se raidit davantage. Tant que ce n'est pas très pentu, je me sens bien mais, malheureusement, lorsque cela devient plus raide, je ressens quelques douleurs dans le bas du ventre, au niveau abdominal ou costal. Cela m'arrive quelques fois, peut-être à cause d'une crispation. J'essaie de me relâcher mais la douleur ne part pas donc je ralentis un peu la cadence.
A moins de 3 kilomètres de l'arrivée, je m'arrête même sur le côté pour satisfaire un besoin naturel, ce qui me vaut une remarque ironique de la part d'un concurrent que j'ai dépassé peu de temps avant : "ah, c'est qu'elle est chiante, cette prostate, hein !". Je repars à l'assaut de la descente immédiatement, cela ne va pas beaucoup mieux mais il ne reste quasiment rien à faire, je serre les dents et j'avance !
Nous croisons là aussi quelques randonneurs très encourageants, cela me force à sourire un peu pour les remercier de leur soutien. Nous dévalons les dernières pentes avant d'arriver aux pistes de Lans-en-Vercors. Ultime petite remontée dans la terre et je franchis l'arche d'arrivée ! Que c'est passé vite finalement cette course.
Une fois mon dossard badgé, je file au ravitaillement manger un peu de melon et d'orange et boire du coca. Cela fait du bien. Je suis littéralement trempé par la sueur. Il a fait assez chaud mais c'était supportable. Des conditions météo idéales avec du beau temps alors qu'il a éclaté un bel orage la veille dans le coin et que les prévisions n'étaient pas parfaitement bonnes pour aujourd'hui.
Je termine cette première épreuve dans un temps qui me surprend, en moins de 3h00 mais de justesse : 2 heures 58 minutes et 59 secondes. Je suis également très agréablement surpris par mon classement, 21ème sur 185 partants. Je suis derrière les deux premières féminines mais devant la troisième. Beaucoup de concurrents du 40 et du Challenge sont arrivés avant moi mais mon classement sur le 20 me satisfait pleinement, surtout que je n'ai pas cherché à faire un résultat. Je termine 13ème senior. Maintenant, place au repos pour être en forme dimanche car ce sera une toute autre histoire avec 42 kilomètres au programme, 2500 mètres de dénivelé positif ET négatif ! Je serai bénévole les deux prochains jours pour continuer à vivre pleinement l'événement.
Rien à redire de mon côté sur l'organisation malgré les remarques ou critiques que j'ai pu entendre ça et là. Je sais à quel point ce n'est pas évident de gérer un tel événement. A l'exception d'un point noir à mes yeux, la communication et la gestion des navettes ! J'ai réservé ma place - payante - à mon inscription pour me faciliter la logistique car nous arrivons loin du lieu de départ de l'épreuve. Bien qu'il soit indiqué que c'est susceptible de changer, il nous est quand même indiqué sur le roadbook que les premières navettes partent à partir de midi de Lans-en-Vercors, horaire également annoncé par le speaker au micro à un moment. Or, il nous est indiqué que la première ne sera finalement qu'à 14h... Et encore, la certitude n'est pas totale !
Heureusement, j'ai la chance d'être ramené sur Seyssins par un coureur après avoir longtemps discuté de tout et de rien avec son frère, lui aussi engagé sur le 20km. Cette attente de la navette aura au moins permis de sympathiser avec quelques concurrents avec qui l'on a pu blablater autour d'une table pendant quelques dizaines de minutes.
Vendredi et samedi, entre mes deux courses, je profite de mon temps libre pour participer à de nouvelles missions en temps que bénévole pour l'Ut4M. Le vendredi, je retourne ainsi à Seyssins pour la mise en place de l'aire de départ du 169km. Pas mal de manutention le matin et encore davantage en fin d'après-midi avec - entre autres - toutes les barrières à remonter et ranger alors qu'elles étaient déjà installées le matin puisque mises en place pour les courses de la veille. Mais également deux repas "Pasta Party" partagés au Palais des Sports de Grenoble avec d'autres bénévoles, c'est convivial. Et j'ai pu croiser pas mal de kikoureurs du 169 juste avant le départ et assister à ce dernier après avoir participé au contrôle du matériel obligatoire des sacs des concurrents. Rebelote le samedi matin pour le départ du 10km, Place Victor Hugo à Grenoble.
Album photo du départ des kikoureurs repérés (grâce aux casquettes !) et de Luca Papi
Ut4M 40 CHARTREUSE
Un an jour pour jour après mon échec dans Belledonne avec mon abandon au Pontet sur le Parcours des Crêtes, c'est l'heure de la revanche, en Chartreuse et sur l'Ut4M cette fois ! En revanche, une problématique de logistique se profile car la navette est prévue pour 5h00 au départ de Grenoble... Le réveil va piquer ! Je pars donc me coucher très tôt samedi soir, peu après 19h00, pour un réveil à 3h30 samedi matin !
Je rejoins d'autres concurrents dans l'une des navettes mises à disposition et nous partons de l'esplanade du Musée à 4h57... pour une arrivée à Saint Nazaire les Eymes à 5h17 ! Il y avait pourtant une sacrée marge. D'autant que lorsque l'on arrive sur place, le membre du staff bénévole qui nous accueille refuse catégoriquement que nous entrions dans le bâtiment Base Vie où se reposent les concurrents du 170km. C'est compréhensible mais 1h45 à attendre dans la froid après un réveil très tôt, c'est pour moi le hic majeur de cette semaine car pour la suite, tout va parfaitement se dérouler. D'autant que sans épiloguer sur la question, un autre bénévole va nous permettre de nous poser dans un couloir, au chaud.
C'est ensuite à 6h25 que je fais mon entrée dans le sas de départ, une fois ma puce badgée, parmi les premiers coureurs à y entrer et ce juste après avoir croisé une personne avec qui j'avais préparé les jalons de balisage dimanche dernier sans savoir que c'est un kikoureur, le mieux classé du Challenge, IziiJon. Je retrouve ensuite à l'intérieur du sas Sabine et Fabrice, à l'attaque du quatrième et dernier massif en quatre jours ! A 7h00, dans des conditions idéales bien qu'encore un poil fraîches, nous nous élançons sur le parcours du 40km Chartreuse !
Sweat Kikouroù retiré au dernier moment, je m'élance avec mon sac bien chargé (matériel obligatoire, 1 litre et demi d'eau et de quoi m'alimenter, en cas de coup de moins bien entre les ravitaillements). Comme d'habitude, j'ai la casquette Kikouroù sur la tête et les Kalenji Kiprun Trail XT6 aux pieds. En revanche, c'est un short que je porte aujourd'hui au lieu de mon habituel cuissard, un short de Badminton même. Et en haut, j'ai mon tee-shirt de l'Echappée Belle de l'an dernier, comme un symbole.
Le début de course se fait en ville, comme chaque jour, avec quelques centaines de mètres sur le bitume. Je ne pars pas en fond de peloton mais je me suis également reculé des premières lignes pour éviter un départ trop rapide, je ne veux pas me cramer d'entrée de jeu. Mais je ne veux pas non plus être bloqué lorsque le chemin se rétrécit. Du coup, je double quelques coureurs qui partent vraiment doucement avant de me retrouver à ma place au sein du peloton. Cela trottine tandis que la pente se raidit légèrement. Nous atteignons ensuite les chemins, à travers les champs. Je serais bien tenté de commencer à marcher mais vu comme cela avance autour de moi, je serre un peu les dents pour continuer de courir, jusqu'à ce que cela devienne vraiment plus pentu.
Une fois dans les bois, on se retrouve dans une portion difficile de cette première montée de la journée, en direction d'Emeindras. L'air n'est pas très chaud mais la montée nous permet de ne pas avoir froid. Dès qu'il y a la moindre possibilité de relance, les concurrents qui me devancent et mes poursuivants courent donc je les imite un peu par obligation. Au moins, cela réchauffe. En revanche, tout le monde marche dès que cela grimpe. Pendant quelques minutes, nous avons le droit à un concert de blagues de quelques coureurs bien en forme ce matin, cela égaie un peu la montée car autrement, la concentration prime.
Nous retrouvons ensuite une section plus favorable qui me convient davantage. Cela continue de bien monter mais moins sèchement et de façon plus régulière avec des relances de temps en temps. Je suis focus sur ma course mais cela ne m'empêche pas d'écouter les discussions d'autres concurrents voire de glisser quelques mots de temps en temps, ce qui est loin d'être désagréable en début de course. Je double alors deux connaissances que j'ai plaisir de retrouver. D'abord, KiLlian, kikoureur que j'avais déjà salué à son départ de la Base Vie, engagé sur le 170km. Il m'avait dit que je ne le rattraperais pas, ironiquement bien sûr. Je le fais mentir ! Et je rattrape également Eric du magasin Running Conseil de Pontault-Combault. Engagé sur le Challenge, il était passé loin devant moi à Lans en Vercors jeudi ! Mais aujourd'hui, je vais avoir un peu de marge grâce à ma fraîcheur. Lui, il profite !
Lorsque nous arrivons aux environs des 1400 mètres d'altitude, nous nous retrouvons dans le brouillard. L'on ne voit plus grand chose et c'est très humide. Tellement humide que je glisse sur les pierres dans la montée. Heureusement que c'est en montée d'ailleurs. Sans bâton, je lutte un peu dans cette courte portion mais je finis par m'en sortir.
La montée par le Col de la Faîta est longue dans son ensemble mais passe plutôt bien. Après une petite descente - où je chute très légèrement sur une partie herbeuse, sans la moindre conséquence puis où je butte sur une racine mais parviens à me rattraper - et une remontée un peu plus sèche, nous croisons deux panneaux postés par l'organisation à l'approche du premier ravitaillement, un qui nous prévient que cela monte encore puis un autre qui nous avertit que si l'on veut de la pastèque, il faut continuer à grimper. Cela donne toujours le sourire ce type de messages ironiques.
Je finis par arriver au Habert de Chamechaude après 2 heures et 10 minutes d'effort, en 82e position du 40km. La montée n'étant pas mon fort, c'est correct pour moi. Je profite du ravitaillement - dépourvu de pastèque ! - pour manger un peu d'orange, une fraise tagada et boire du coca. C'est alors que je retrouve Raya, engagé sur le 170km et à qui il reste moins de 30 kilomètres à parcourir avant l'arrivée, la montée au sommet de Chamechaude n'étant pas maintenue pour les concurrents de l'ultra, ce qui le déçoit.
Je repars tranquillement mais en forme, en discutant au passage avec quelques inconnus. Des échanges toujours sympas, rendus faciles en pleine course car nous faisons un effort commun, sur un même parcours donc nous vivons la même aventure. Et c'est parti pour un passage en single très varié, le genre de portions me correspondant parfaitement. Mes ardeurs y sont un peu freinées par les concurrents qui me devancent mais je vais les doubler progressivement et cela aura le mérite de m'empêcher d'y mettre trop d'énergie. J'ai généralement tendance à m'user dans ces parties que j'affectionne.
C'est relativement technique, sur un petit chemin jonché de racines et de pierres où nous alternons entre faux plats montants et descendants. C'est ainsi pendant quelques centaines de mètres avant d'attaquer la véritable montée vers le sommet de Chamechaude, que l'on m'a vendue comme bien rude. Elle ne sera effectivement pas simple mais en comparaison avec les derniers kilomètres de la montée du Moucherotte jeudi, je m'attendais à bien pire.
Il faut aussi dire que je suis plutôt bien en jambes aujourd'hui. Dans ces lacets relativement réguliers, je suis à la peine car cela monte tout de même bien et nous avons la visibilité vers le haut qui nous montre que nous ne sommes pas encore arrivés en haut mais je suis confiant et j'avance avec régularité, sans faiblir. Je n'ai pas la capacité d'accélérer mais je gère la montée. Au but d'un moment, nous nous retrouvons à croiser la tête de course qui dévale la pente à vive allure. C'est assez dangereux car le chemin n'est pas très large mais cela met un peu d'animation. J'en profite pour féliciter et encourager ces concurrents qui ont bien de l'avance sur nous.
Finalement, cela ne dure que quelques lacets car, plus loin, nous poursuivons la montée sur un chemin différent que cela emprunté en descente. Finis les croisements. La pente se raidit légèrement progressivement mais l'on arrive assez vite en haut, presque étonnés. Les bénévoles ne badgent que les coureurs du Challenge mais nous souhaitent tout de même une bonne descente.
C'est parti pour un peu moins de 10 kilomètres de descente jusqu'au Sappey ! Et là, je vais absolument me régaler ! Le début de cette descente est super agréable, sur un single dans les hauts de Chamechaude. Cela descend bien, parfois un peu technique mais rien de difficile. Cela se corse un peu plus bas lorsque l'on commence à croiser les concurrents du 40km et du Challenge qui sont encore dans la montée. Le croisement n'est pas toujours facile mais globalement, cela se passe bien.
Il faut dire que ceux que nous croisons désormais, ils prennent plutôt leur temps dans cette montée et ne sont pas particulièrement pressés d'être en haut. Face à des coureurs plus ambitieux, cela serait sûrement moins évident. Là encore, mes ardeurs sont bien calmées car je me retrouve à l'arrière d'un petit groupe qui descend plutôt bien mais certainement pas aussi vite que si j'avais été isolé. Tant mieux car il reste encore beaucoup de kilomètre à parcourir aujourd'hui. Ce serait dommage de se cramer si tôt dans la course.
Un peu plus bas, je finis par dépasser petit à petit les 3 ou 4 concurrents qui me devancent et je lâche donc les chevaux, à la faveur du passage dans les bois. Nous quittons donc la partie de descente sur les cailloux pour une descente sur de la terre, un peu grasse mais pas glissante. Je suis très à l'aise, je double du monde, notamment des coureurs du 170km que je ne manque pas de féliciter pour leur courage. Chapeau à eux ! Ils ont pas moins de 140 kilomètres dans les jambes.
Je déroule tout du long, en ne ralentissant que lorsque la pente se redresse devant nous, quelques fois, pour quelques mètres de montée. Sinon, je file en descente. Je prends vraiment mon pied, très appliqué sur ma respiration, pour ne pas connaître les soucis rencontrés jeudi dans la descente vers l'arrivée. J'ai également pris soin de satisfaire un petit besoin personnel avant la descente, à vrai dire. Nous passons par une zone bien humide où je passe sans calculer, cela me permettra d'arroser mes jambes avec un peu de boue. C'est bon pour la peau, paraît-il !
Je finis également par rattraper Raya dans cette descente, au moment où il fait demi-tour pour ramasser quelque chose qu'il vient de faire tomber, l'occasion pour moi de le charrier au passage. Dans les derniers kilomètres avant le deuxième ravitaillement de la course, je me retrouve aux côtés d'un concurrent du Challenge qui descend toujours plutôt bien et qui est plus efficace que moi en montée. Nous discutons un peu, encore un échange très sympa. Il permet de faire passer assez vite les centaines de mètres avant le Sappey, y compris les portions sur bitume moins agréables.
J'arrive au ravitaillement dans un état de fraîcheur inattendu qui me ravit pleinement. A peine entrée dans le bâtiment, je suis accueilli par une bénévole qui me demande ce dont j'ai besoin. Elle me propose de remplir ma poche à eau, ce que j'accepte afin d'être certain d'avoir assez d'eau jusqu'à la fin de la course. Je sais l'importance de l'hydratation mais depuis le départ, il ne fait pas très chaud et je ne transpire pas beaucoup donc je n'ai pas bu plus d'un demi litre. Malheureusement, ce remplissage va encore davantage diminuer ma consommation d'eau alors que je me serais autrement plus hydraté sur la deuxième partie de course.
En fait, en complément de la Cristaline que j'avais jusqu'alors dans ma poche, je récolte une horrible eau de fontaine - je pense - au goût qui m'est fortement désagréable et qui va "contaminer" toute mon eau. Ainsi, à chaque fois que je bois, ce n'est pas du tout un plaisir et même plutôt une contrainte, même lorsque j'ai soif. Je profite tout de même du ravitaillement pour manger un peu d'orange et boire du coca, comme d'habitude. Je ne reste pas longtemps même si j'ai - en plus - été bloqué par la difficulté rencontrée par la bénévole pour refermer ma poche à eau. Mais malgré tout, un grand merci à elle pour son accueil et son aide !
Arrivé en 3 heures et 48 minutes, je ressors 4 minutes plus tard du Sappey en Chartreuse. Je suis 61ème du 40km soit 21 places de gagnées depuis le Habert de Chamechaude. La descente a dû beaucoup jouer dans cette belle remontée au classement. Tant mieux car la suite, c'est aussi beaucoup de descente, l'essentiel du dénivelé positif étant concentré sur le début de course (2000D+ jusqu'au sommet de Chamechaude).
Pour beaucoup, une fois au sommet de Chamechaude, le plus dur est fait car il n'y a quasiment plus de montée. Sauf que moi, j'ai bien remarqué depuis la découverte du profil de la course qu'il reste tout de même une belle difficulté. Et c'est vers elle que nous nous dirigeons désormais. Avant cela, il nous reste un peu de descente donc je déroule bien mais je calme le jeu pour garder de l'énergie. J'ai bien en tête que je devrais pouvoir dérouler ensuite sur la fin de course.
Nous arrivons donc assez vite à la dernière grosse difficulté de la course, la montée du Saint-Eynard. Elle n'est pas très longue mais il y a tout de même pas mal de dénivelé positif à franchir. Et surtout, je n'ai plus envie de monter désormais, après la belle descente que nous avons passée. Le début de course a été chargé en D+ donc cette grimpette ne m'enthousiasme pas spécialement. D'autant que la montée s'avère assez inintéressante puisque nous montons dans les bois de façon assez irrégulière et sans panorama. C'est usant et je subis complètement ce Saint-Eynard que je me mets à détester.
J'avance en mode "un pied devant l'autre", je partage ma peine avec un autre concurrent dans le même état que moi et je laisse passer quelques concurrents bien plus à l'aise que moi lorsque la pente se dresse devant nous, majoritairement armés de bâtons. Je n'ai qu'une hâte, en finir avec cette montée qui me semble tellement longue ! J'en ai marre, vivement la descente !
Nous arrivons au Fort de Saint-Eynard, un véritable soulagement après une montée catastrophique. Nous commençons à descendre et bim, un coup sur la tête, cela monte encore ! Pfiou, raz le bol. Allez, je franchis cette courte mais raide bosse et ça y est, je peux me lâcher complètement dans la descente. Et là, je vais véritablement envoyer. Je rattrape de nombreux concurrents des différentes distances que je double rapidement, je croise de nombreux randonneurs qui y vont majoritairement de leurs encouragements, ça fait très plaisir. Toujours très appliqué sur ma respiration, je me sens hyper à l'aise en descente aujourd'hui, quel pied ! Je me régale, j'adore.
Je grappille encore quelques places et c'est au bout de 5 heures et 5 minutes de course que j'arrive au troisième et dernier ravitaillement de la course, au Col de Vence. 4 nouvelles places de gagnées, je pointe en 57ème place. Encore une fois, je bois un peu de coca et je mange de l'orange, un rituel bien rodé. Il me reste 11 kilomètres à parcourir, essentiellement de la descente à l'exception des premiers kilomètres. Un des bénévoles du ravitaillement m'indique qu'il reste 140 mètres de dénivelé positif en faux-plat montant sur un chemin à franchir avant de basculer dans la descente à 8 kilomètres de l'arrivée. C'est noté !
C'est donc en marchant que je repars du ravitaillement, en finissant de boire mon coca dans la courte redescente le long de la route. Nous la quittons quelques mètres plus bas, au niveau d'un bénévole, pour retrouver de la montée sur la droite. Effectivement, ce n'est pas très pentu, ce qui me permet de relativement bien avancer, tout en continuant de marcher. Je dépasse la féminine qui me devançait à la sortie du ravito et je monte efficacement, boosté par la description du final que m'a fait le bénévole.
Cependant, les 140 mètres de dénivelé positif ne passent pas aussi facilement que je l'aurais espéré. Je me retrouve aux côtés de deux concurrents du Challenge avec qui j'échange quelques mots notamment quand, lorsque nous arrivons en haut, je les dépasse à la relance avant de me rendre compte que cela remonte encore un peu. Ils me redoublent puis rebelote un peu plus loin. En descente, je les dépasse à nouveau mais non, deuxième fausse alerte, encore un peu de montée.
La troisième est la bonne, cette fois, en haut du Rachais, l'on bascule bien dans la descente vers La Bastille. Je suis encore bien en jambes et je vais effectué une grosse dernière descente. J'avance à grandes foulées et je déroule bien. C'est une descente en sous-bois, sur chemins larges mais en lacets donc j'apprécie bien. Une descente qui me convient parfaitement donc j'envoie encore une fois. Cela aura très nettement été mon point fort aujourd'hui. Je double encore quelques concurrents des différentes distances.
Au bout de quelques kilomètres, nous arrivons à la Bastille. Là, nous attaquons une longue série d'escaliers à descendre. J'aurais détesté les monter mais je les descends avec grand plaisir, plutôt efficace je pense. Vers le milieu, je me retrouve juste devant une fille qui ne fait pas la course mais qui fait son footing ici. Elle reste derrière moi dans les marches pour me laisser la priorité puis je la laisse passer en bas des escaliers. Là, elle me tire pendant de nombreux lacets en m'encourageant à ne pas lâcher et à continuer d'allonger la foulée.
Tant que cela descend, je suis toujours bien mais je baisse un peu d'intensité en ayant bien en tête que les derniers kilomètres se font en ville et que je risque de les subir fortement si je mets toute mon énergie dans la descente. Un peu plus bas, c'est Pierre que je retrouve. Venu m'encourager depuis Sassenage, il fait quelques centaines de mètres avec moi, une compagnie qui fait du bien à ce moment de la course, surtout dans le début de la partie en ville sur laquelle il m'accompagne, notamment dans le léger faux-plat montant le long des quais.
Je me retrouve ensuite seul pour les deux derniers kilomètres. Je bénéficie parfois de quelques encouragements de riverains ou de spectateurs qui font du bien mais sinon, je suis très esseulé à suivre la ligne que nous devons suivre dans les rues de Grenoble, tracée au sol. Je n'en peux plus, je veux franchir l'arrivée maintenant. La fin est longue mais que cela fait du bien de se retrouver le long de l'esplanade, à quelques pas de l'arche d'arrivée, à passer devant les familles de tous les coureurs attendus ici.
Derniers virages à droite, la puce de mon dossard est badgée, je suis finisher ! Ultime ligne droite et je franchis la ligne avec soulagement. Quelle belle course, je me suis régalé ! Mais là, je suis complètement épuisé. Je profite du ravitaillement de l'arrivée, j'échange quelques mots hors micro avec le speaker puis je vais m'allonger un peu et surtout, enfin retirer mon sac de mes épaules ! J'ai également récupéré mon tee-shirt jaune de finisher du 40km entre temps.
Je termine à la 53ème position sur 420 partants avec encore 4 places de gagnées depuis le Col de Vence. J'ai pris un plaisir fou dans toutes les descentes. J'ai juste détesté le Saint-Eynard et un peu subi les derniers kilomètres dans Grenoble mais sinon, cela a été une journée de rêve avec des conditions météorologiques parfaites. Il fait même désormais bien chaud à Grenoble, sous un soleil éblouissant. Je termine en 6 heures 12 minutes et 3 secondes ces 43,5 kilomètres et pas loin de 2800 mètres de dénivelé positif. Avec les 11 derniers kilomètres bouclés en 1 heure et 7 minutes malgré ma longue marche jusqu'au Rachais et les nombreuses marches de la Bastille à descendre. Je suis ravi !
La suite de la journée est juste une fin parfaite. J'échange quelques mots avec chaque bénévole que j'ai côtoyé pendant la semaine, je retrouve RunPhil à l'arrivée, brillant finisher du 95km dans la nuit puis Raya qui a fini très fort sur le 170km, finisher d'une course parfaitement géré. Nous assistons ensuite avec grand plaisir à la superbe arrivée de Sabine et Fabrice qui en terminent du Challenge, 4 massifs en 4 jours. Une très belle aventure sur laquelle ils ont pris énormément de plaisir. Puis, je fais connaissance avec Loiseau, autre kikoureur, membre du staff bénévole ou encore arnauddetroyes, lui aussi finisher du 170km. L'on recroise IziiJon à l'occasion du buffet de fin de course. Il m'avait dit viser moins de 6h30 sur la Chartreuse aujourd'hui, il a finalement mis 5h30 (!!) mais cela ne lui permet pas d'intégrer le top 30 d'un Challenge très dense.
Une fin de semaine en forme de véritable cerise sur le gâteau avec de nombreux délires, notamment sur la fameuse 1ère place de Fabrice d'après Geofp, bug informatique incompréhensible ou encore pour terminer avec une salsa endiablée et à vrai dire plutôt hilarante de certains kikoureurs aux talents cachés. Une aventure Ut4M que j'ai vécu à fond pendant 8 jours et une semaine de bonheur, tout simplement. Du partage, des missions très variées, deux belles courses très différentes, je ne boude pas mon plaisir, franchement.
Merci à tous pour ces beaux moments. Bénévoles, organisateurs, coureurs, tous acteurs d'une nouvelle très belle expérience. Nous sommes lundi 27 août, je redescends doucement de mon petit nuage, heureux comme un gosse.