Pour la troisième fois, je pars un week-end en Belgique, dans la chouette ville francophone de La Roche-en-Ardenne, en région wallonne. En 2015, j'ai pris part pour la première fois au Trail des Fantômes en m'alignant sur le 31km alors que je n'avais jamais fait plus de 25km. Je suis tombé amoureux de ce coin et du parcours. Je suis donc revenu en 2016 pour 33km et j'y retourne cette année. Cette fois, la course étant proche de mes prochaines échéances dans les Alpes, je ne choisis de m'aligner que sur 22km. Cela devrait déjà être pas mal !
Cette année, je viens à La Roche avec mes parents car c'est l'occasion de passer un week-end bien sympa en Belgique. Il n'y a qu'un peu plus de 3h de route et je prends une chambre à l'Hôtel Floreal puisque c'est dans la cour de l'établissement qu'est situé le village de la course avec l'aire de départ et d'arrivée ainsi que les stands des partenaires et du retrait des dossards. C'est pratique et très confortable. Nous arrivons donc le samedi pour repartir le lundi matin.
Nous profitons en plus d'un week-end ensoleillé ! Un peu chanceux car les prévisions météorologiques ont été assez changeantes toute la semaine. Je récupère mon dossard pour la course du lendemain dès notre arrivée puis, après un bon repas, nous allons voir passer les coureurs des épreuves du jour au niveau de la traversée de la rivière, à moins de 500 mètres de l'arrivée. Il y a de l'ambiance et le spot est très agréable.
Puis, direction la chambre de l'hôtel pour un peu de repos en prévision de ce qui m'attend dimanche matin. Je n'aurai certes que 22 kilomètres à parcourir mais il y a tout de même 940 mètres de dénivelé positif à franchir et je sais que par ici, le tracé est toujours assez exigeant. Je m'attends à un beau parcours, comme chaque année.
Je prépare également mes affaires pour être tranquille avant la course. Le départ du 22km est prévu pour 10h30, le timing est très large puisque nous prendrons le petit-déjeuner à l'hôtel vers 8h00. Les conditions sont idéales pour aborder la course du mieux possible. Je prévois de toute manière d'y aller en gestion, en estimant ma durée de course entre 2h30 et 3h00, selon la forme donc une arrivée en début d'après-midi entre 13h00 et 13h30.
Pour la tenue, on n'aura pas froid donc je pars évidemment avec un simple tee-shirt, celui de l'Echappée Belle avec le dossard 1296 accroché à l'avant. Casquette Kikouroù sur la tête, cuissard court et chaussures de Trail Kalenji Kiprun XT6. Je pars avec mon sac Salomon pour être certain de pouvoir m'hydrater et m'alimenter correctement pendant la course. Du coup, je prends avec moi mes deux flasks remplies de 500mL d'eau plate chacune ainsi que deux gels, deux pâtes de fruit et une pâte d'amande.
Après un petit-déjeuner bien consistant, je finis de me préparer et je descends me positionner à proximité de la ligne de départ, vers 10h15. L'ensemble des concurrents se rapproche de l'arche noir Scott mais personne ne se met en première ligne, les premiers restent à presque 2 mètres alors que le départ est imminent, c'est assez surprenant. Cela me démange de prendre les devants mais je préfère rester en retrait pour partir en gestion. Je prévois de faire ma course à mon rythme pour profiter du parcours sans forcément me mettre dans le rouge et d'aviser en fonction de l'avancement des premières féminines car c'est un bon repère pour moi. A chaque fois, mon niveau est semblable à celui de la 1ère femme de la course sur le Trail des Fantômes (juste devant moi en 2015 et pas loin derrière en 2016).
A 10h30, c'est parti à l'issue du décompte des 5 dernières secondes par le speaker qui officie en non-stop pendant tout le week-end, coup de chapeau à lui ! Et cela part assez tranquillement, comme d'habitude, malgré la distance relativement courte de ce trail. Cela m'avait d'ailleurs permis d'être en tête pendant quelques dizaines de mètres il y a 2 ans. Le peloton s'étire progressivement sur ce départ en faux-plat sur la route puis nous tournons nettement à gauche pour nous diriger vers la première difficulté de la course.
Après un début de course légèrement montant mais roulant, nous entrons après un peu plus d'un kilomètre dans la première montée raide du parcours, un véritable mur. Je me mets assez rapidement à marcher parce que j'ai l'habitude de cette rude difficulté et parce que je vois bien que les pourcentages sont importants. C'est là que la première féminine me dépasse pour la première fois, une jeune belge de 20 ans. Je trouve déjà qu'elle gère mal son effort car elle trottine avant de s'arrêter net pour récupérer et ensuite seulement marcher. Elle aurait d'après moi mieux fait de marcher tout du long. Je reste au contact.
De mon côté, je gère plutôt bien ce début de course puisque je ne m'emballe pas et j'arrive au sommet à une allure de marche très correcte vue la pente. En haut, nous pouvons relancer puis cela remonte encore légèrement en faux-plat montant. Ici, l'on court même si c'est quand même loin d'être plat mais avec la fraîcheur du début de course, il n'est évidemment pas question de marcher. Je repasse devant Ophélie, la jeune féminine.
C'est après 4 kilomètres de course que nous attaquons la première grosse descente du parcours. Prudent, j'y vais en douceur au début car je sais qu'il faut que je préserve mon énergie pour la suite. Je serais bien tenté d'accélérer un peu mais je suis raisonnable, je laisse les concurrents qui me devancent filer... jusqu'à ce que je vois passer Ophélie comme un avion ! Et là, je ne peux pas m'empêcher dans m'engager à fond dans la descente derrière elle. Ce n'est pas vraiment ma façon de courir que de gérer la descente en même temps !
Et c'est qu'elle avance sacrément bien ici la jeune belge, à grandes enjambées. Je me sens bien, je suis et, quand la pente s'adoucit un peu, alors qu'Ophélie lève un peu le pied, je file sans réfléchir, en dévalant le reste de la pente jusqu'au virage serré à gauche, après être passé devant un photographe.
C'est désormais parti pour le premier single technique de la course, le genre de portions que j'adore particulièrement. C'est notamment pour ce type de passage que je reviens sur le Trail des Fantômes. Mais là, je ne cherche pas à rejoindre les deux coureurs que j'ai en ligne de mire car je sens que j'ai mis beaucoup (trop) d'énergie dans la descente juste avant donc il faut que je récupère un peu. Personne ne revient par l'arrière donc je gère tranquillement ce passage que j'aime tout de même énormément.
C'est tout sauf plat, c'est très étroit et assez casse-pattes, voire même parfois casse-gueule... Il y a nombre de racines à éviter, des troncs à passer, au-dessus ou en-dessous. Cela serpente, à gauche, à droite, en haut, en bas, c'est génial. Il ne vaut mieux pas se retrouver derrière quelqu'un plus lent que soi ou devant quelqu'un de plus rapide car les dépassements sont dangereux voire impossibles en déplacement. Je suis isolé donc c'est parfait. Je me régale dès que c'est un minimum technique.
A la sortie de cette monotrace, nous retrouvons un chemin plus large et moins accidenté. C'est l'occasion de relancer un peu sur un passage moins fun. On approche du 7ème kilomètre de course avec une nouvelle montée mais qui se court celle-ci. Je gère mon effort. Après un virage à près de 180 degrés, je visualise sur le chemin en bas un coureur en rouge qui revient facilement sur moi puis Ophélie, qui s'arrête carrément pour récupérer. Elle n'a pas l'air bien et s'est sûrement grillée sur ce début de course.
Mine de rien, avec cette montée progressive, l'on prend pas moins de 80 mètres de dénivelé positif jusqu'au ravitaillement positionné après 7,6 kilomètres de course. L'occasion d'une courte mais nécessaire pause. En fait, c'est surtout un repère pour moi car je sais qu'ici, on en est au tiers du parcours et cette première portion, je l'ai réalisée vite, sûrement trop mais peu importe, je sais que j'irai au bout aujourd'hui. C'est une leçon très intéressante pour les courses qui vont suivre pour ce mois d'août. Je sais qu'il ne faudra pas que je m'emballe comme ça et que je sois bien plus raisonnable dans mon effort si je veux finir mon enchaînement dans les Alpes.
Je mange un bout d'orange et je repars en devançant 4 coureurs de prêt à l'assaut de la difficulté suivante. Je franchis le point intermédiaire après 41 minutes et 30 secondes, en 19ème position.
Parmi les 4 concurrents qui me suivent de près, 3 vont me dépasser définitivement tandis qu'un autre, Wiljo, un néerlandais, me passe mais provisoirement car il s'avérera que je ferai toute la course juste devant lui (je le devance d'un rien à chaque pointage intermédiaire, y compris à l'arrivée). Pendant les 5 kilomètres qui suivent, seuls 2 coureurs me dépasseront soit une gestion de course plutôt correcte, je pense.
A la sortie du ravitaillement, c'est une nouvelle belle montée qui nous attend. Je le sens donc je repars doucement. En effet, nous montons à l'altitude la plus élevée de la course, à près de 500 mètres. Je marche avec les mains sur les hanches en montée puis je relance tranquillement sur le plat. Je ne m'engage que dans les portions qui me sont véritablement favorables, lorsque c'est technique ou descendant. A un moment, je m'en rends compte mais je heurte des ronces sur la gauche à hauteur de mon bras. Cela me laissera quelques griffures au-dessus de l'intérieur du coude, rien de gênant.
Dans la montée suivante, je me fais doubler par un coureur belge à l'accent prononcé. Il s'agit d'Adrien, qui me dit un grand "bonjour" lorsqu'il me dépasse, auquel je réponds poliment, sans plus de discussion dans cette partie difficile. Une féminine nous double aussi, pas la même qu'en début de course. Je les retrouve un peu plus loin, dans une courte descente très pentue et glissante où je suis beaucoup plus à l'aise. La fille, Tahnee, nous laisse passer car elle a beaucoup de mal et d'appréhension dans ce passage technique.
En bas, je relance devant 3 coureurs désormais, dont Adrien. Nous distançons légèrement les deux autres concurrents qui nous accompagnent puis, dans une portion boisée, avant un bref passage sur la route, Adrien me rejoint en me glissant ironiquement un "plus vite, plus vite". Je lui réponds que je gère puis nous passons un bout de chemin ensemble en discutant, un passage très agréable de cette course. Comme tous les ans, malgré le fait que la course se déroule dans une région francophone, l'épreuve est majoritairement peuplée de néerlandais et de flamands. Du coup, lorsque l'on croise un wallon, ça fait plaisir.
Nous franchissons un nouveau point intermédiaire, après 13 kilomètres de course. Je pointe en 24ème position après 1 heure 12 minutes et 35 secondes d'effort.
Nous arrivons ensemble jusqu'à la première traversée de rivière de la course, un passage en plusieurs temps dans l'Ourthe. D'abord, un peu d'eau puis de la relance sur un chemin humide et étroit avant de retourner à l'eau. A gauche, cela semble moins profond mais après une hésitation, nous fonçons droit devant... Ahah, je ne m'y attendais pas mais ici, l'eau m'arrive presque jusqu'au bassin. Mais il fait chaud et l'eau est loin d'être froide donc c'est plutôt agréable.
Le plus gênant, c'est la lourdeur des chaussures trempées lorsque l'on relance ensuite. Et là, nous attaquons un slalom car nous rattrapons de nombreux concurrents du 27km. Ils sont partis une heure avant nous mais après une douzaine de kilomètres de course, nous commençons à en rejoindre un bon paquet car ils marchent. Nous nous frayons un chemin sur les côtés, c'est sportif !
En revanche, lorsque nous arrivons dans une portion ascendante, je laisse Adrien filer. Il est beaucoup plus efficace que moi et j'ai besoin de récupérer car la traversée de la rivière et les relances m'ont tout de même un peu entamé. Je gère donc tranquillement cette rude difficulté qui me fait chaque fois penser aux bosses du Circuit de la forêt de Fontainebleau mais en bien plus long. La technicité est semblable mais la longueur est supérieure !
Je relance dans la descente et c'est là que la première féminine me rejoint. Il s'agit de Tahnee, la belge qui a pris les devants depuis le passage au premier ravitaillement en passant alors devant Ophélie. Elle gère beaucoup mieux sa course à part quelques difficultés en descente technique. Elle me dépose en relançant dans la montée qui suit, sur la route, tandis que je marche.
Nouvelle belle ascension, sur la gauche puis, après un peu de descente, nous arrivons à la bifurcation entre le 27km et le 22km. Nous prenons le chemin sur la droite tandis que les concurrents de la plus longue distance du jour poursuivent sur la route vers la gauche. Là, c'est favorable jusqu'au ravitaillement de Maboge. Je ne suis pas en mesure d'accélérer mais je me sens plutôt pas mal.
Au ravitaillement, j'en profite pour marquer une pause en prenant un morceau de pastèque que je prends le temps de manger. Je sors également mon gobelet pliable du Trail du Viaduc des Fauvettes, bien pratique. Un bénévole me sert du Coca que je bois tranquillement. Cela fait du bien. Je sais ce qui nous attend donc je savoure. Il ne reste plus que 5 kilomètres de course mais pas des moindres.
En repartant du ravitaillement, je suis 27ème en 1 heure 40 minutes et 54 secondes.
C'est la troisième fois que je participe au Trail des Fantômes et, je le sais, quelque soit le format, la fin de l'épreuve est la même. En 500 mètres, nous prenons près de 150 mètres de dénivelé positif, une montée particulièrement difficile en toute fin de course. Je dépasse énormément de concurrents du 27km et même le fameux gars en rouge qui m'avait doublé dans l'une des premières montées de ce 22km. Il n'en peut plus et cela se voit.
C'est difficile mais je gère plutôt bien la montée. Je sais que le plus rude pour moi, c'est surtout la longue portion de relance en haut avant la descente finale. Près de 4 kilomètres relativement monotones qui représentent le passage que j'aime le moins sur ce parcours, tout simplement. J'ai souvenir qu'en 2015, j'y ai énormément marché, n'en pouvant plus.
Cette année, il n'est pas question de marcher, je relance. A allure modérée par contre, je commence quand même à souffrir un peu des efforts réalisés depuis le départ. Je le sais, j'ai grillé pas mal d'énergie sur les premiers kilomètres mais cela va le faire. Un gars s'arrête pas loin devant moi pour marcher alors que cela ne monte pas, je le motive à relancer en l'encourageant lorsque je le rattrape.
La partie qui suit est un peu moins pénible car en faux-plat descendant, plus favorable à la relance. Puis, en étant très régulier, j'arrive finalement relativement rapidement au panneau indiquant qu'il ne reste plus que 2 kilomètres de course, un certain soulagement. Le kilomètre suivant est assez favorable bien que peu pentu car nous retrouvons davantage les sous-bois alors que nous étions plus exposés au soleil précédemment. Cela pique mais les sensations sont bonnes, je suis satisfait de ma course.
J'atteins l'ultime kilomètre de l'épreuve. Là, nous nous engageons nettement dans la forêt dans une dernière partie technique et ludique. Je m'y engage complètement. Il s'agit d'une descente en lacets sur une terre un peu grasse. Les concurrents les moins à l'aise nous laissent volontiers passer. Nous sommes plusieurs à bien avancer ici, c'est très sympa. Je me régale.
Nous arrivons bien vite en bas de la descente où je retrouve la fameuse traversée de l'Ourthe repérée la veille et que nous avons à chaque fois. Cette année, le niveau de l'eau y est très bas. La veille, j'y ai vu quelques concurrents peu à l'aise sur les pierres donc je m'étonne de la facilité avec laquelle je franchis ce passage, franchement à l'aise. Ensuite, on sort de l'eau en grimpant un petit talus que l'on redescend un peu plus loin pour remonter immédiatement de la même manière. Je ne réfléchis pas, je fonce malgré les différentes trajectoires possibles.
De retour sur le bitume, je relance fort avant de retrouver mon allure normale pour gérer, tranquillement mais en avançant bien tout de même, les dernières centaines de mètres. Un coureur me dépasse à bon rythme mais je n'essaie pas de le suivre. Je franchis la ligne - gêné au passage par un autre David, un brin égoïste puisqu'il s'arrête en plein milieu pour poser à genoux devant le photographe (!).
Mes parents n'arrivent que deux minutes plus tard dans l'aire d'arrivée, pensant que j'arriverais ultérieurement... En effet, je suis largement en avance sur mes prévisions puisque je finis en 2 heures 14 minutes et 18 secondes pour 22,4 kilomètres et 940 mètres de dénivelé positif. Je termine 29 minutes après le premier de la course et un peu moins de 5 minutes après Tahnee, la première féminine qui a fini fort, avec une belle marge sur la deuxième. Je suis 28ème au scratch.
Pour le classement, c'est anecdotique car seuls les podiums scratch sont récompensés mais je finis 1er français (sur 25 !) et 1er concurrent de moins de 25 ans. Je profite du ravitaillement de l'arrivée avec quelques morceaux de pastèque et d'orange puis je retrouve Adrien qui a bien fini. On retourne ensuite en direction de la traversée de la rivière avec mes parents pour voir les concurrents des 3 autres courses arriver tandis que la dernière épreuve du week-end est lancée (un 10km !). Je suis pris de crampes à l'orteil et les mollets ainsi que les chevilles tirent pas mal à l'issue de la course mais je suis content de ma performance et je me suis encore bien amusé ici !