J'ai longtemps hésité avant de m'inscrire à la troisième édition de la Roue Fertoise, une épreuve à laquelle je n'ai auparavant jamais participé. Le concept est original puisque c'est une course qui se déroule sur un circuit automobile mais, par conséquent, c'est ultra plat et en plus, ce n'est pas la porte à côté. Finalement, je me décide à m'inscrire sur la courte distance, le 6km, car il n'y a aucune autre course en région parisienne à cette période de l'année et cela me tente pas mal d'en faire une dernière avant mes courses en montagne à venir ce mois d'août.
Les jours qui précèdent la course, je guette les inscriptions car j'ai remarqué que nous serions peu d'engagés sur le 6km et, en plus, il y a semble-t-il bien peu de concurrents pour le podium. Il y a bien quelques Masters que je ne connais pas dont je peux me méfier mais autrement, la moyenne d'âge est assez élevée et il y a beaucoup de féminines. Sur ce type de distance et profil, c'est assez rare que je sois devancé par une fille donc j'ai à vrai dire bon espoir de les battre. Finalement, un cadet s'inscrit puis un concurrent sérieux pour la victoire, Cyril que j'ai déjà affronté 3 fois ces 8 derniers mois (je finis peu derrière lui à la Courtrysienne et l'Armentiéroise avant de le battre à Saint-Pathus, pour quelques secondes).
Même si je reste méfiant, je le sais avant la course, mon seul véritable adversaire, c'est Cyril. Du coup, je suis très motivé car j'aimerais bien remporter ma première course au classement scratch.. ! Sauf que, veille de course, je ne me sens pas très bien le soir et je passe une nuit très médiocre avec beaucoup de difficultés à trouver le sommeil. Au réveil, ce n'est pas la grande forme.. mais je m'attendais à pire. Direction La Ferté donc, pas très confiant mais toujours motivé !
Une fois sur place, je retrouve quelques têtes bien connues. D'abord, je croise Vincent et Cyril, mes deux camarades de podium de La Courtrysienne ainsi que Marie-Gaëlle, la mère de Julie. Chacun a ses objectifs aujourd'hui. Vincent vise un sub 38'30 sur le 10km, Cyril joue la gagne sur le 6km et Marie-Gaëlle le podium féminin sur le 10. Je retrouve également Jeff que j'ai pas mal croisé sur des courses depuis sa reprise et avec qui je partage avec plaisir mes avant et après course, voire quelques kilomètres également comme récemment au Trail estival du Val de Marne. Je m'échauffe un peu à ses côtés.
Nous nous positionnons ensuite derrière la ligne de départ où tous les coureurs se regroupent. Cela fait un petit peloton avec seulement 28 engagés sur le 6km, 54 sur le 10km et 1 unique minime sur le 4km. L'organisateur de l'épreuve nous briefe sur le nombre de tours que nous avons à parcourir puisque nous débuterons la course tous ensemble mais n'aurons évidemment pas le même nombre de fois la boucle à faire. Pour le 10, c'est 6 tours, 4 pour nous et 3 pour le concurrent du 4km.
Les années précédentes, il y a eu quelques discussions au sujet de la distance exacte du circuit donc cette fois, les organisateurs ont fait mesurer la piste avec une roue donc chaque boucle fait 1740 mètres. Du coup, le départ est placé à 1300 mètres de l'arrivée pour que la distance soit exacte pour les 10 kilomètres. En revanche, elle est forcément différente pour nous donc nous aurons 6,520 kilomètres à parcourir au lieu des 6 annoncés. Cela change la donne mais je m'y attendais en ayant lu le récit de Jeff de l'an passé.
Il est 9 heure lorsque le départ de la course est donné à l'aide du décompte des secondes par l'organisateur. Les fauves sont lâchés à "zéro !". Ce sont les prétendants à la victoire sur le 10km qui prennent les devants d'entrée de jeu. Les trois futurs premiers de l'épreuve sont aux avant-postes avec... Jeff ! Il part encore bien vite, comme à La Queue en Brie il y a 2 semaines. Je suis dans sa foulée avec Cyril juste derrière moi et Vincent pas loin.
Rapidement, Jeff calme le jeu et change d'allure donc je le dépasse mais je laisse aussi passer Cyril car, ne me sentant pas en grande forme, j'ai prévu de le marquer et de voir si je peux tenir la cadence ou non. Vincent nous passe furtivement et nous ne le reverrons plus, il a de bonnes jambes et va exploser son record sur 10km aujourd'hui en 37'38. Je me cale du coup dans la foulée de Cyril. Pour l'instant, tout va bien.
Nous découvrons le parcours. Après un premier long virage synonyme du début de la course, nous avons un léger S avant une bonne ligne droite puis un S beaucoup plus marqué qui nous permet de filer vers un virage à presque 180 degrés vers la gauche. Là, direction l'arche d'arrivée de la course sous lequel nous passerons 4 fois.
Il n'y a aucun piège sur ce parcours puisque nous sommes sur un circuit automobile. Aucun trou, pas de bosse, rien. C'est hyper roulant. En revanche, nous avons du vent de face chaque fois que nous allons en direction des bâtiments. Pas un centimètre d'ombre sur le tracé mais avec ce départ assez tôt, nous ne devrions pas trop souffrir de la chaleur même si le soleil tape déjà pas mal.
Un ravitaillement en eau est placé juste avant l'arche d'arrivée. Je le zappe évidemment en ce tout début de course. Il y a également des panneaux le long du parcours avec des indications kilométriques pour les concurrents du 10km. Seul le panneau indiquant qu'il reste 1 kilomètre est vraiment parlant pour nous qui ne faisons que le 6,5km.
C'est parti pour un premier tour complet du circuit puisque nous abordons maintenant la portion que nous n'avons pas fait au premier tour. Un virage à gauche et une longue ligne droite ! Lorsque nous arrivons au niveau de la ligne de départ, nous nous faisons dépasser par Pascal, un Master 1 qui avait fini 2ème juste devant Cyril et moi aux Foulées de Saint-Pathus. Cette fois, il est sur le 10km donc nous le laissons filer sans chercher à le suivre.
Long virage sur la gauche puis, le S peu prononcé où, en voulant me replacer dans la foulée de Cyril alors que j'étais légèrement décalé sur sa droite, l'avant de mon pied heurte tout doucement son talon. Aucune incidence mais je m'excuse auprès de Cyril pour cette petite erreur de trajectoire, j'ai mal jugé la distance. Du coup, sur la ligne droite qui suit, je me redécale légèrement vers la droite pour ne pas le retoucher. Ce n'est pas les quelques centimètres de course supplémentaires que je fais qui feront la différence.
Pour l'instant, je ne suis pas trop mal physiquement et je parviens à maintenir l'allure pour coller mon adversaire mais je sens qu'il est fort aujourd'hui et que ce sera très compliqué de rivaliser. Dans le grand S suivant, deux concurrents du 10km licenciés au club de Roissy-en-Brie nous dépassent. Ils se suivent à la trace. Tellement proches l'un de l'autre que lorsque le premier se rabat, raisonnablement par rapport à Cyril, le deuxième le colle et, du coup, il le heurte au niveau des jambes, décidément ! Aucun ne perd l'équilibre donc cela n'aura aucune incidence non plus mais c'était limite.
Au passage devant le fils de Jeff armé d'un appareil photo, je suis encore bien donc je lève le pouce en l'air mais, mine de rien, cela commence à tirer un peu. C'est seulement quelques dizaines de mètres plus loin que je sens que je ne pourrai pas tenir l'allure et suivre Cyril jusqu'au bout. C'est donc logiquement que je vais progressivement me faire décramponner, sans craquer complètement mais en étant dans l'incapacité de stabiliser l'écart.
Au passage devant le ravitaillement de fin de boucle, je me suis arrosé avec le verre d'eau que l'on m'y a tendu. Je n'ai même pas essayé de boire une gorgée d'eau malgré la soif car je n'aime pas boire en courant. Je n'y arrive pas. Du coup, je ne vais certainement pas couper mon effort juste pour cela, ça attendra.
C'est donc près de la mi-course que je me retrouve esseulé sur la piste du circuit automobile de La Ferté-Gaucher. Je ne vais plus doubler ni me faire doubler par qui que ce soit à partir de là, à l'exception des concurrents attardés à qui je prends un tour d'avance.
C'est presque ce qu'il y a de plus motivant désormais, rattraper des coureurs que l'on a en ligne de mire. Mais en fait, je ne les vois réellement que lorsque je les double car, la plupart du temps, j'avance les yeux fermés ! J'ai chaud, je souffre de ce terrain qui ne m'est pas favorable, l'exercice est difficile. Les lignes droites, le bitume, ce n'est pas pour moi ! L'avantage, c'est que le parcours est tellement plat et sans obstacle que je peux n'ouvrir les yeux que pour vérifier où j'en suis de temps en temps.
C'est véritablement une deuxième course qui a débuté, celle de la résistance. Il faut que je conserve une allure correcte pour ne pas finir trop loin de Cyril, faire un chrono potable, ne pas trop subir la fin de course à allure plus lente et surtout, ne pas me faire rattraper par qui que ce soit car cela ne me ferait pas plaisir du tout après ce début de course rapide !
Finalement, les jambes répondent correctement. Je n'ai pas beaucoup d'énergie mais je ne ressens pas les petits soucis gastriques que j'ai eu de samedi soir à ce matin jusqu'à quelques minutes avant le départ. Je ne suis gêné que par la chaleur quand nous avons le vent dans le dos et le vent lorsque nous l'avons de face même s'il fait du bien au niveau de la température ressentie.
Mes pensées lorsque je termine - difficilement - ce troisième tour sont qu'il ne m'en reste plus qu'un à parcourir, il faut que je tienne bon. Sauf énorme défaillance, je ne reviendrai pas sur Cyril mais, à priori, si je garde mon rythme, je ne verrai personne me revenir dessus. Ce n'est pas le moment de lâcher même si cela devient pénible.
Une nouvelle fois, je saisis un gobelet au passage au ravitaillement et je le vide complètement sur ma tête recouverte de ma casquette Kikouroù indispensable pour me protéger du soleil aujourd'hui. Je le jette quelques mètres plus loin dans le sac poubelle tendu en permanence par un des bénévoles de l'épreuve, merci à eux !
Brève parenthèse "tenue" par ailleurs, je suis évidemment en tee-shirt (je porte celui de l'Echappée Belle) et cuissard court vue la canicule de ces dernières semaines. Aux pieds, je porte pour la première fois en course mes Kalenji Kiprun Fast que j'ai déjà utilisé lors de quelques footings. Je n'utilise plus mes Kiprun SD car elles ont fait pas mal de kilomètres et je déduis de mes douleurs de la No Finish Line de Paris en mai qu'elles n'ont plus d'amorti.
Difficile de sourire désormais lorsque je croise le fils de Jeff, au bout d'une éprouvante ligne droite. Je tiens bon mais je peine sur cette rude fin de course. J'ai toujours Cyril en point de mire, c'est l'avantage d'une course sur circuit, mais je sais que je ne le rejoindrai pas. Dans le grand S, j'aperçois Jeff qui n'est pas si loin derrière, dans la ligne droite face au vent, il tient bien aussi ! Puis, je double encore quelques concurrents et concurrentes dans l'ultime virage avant de terminer la course à grandes enjambées sous les encouragements de quelques spectateurs.
Je franchis la ligne en deuxième position, 35 secondes derrière un Cyril qui était intouchable pour moi aujourd'hui. Je boucle les 6,520 kilomètres avec un poil plus de 15km/h de moyenne en 26 minutes et 3 secondes. Je termine 53 secondes devant le 3ème mais plus de 3 minutes devant le quatrième. Je suis 2ème au scratch sur 28 arrivants. Compte tenu des conditions, je me satisfais amplement de ce résultat.
Une fois arrivé, je repars faire un tour de circuit en discutant avec Cyril pendant que Vincent finit 5ème du 10km mais 4ème senior ! Les trois premiers sont sur le podium scratch. Jeff termine lui 3ème M1 derrière Pascal et Marie-Gaëlle finit 1ère M1 et 3ème féminine avec un record personnel pulvérisé de plus d'une minute, chapeau !
Place à la cérémonie des récompenses ensuite, assez soft et un peu décousue. Le troisième du 6km est parti donc Cyril et moi sommes seuls à monter sur le podium et recevons des boissons en guise de trophées (un bon jus de pomme et un cidre locaux pour moi !). Nous sommes également décorés d'un "nez rouge" en solidarité avec "Le Rire Médecin", l'association que la course soutient et qui tient tant à coeur à l'organisateur de l'épreuve. Je fais un sacré clown !
Bon, j'aurais bien aimé un petit trophée pour compléter la collection mais c'est déjà sympa de repartir avec quelque chose et on va pouvoir profiter de ces boissons à la pomme^^
Fin d'une très belle matinée à La Ferté ! Content de ma course et ravi d'avoir revu des connaissances ! A présent, un programme bien différent m'attend avec les 3 courses en montagne qui vont animer mes vacances : j'ai hâte !
D'abord, dimanche prochain, direction la Belgique pour ma troisième participation au Trail des Fantômes, sur le 22 kilomètres cette année.
Ensuite, ce sera l'UT4M dans les Alpes avec du bénévolat et ma participation à deux épreuves : le 21km Vercors le jeudi 23 et le 42km Chartreuse le dimanche 26 ! Il me tarde...