En participant à la Corrida pédestre internationale de Houilles il y a quatre jours, le dimanche 31 décembre 2017, j'ai eu l'occasion de suivre - au beau milieu du peloton - la progression de la tête de la course populaire puis de vivre, en tant que spectateur, la course élite dite « course des as » grâce aux commentaires des deux co-animateurs de l'épreuve. Parmi eux, Harry Bignon, un passionné qui a accepté de répondre à mes questions.
Habituellement, c'est lui qui tient le micro avec, souvent, des interviews à chaud des sportifs ou des commentaires de leurs prestations. C'est donc l'occasion pour moi d'inverser la tendance en tenant aujourd'hui ce "micro virtuel" pour que l'on en sache un peu plus sur Harry et sur ce qui le pousse à animer ces manifestations sportives qui lui tiennent tant à cœur.
« J'ai accompli mes rêves d'animation. »
Tout d'abord, pour débuter l'interview, j'aimerais savoir quelle a été l'étincelle de tes débuts, qu'est-ce qui a fait que tu t'es lancé dans l'animation d'événements sportifs ?
« En 1999, alors que j’étais Champion d'Île de France 1998 de courses sur route (10 kilomètres / 15 kilomètres / Semi-Marathon), Champion d’Essonne de semi-marathon et 10 000 mètres sur piste 1998 en Junior (34’17 sur 10 kilomètres), j’ai eu une saison blanche pour problème de santé. Du coup, mon club (le COSE à l‘époque) me demande si je peux commenter exceptionnellement la course verte La Montatou à Boutigny dans l’Essonne car le speaker FFA habituel cette année coure. Je fais l’animation, le speaker FFA me repère, et me propose de devenir son back-up quand il a des doublons d’animations, c’est ainsi que l’aventure démarre ! »
Speaker sur des courses populaires parisiennes, tu animes aussi bien d'autres manifestations telles que des matches d’Handball ou bien d'autres compétitions des quatre coins de la France. Y a-t-il un domaine dans lequel tu te sembles le plus à l'aise ou bien es-tu ouvert à toutes les disciplines ?
« Je suis plus à l’aise sur les disciplines que j’ai pratiqué - Athlétisme, Triathlon, Natation, Cyclisme - mais après, tout peut se commenter, il faut juste travailler. La preuve avec mes animations en Handball, Voile (Vendée Globe 2016), Boxe, Gymnastique…. »
Par ta renommée, j'imagine que tu es régulièrement sollicité pour venir animer des épreuves. Es-tu obligé de décliner de nombreuses invitations ou parviens-tu à être disponible pour chacune ?
« Je décline plusieurs invitations par an car elles viennent en doublon avec d’autres événements. Je laisse toujours la priorité à la fidélité. Je fonctionne avec d’autres speakers, devenus de véritables amis et je propose aux organisateurs une solution de back-up pour ne jamais laisser une organisation qui me sollicite sans speaker. »
Si je ne m'abuse, tu as eu l'occasion d'animer le Vendée Globe ainsi que des trails de dimension internationale, y a-t-il des compétitions qui te font particulièrement rêver et que tu adorerais animer ?
« C’est amusant que tu me poses cette question, car il y a peu je disais justement que j’avais accompli mes rêves d’animation… Il y a 5 ans maintenant, un autre journaliste à qui j’avais accordé une interview m’avait posé la même question, j’avais alors donné mes 3 rêves d’animations : Les Templiers, La Course du Viaduc de Millau et le Marathon Nice Cannes. Les Templiers, je les commente depuis 2014, La Course du Viaduc de Millau, je l’ai commentée en 2016 et j’y retourne en 2018 et le Marathon Nice Cannes, je viens de le commenter en 2017. J’avoue ne plus avoir trop de rêve d’animation. Je me disais ces derniers jours, des animations me permettant de découvrir en voyageant : La diagonale des fous, Le Semi-Marathon de la Martinique…. Et puis avec les JO 2024, j’aimerais aussi faire partie de l’aventure ! »
« 17 ans de fidélité (...) c'est beau ! »
Je sais aussi que tu es fidèle aux épreuves qui font appel à toi depuis longtemps et j'imagine que c'est très naturellement que tu aimes revenir sur des organisations souvent assez familiales. Y a-t-il quelques organisations auxquelles tu aimerais rendre hommage en particulier ?
« Mes 3 plus anciennes épreuves, une confiance de 17 ans déjà : La course des remparts de provins, Les 20 kilomètres de Paris et Le Semi-Marathon de Boulogne Billancourt ! 17 ans de fidélité dans un sens comme dans l’autre c’est beau ! »
Harry en poste à Boulogne (en haut à gauche), aux 20km de Paris (en haut à droite) et à Provins (en bas) !
Tu vis des moments forts au micro de belles compétitions comme très récemment avec le record de France du 10 kilomètres battu à la Corrida de Houilles par le franco-suisse Julien Wanders. Quels sont tes plus grands souvenirs de sport sur le terrain ?
« Le Vendée Globe 2016 ! C’est la première fois où, à la prise de parole, l’émotion et le frisson m’ont gagnés ! 380 000 personnes qui t’écoutent ! C’est juste énorme, tu sais que des personnes s’étant produites devant autant de public sont très peu nombreuses en France : Jean Michel Jarre et Johnny Hallyday.
Des rencontres aussi, avec : Maurice Green, qui, à force de me voir en interview qu’il m’accordait systématiquement lors des meetings, était devenu un ami. Zinédine Zidane, je ne suis pas très football pourtant mais ce que cet homme dégage lorsqu’il est présent - je l’avais rencontré à l’occasion d’un événement pour ELA - c’est impressionnant ! Bailey Matthews également, ce jeune triathlète avec son père qui, malgré le handicap, va au bout de ses rêves d’être finisher des triathlons. Son arrivée a provoqué en moi la plus grande émotion vécue pour une arrivée, quelle leçon de vie ce garçon ! »
Harry au Vendée Globe en 2016 (ci-dessus) et rencontres avec Zinédine Zidane et Maurice Greene (ci-dessous) !
Tu sembles très attaché à toutes les rencontres que tu fais et aux relations que tu tisses avec les athlètes notamment, quelle est la plus belle récompense pour toi quand tu te rends sur une course ?
« Le plaisir ! Le plaisir par le sourire d’un athlète que l’on a mis en avant, Le plaisir de l’écoute des commentaires par le public, le plaisir par la satisfaction d’un organisateur d’avoir fait appel à mes services. Ma devise d’ailleurs, que je dis souvent au micro aux athlètes avant le départ c’est « N’oubliez pas, le plaisir avant tout ! » Le sport est un loisir, et un loisir doit se pratiquer avec plaisir, sinon, il faut arrêter ! Tout comme moi d’ailleurs, si je ne prends pas de plaisir à animer un événement, je n’y reviendrai pas. »
Je sais que ces derniers temps, tout n'a pas toujours été facile mais tu peux compter sur le soutien de nombreux sportifs et fans de sport. Est-ce que je me trompe si je dis que c'est la passion de ce que tu fais qui te porte pour continuer d'exercer les week-ends dans cette fonction de speaker qui te plaît tant ?
« Amusant, je découvre les questions au fur et à mesure, et j’ai en partie répondu à cette question-là juste avant… Oui, c’est le plaisir car ce n’est qu’une deuxième activité donc pas une nécessité. Si le plaisir n’y est pas, je ne suis pas obligé de prendre les contrats. »
Enfin, que peut-on te souhaiter pour 2018 ? As-tu des projets bien précis ou vois-tu plutôt les choses au jour le jour, en fonction des opportunités qui viennent ?
« On peut me souhaiter de grands moments de bonheur. La santé, parce que malgré tout, avoir mon travail comme tout le monde la semaine, et passer en plus 32 week-ends sur les terrains de sport, ça tire un peu sur le bonhomme, et il faut que la santé tienne ! »
Voilà, j'ai essayé de balayer un peu tout ce qui concerne ta « fonction » de speaker-animateur. D'ailleurs, quelle est l'exacte intitulé qui corresponde pour toi ? Comment te qualifierais-tu ?
« Je me qualifierais juste de « Passionné de sports ». »
Merci beaucoup pour tes réponses et au plaisir de te croiser sur une course ou à une autre occasion car c'est toujours un régal de t'entendre avec l'enthousiasme et le dynamisme dont tu fais preuve.
Interview réalisée par David GUEUDET le jeudi 04/01/2018
Diaporama des photos illustrant l'article, merci à Harry pour son étroite collaboration !