C'est désormais une habitude, deux semaines avant l'Oxy Trail, je me rends au Castor Fou. Cette année, je me suis inscrit un peu plus tard qu'à l'accoutumée car j'étais dans l'attente de savoir si je faisais le tournoi de Badminton de La Rochette ou non. Je n'y serai pas alors bingo, je participe à mon troisième Castor Fou en trois ans !
Le Castor Fou, c'est une course que j'adore du fait de son parcours et de son organisation dans un coin très sympathique, à Vauhallan, dans l'Essonne. C'est à un peu moins d'une heure de route en voiture. Depuis que j'y ait goûté au mois de juin 2015, je n'ai manqué aucune édition, ni de jour, ni de nuit : j'ai ainsi pris part aux deux premières éditions du Castor Garou en décembre 2015 et 2016.
Chaque fois que je viens courir à Vauhallan, je suis dans des conditions physiques assez particulières. En 2015, le Castor Fou était mon premier Trail de ce type et ma première sur cette distance donc je le finis complètement cuit en 2h46. En décembre, je prends le départ du Castor Garou 6 jours après avoir abandonné sur la Petite Origole à cause de douleurs.
L'an dernier, je m'aligne sur le Castor Fou après avoir été malade toute la semaine, cloué au lit le mercredi et le jeudi et tout juste remis pour le week-end. Après 12 kilomètres rapides avec Julien (Whadda sur Kikouroù), je termine épuisé en 2h40 en subissant les derniers kilomètres de la course. Enfin, en décembre 2016, j'attaque le Castor Garou après une journée bien chargée et encore une fois, un départ rapide m'oblige à terminer la course à la peine, en marchant pendant environ 6 kilomètres de peur de m'effondrer.
Cette année, ça y est, j'arrive enfin dans un bon état de forme au Castor Fou ! Il y a une semaine, nous allons en finale d'un tournoi en Double Hommes avec Mathieu, une bonne performance. Lundi, je fais une super sortie aux 25 bosses avec Christian et Philippe, un bon entraînement pour la course. Jeudi soir, nouvelle petite sortie avec environ 15 kilomètres pour un Off des Ponts de Paris très sympathique mais peu usant.
C'est avec un assez bon état de fraîcheur que je débarque à Vauhallan ce samedi après-midi, sur les coups de 17h00. J'anticipe toujours afin d'arriver bien en avance au cas où il y ait un soucis sur la route, pour trouver une place de stationnement pas trop loin et pas trop à l'arrache, pour avoir le temps de me préparer tranquillement et pour profiter du cadre et de l'avant-course (fin des courses enfants, départ du 12km, rencontre des kikoureurs).
Aujourd'hui, c'est avec mes chaussures de Trail Kalenji Kiprun XT5 que je vais courir étant donné l'usure de mes Salomon. Cuissard court, tee-shirt du Castor Garou, casquette Kikouroù et un litre d'eau dans la poche du sac. Je pars léger mais avec de quoi m'hydrater, indispensable puisqu'il fait plus de 25 degrés au moment de prendre le départ. Le parcours est globalement très ombragé mais les quelques portions exposées au soleil risquent d'être très chaudes car ce dernier tape bien.
Avant la course, je croise pas mal de connaissances en commençant par Julien que je vois souvent sur les courses du coin et avec qui j'ai fait la première boucle du Castor Fou l'an dernier avant qu'il ne me largue de pas moins de 16 minutes en 12 kilomètres. Nous croisons aussi doudoux qui s'aligne sur le 12km après avoir dû abandonner sur La Trifouillette l'an dernier sur blessure. En allant poser mon sac à la consigne, je retrouve Nicolas (nicou2000) que j'ai rencontré à l'occasion de la Montagn'Hard l'an passé (nous étions rentrés ensemble à l'issue de son 107km !). Enfin, popaul, Kil Lian et cloclo passent nous dire bonjour également. C'est pratique de porter un repère Kikouroù sur soi.
C'est à 18h15 que le décompte est lancé après les dernières consignes énoncées par l'organisateur de la course. Nous nous sommes placés dans la première partie du peloton pour éviter de nous retrouver trop enfermés, avec Nicolas et Julien, mais nous ne sommes tout de même pas aux avant-postes car nous savons qu'il y a 23 kilomètres à gérer et qu'il faut éviter de partir trop vite.
Cette année, le parcours est inversé par rapport à d'habitude. Ainsi, nous allons commencer par la partie la plus difficile pour terminer par la partie la plus roulante. Il faut donc garder du jus pour réussir à ne pas subir la fin de course et à continuer de courir convenablement.
En revanche, le départ ne change pas, nous avons un peu plus de deux kilomètres sur bitume avec une première bonne montée sur bitume. Progressivement, le peloton s'étire même s'il est encore très compact sur ces première centaines de mètres. Nous prenons une allure modérée sur ce début de course mais nous avançons bien. Nous entrons ensuite enfin dans les sous-bois et c'est tout de suite plus agréable pour la chaleur.
Nous avons cette fois un peu plus de deux kilomètres d'une portion plate sur un chemin relativement étroit, une bonne mise en jambes. Cette fois, tous les coureurs sont en file indienne. Le rythme est assez soutenu et c'est du tout droit en non-stop à l'exception d'une petite boucle un peu plus ludique sur la droite à un moment. Un passage un peu plus accidenté en guise de mise en bouche pour la suite de la course.
C'est donc aux alentours du cinquième kilomètre que nous pénétrons réellement dans le Bois de Bièvres à l'attaque des exigeantes montées-descentes du coin. Nous commençons d'ailleurs par une bonne descente. Nous allons passer quasiment l'intégralité des difficultés dans le même ordre avec Julien à l'avant et Nicolas derrière moi. Nous discutons de temps en temps, c'est très sympathique. Nous sommes tout de même bien dans notre course car nous n'allons pas pour autant au ralenti.
En revanche, à l'occasion d'un single qui se négocie assez rapidement, Nicolas bute sur une racine et fait une chute sans conséquence. Prudence, le sol est jonché d'obstacles. D'accord, je m'amuse à remarquer que très souvent, Julien me fait involontairement des pièges en passant près d'une branche ou en évitant au dernier moment une racine, un bâton, une flaque d'eau ou autre chose. Il faut être vigilant mais c'est finalement assez fun et je préfère autant continuer de suivre de près Julien et avoir ces obstacles à gérer que de laisser une marge entre nous pour mieux les voir.
Dès les premiers passages techniques comme les descentes assez raides ou les montées bien pentues, nous reprenons quelques coureurs que nous ne reverrons plus de la course. En revanche, rares sont ceux qui nous dépassent. Notre départ assez prudent nous permet d'avoir laissé les flèches à l'avant et de pouvoir remonter quelques places au fil de la course.
Rapidement, nous ajoutons un quatrième coureur à notre petit groupe puisqu'un local avec un maillot du club organisateur de la course (l'ES Vauhallan) nous dépasse dans une montée où nous sommes restés sagement derrière d'autres coureurs. Nous finissons donc par les dépasser pour suivre ce qui nous semble être un bon lièvre puisqu'il connaît parfaitement le coin et le parcours. Nous rejoignons aussi une des premières féminines de la course et gardons en point de mire un coureur au tee-shirt rouge de l'Eco Trail qui me semble plus irrégulier mais qui ne se traîne pas sur ce début de course.
Dans une descente, je choisis une trajectoire qui me permet de passer devant Julien qui descend un poil moins efficacement que moi. Avec mon état de fraîcheur de ces premiers kilomètres, la descente étant mon point fort, je peux bien cavaler sur ces portions qui me sont très favorables mais nous sommes encore assez regroupés donc ce n'est pas évident de dépasser du monde pour prendre mon véritable rythme. Certains coureurs me laissent très gentiment passer en sentant qu'ils me ralentissent un peu. Je continue de suivre le fameux local en bleu et blanc tandis que Nicolas et Julien sont juste derrière nous.
A l'occasion d'une nouvelle descente assez technique, je sème un peu Julien alors que Nicolas s'accroche bien. En me retournant pour vérifier si notre compagnon d'aventure, vêtu d'un tee-shirt jaune Waa bien repérable, revient, je bute à mon tour sur une racine. Je ne tombe pas mais je pose les mains au sol pour éviter la chute et je repars immédiatement mais c'est un nouvel avertissement : il faut regarder devant soi ! Pas de conséquence, je vérifie que le poignet n'a rien, ça va aller ! A peine de minuscules égratignures dans la paume de la main et strictement aucune douleur, ouf.
Nous continuons d'enchaîner les sympathiques montées-descentes de ce bois et je me fais la réflexion que le fait de démarrer par ces difficultés permet de les subir beaucoup moins. De plus, j'ai de bonnes sensations et je suis bien accompagné donc c'est un régal. Je me sens bien, nous avançons pas mal et les kilomètres défilent. Nous finissons par rattraper le coureur au maillot rouge de l'Eco Trail dans une montée que nous passons en courant... L'occasion de charrier Julien qui nous annonçait en début de course que sa religion lui interdisait de courir en montée ! Tu parles, nous les passons presque toutes en trottinant maintenant. C'est assez difficile car il y a peu de temps de repos mais je l'assume plutôt bien.
Vers le dixième kilomètre, nous revenons à proximité du village et nous revoyons du monde, principalement des familles des coureurs qui nous encouragent, c'est chouette. Nous bénéficions également tout au long de la course de quelques mots de la part des bénévoles au top. De même, le balisage est juste parfait, l'occasion pour moi de féliciter l'organisation de la course qui est vraiment irréprochable.
Là, nous dévalons une pente assez courte mais très raide... Etrange, cela sent la remontée du même genre et bingo, c'est le cas. C'est drôlement pentu et cette fois, impossible de courir. Nous avons depuis un moment retrouvé notre ordre de début de course avec le local devant puis Julien, moi et Nicolas qui nous suit. Petit moment de gloire super sympa pour lui au sommet de cette bosse puisque c'est là qu'il retrouve sa femme et ses filles, venues l'attendre. Les encouragements sont à foison pour lui, c'est chouette. Du coup, nous prenons un peu d'avance sur lui mais il finit par revenir tranquillement.
Nous attaquons désormais une portion plus roulante, sur les hauts de Vauhallan. L'occasion de voir quelques bien belles maisons situées dans le coin. Nous empruntons des chemins étroits mais peu vallonnés avant de se retrouver dans un passage beaucoup plus accidenté et particulièrement ludique. Petites descentes, petites montées, cela s'enchaîne bien. D'habitude, nous faisons cela en fin de course quand nous sommes bien fatigués. Là, cela va encore plutôt pas mal donc c'est très amusant. Nous suivons deux nouveaux coureurs que nous avons rattrapés après avoir perdu le local à l'occasion du premier ravitaillement de la course. Nous ne le reverrons plus mais c'est cool d'avoir pu compter sur lui devant nous pendant quelques kilomètres.
C'est vers le douzième kilomètre que nous finissons par quitter le Bois de Bièvres, à l'assaut d'une deuxième partie de course moins exigeante... Enfin, ce n'est pas tout à fait ce que je dirais car il y a effectivement moins de difficultés et de pentes raides mais le parcours est assez difficile quand même, surtout placé en fin de course. Je suis assez surpris que toute cette première partie soit passée aussi vite et aussi facilement. Je me sens bien mais je suis méfiant car je sais qu'il nous reste 11 kilomètres à parcourir et que cela peut très vite paraître très long. Nous rejoignons le parcours du 12km.
Nous attaquons la partie la plus pénible de la course avec le passage en plein milieu des champs, très exposés au soleil. Heureusement, il est 19h30, cela tape moins mais il fait quand même chaud, près de 25 degrés encore à cette heure-là. Comme depuis plusieurs kilomètres, nous continuons de dépasser du monde. Julien m'emmène à un rythme très efficace et il accélère même bien sur les portions les plus roulantes. Du coup, nous lâchons sans trop nous en rendre compte Nicolas qui ne parvient pas à s'accrocher à notre allure assez soutenue. De mon côté, je suis parfois à la limite de la rupture mais je sais que j'ai encore de l'énergie et cela va mieux à certains moments donc je ne lâche rien, au mental.
Après une première partie plate dans les champs, nous attaquons un faux-plat montant sur la droite puis nous rejoignons la route après quelques zigzags sympathiques dans l'herbe le long des champs. Cette partie de course, je la subis énormément d'habitude, c'est ici que j'explose complètement alors qu'il ne reste que quelques kilomètres à parcourir. Je marche dans les faux-plats sur bitume, je me souviens avoir passé de mauvais moments par-ici. Cette année, ce n'est pas le cas, il nous reste encore près de 10 kilomètres à faire et je tiens bon.
A plusieurs reprises, pendant les kilomètres qui vont suivre, Julien va me demander si je veux passer devant lui et partir, comme si j'avais la capacité de lui mettre une mine. Mais ce n'est certainement pas le cas et même si j'ai encore de bonnes jambes, je sais que si je laisse quelques longueurs d'avance à Julien, je suis capable d'exploser complètement et de finir très péniblement la course. C'est pour cela que je m'accroche et nous continuons d'avancer ensemble, à un rythme parfait. J'ai trouvé mon meneur idéal aujourd'hui.
Cependant, un peu plus loin, je sens que Julien baisse légèrement en intensité. Ses relances sont moins nettes et il gère les petites montées en sous-bois avec un peu moins de rythme. Sur le coup, cela me fait du bien car je peux reprendre un peu de force puisque cela fait quelques kilomètres que je suis franchement à la limite. Je me sens retrouver davantage d'énergie. Je reste derrière mon partenaire d'aventure qui continue quand même de bien avancer. Le parcours est un peu moins fun sur cette deuxième partie de course mais cela reste très agréable car il y a souvent des petits chemins vallonnées, nous retrouvons régulièrement des portions ludiques bien que ce soit très roulant.
A l'occasion d'une petite côte sur bitume et alors que nous sommes isolés du reste de la course, Julien éprouve le besoin de marcher alors que le reste du temps, il ne se serait pas arrêté de trottiner ici. J'en profite pour prendre les devants et continuer de courir de mon côté, en espérant qu'il parviendra à me suivre. J'avance, sans trop réfléchir, mais je surveille mes arrières et c'est avec plaisir que je vois Julien revenir peu à peu et ce dernier finit par remonter à mon niveau sur une portion plus plate. J'ai réussi à le tirer un peu et nous allons pouvoir finir la course ensemble, ce serait bien dommage que cela se passe autrement.
Il n'y a pas grand chose à raconter sur la suite de la course. Nous avons zappé le deuxième ravitaillement comme nous avions zappé le premier, nous avançons à deux en reprenant régulièrement des coureurs à la peine et nous dépassons pas mal de monde sur l'ensemble de cette deuxième partie de course. Seul un coureur qui finit fort nous dépasse mais autrement, c'est une petite partie de pac-man à laquelle nous nous sommes livrés. J'ai globalement de bonnes sensations et malgré des passages plus durs et éprouvants, je m'accroche bien à Julien et notre avancée ensemble nous profite à tous les deux, chacun se motivant par rapport à l'autre, nous nous poussons mutuellement.
Finalement, nous arrivons sans trop de mal dans les derniers kilomètres de la course. Quelques dernières petites remontées animent la fin de parcours mais c'est globalement plus favorable et nous pouvons bien dérouler pour finir ensemble après 2 heures 09 minutes et 33 secondes de course l'un avec l'autre. Une superbe aventure qui m'a permis d'apprécier encore plus que d'habitude cette course que j'aime tant en adoptant une très bonne allure et en réalisant un chrono assez inespéré. Nous sommes partis avec l'idée de finir en un peu moins de 2h30 et nous faisons bien mieux. Nous avons franchi la ligne ensemble aux 67 et 68èmes rangs sur 333 arrivants, un bon résultat pour cette course toujours relevée. Nicolas termine 78ème trois petites minutes après nous. Nous terminons peu derrière les trois premières féminines de la course.
Le ravitaillement d'arrivée fait du bien puis il est temps de rentrer avec cette très bonne sensation d'avoir géré la course comme il le fallait. Dans deux semaines, je serai sur l'Oxy Trail soit la même distance de course mais avec bien moins de dénivelé. La performance du jour est très encourageante dans cette optique. En revanche, dimanche prochain, ce sera Badminton avec le Tournoi de St Maur en Double Hommes D7-D8 associé à Franck (Vaires). J'ai de bonnes ambitions pour les deux week-ends à venir !
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