Pour raconter mon vécu de cette course, je ne sais par où commencer tant j'ai sur le coup de choses qui me traversent l'esprit. Ma première course dans les Yvelines, mais surtout mon premier abandon... Allez, je vais faire comme à mon habitude et y aller chronologiquement.
Nous sommes le dimanche 6 décembre, 15 jours après ma dernière course (La Pontoise). Réveil à 5h30 afin de pouvoir être sur place peu après 07h00 étant donné que La Petite Origole se déroule au Perray-en-Yvelines (78). Une bonne heure de route avant de pouvoir récupérer mon dossard, le numéro 12. Le départ de la course est prévu pour 08h30. La forme est correcte, difficile à jauger mais je n'ai pas de pépins. C'est donc parti pour un Trail d'environ 31 kilomètres pour 600 mètres de dénivelé positif. Les 6-7 premiers kilomètres sont très roulants avant un enchainement de bosses sur toute la suite du parcours. Je retrouve au départ Arnaud, mon coéquipier du Relais du Tremblay, accompagné de Philippe et Guillaume. Le premier des deux derniers cités part comme une flèche et finit évidemment 1er V2, comme à son habitude. Je commence personnellement donc la course aux côtés d'Arnaud. Cela part bien vite, pas étonnant vu que c'est plat. Je suis l'allure mais je sais que je baisserai assez vite en intensité. Je reste donc quelques kilomètres avec Arnaud avant de le laisser partir lorsqu'il double deux coureurs que je préfère suivre un peu avant de les passer.
Quelques minutes plus tard, un autre kikoureur me rejoint. Je suis facilement reconnaissable puisque j'ai enfilé mon t-shirt Kikourou pour la première fois en course aujourd'hui, sachant que de nombreux membres du forum participent à la petite Origole. Il s'agit de Nono92 avec qui je vais faire quelques kilomètres également, mais toujours à une bonne allure que je sais que j'aurai du mal à suivre d'autant que je sens clairement qu'il se retient d'accélérer, il a l'air d'être bien en forme ! Moi ça va mais sans plus, je suis plutôt en mode gestion. Je m'accroche donc, nous croisons lemulot, autre kikoureur mais signaleur aujourd'hui. Je sais qu'en le voyant, on est sur le point d'attaquer les premières difficultés. Les 2-3 premières bosses passent bien puis je laisse filer Nono bien plus en jambes que moi et je ralentis progressivement. Pendant une portion, je me retrouve même absolument tout seul, alors qu'il y a tout de même beaucoup de coureurs derrière moi, nous sommes partis dans le premier quart de la course. Et c'est un peu plus loin, sans doute vers le quinzième kilomètre, que le calvaire commence pour moi.
Je vais essayer d'être assez clair et précis même si cela ne m'est pas évident. La douleur arrive sans mauvais mouvement, pas sur un contact particulier, elle intervient progressivement. Je ressens tout d'abord une gêne au niveau de l'aine à la jambe gauche. Je peux continuer à courir mais en serrant les dents. Je continue un peu puis je commence à ralentir plus nettement jusqu'à aller vraiment doucement, au ralenti. La gêne est douloureuse à l'aine et je la ressens aussi sur l'extérieur de la jambe, dans le bas de la hanche. J'alterne marche et relances, j'étire un peu, j'essaie de continuer, de voir si cela peut passer. Mais cela empire. Je n'avance plus, j'ai mal et le moral prend un sérieux coup. C'est au 20e kilomètre environ que je finis par jeter l'éponge auprès d'un signaleur qui contacte la Croix Rouge. Quelques centaines de mètres avant, j'avais déjà failli m'arrêter mais essayant de m'étirer, j'ai remarqué que la signaleuse ne prêtait pas du tout attention à moi. Je ne lui en veux pas car je ne suis pas allé la voir mais à ce moment là, j'ai préféré repartir mais en vain. J'ai essayé de trottiner, impossible de tenir. Je me suis arrêté puis j'ai marché en laissant passer les coureurs jusqu'à ce que j'arrive au bas de la descente où se trouvait le signaleur suivant qui m'a pris en charge. Certains coureurs l'avaient déjà mis au courant que j'allais arriver.
Cette course sera donc forcément un mauvais souvenir malgré une bonne allure de départ, tout de même 20 kilomètres de parcourus, de bonnes portions faites avec Arnaud et Nono mais un premier abandon, dans la douleur, c'est forcément décevant. J'ai pris un coup psychologique assez fort, j'ai craqué complètement en sachant bien que je n'étais plus capable de finir la course. Mais si je dois retenir une chose de cette petite origole, c'est l'incroyable disponibilité et attention des coureurs qui m'ont dépassé. Tout le monde est dans sa course, certains galèrent fortement, surtout que j'ai été dépassé par de très nombreux coureurs le long de ma marche finale. Mais il y en a tellement qui m'ont glissé quelques encouragements, qui m'ont demandé si cela allait, qui se sont arrêtés à mon niveau pour m'aider si j'en avais besoin. Il y en a beaucoup qui m'ont questionné sur mes besoins, sur mon problème, j'ai senti un soutien fort de la part de véritables inconnus. Et évidemment, il y a ces kikoureurs qui m'ont soutenu également en reconnaissant mon t-shirt de la communauté. J'ai dis à chacun de poursuivre sa course, en glissant des remerciements mais je n'ai pas pu exprimer tout mon plaisir que d'être soutenu de la sorte dans ce dur moment. Tout cela est à relativiser, je n'ai rien de grave et ce n'est malheureusement qu'un abandon parmi tant d'autres en course à pied mais c'est une expérience assez émouvante, se sentir porté, plus ou moins adroitement, quand le physique lâche et que la tête craque. C'est malheureux que cela arrive sur un abandon mais cela a été pour moi l'occasion de découvrir cette solidarité entre coureurs. Une solidarité qui me rappelle celle de mon seul autre déplacement dans les Yvelines d'ailleurs, après ma crevaison en VTT à Montigny-le-Bretonneux... Mon seul autre abandon aussi dans mon histoire sportive. À croire que le 78 ne me porte pas chance mais pour vérifier, il faudra bien que j'y revienne.
La suite, c'est un retour au gymnase de l'aire de départ dans le véhicule de la croix rouge et un retour au bercail en attendant d'aller consulter un médecin pour établir un diagnostic et peut-être avoir quelques séances d'ostéopathie que la croix rouge m'a conseillé vu que ma douleur est semble-t-il musculaire. Je risque donc d'être forfait pour le Castor Garou de samedi, à moins que...
Pour l'anecdote, je suis allé voir jeudi soir, là encore avec quelques membres du forum Kikouroù, le spectacle humoristique de Yohann Metay qui raconte l'histoire d'un coureur réalisant l'Ultra-Trail du Mont-Blanc... Son nom ? La tragédie du dossard 512. Bon il y a un 5 de trop mais à peu de choses près..